A l'occasion des 15 ans de Nonfiction, Damien Augias, coordinateur du pôle politique, revient sur sa relation avec le site.

Pouvez-vous vous présenter ?

Après mes études à Sciences Po Paris, je suis devenu administrateur territorial (cadre dirigeant de collectivités territoriales), en poste successivement dans deux mairies de région parisienne, avant de rejoindre la fonction publique d’Etat, en tant qu’administrateur civil, à la Caisse des Dépôts, à Paris puis à Strasbourg à partir de 2017. En parallèle, j’enseigne l’aménagement et la gouvernance des territoires à Sciences Po (Paris puis Strasbourg), au CNAM et dans différentes Universités (Cergy, Strasbourg) depuis plus de 10 ans et, dans la continuité de ces activités académiques, je suis devenu plus récemment membre associé au laboratoire SAGE (Sociétés, acteurs et gouvernement en Europe), unité mixte de recherche rattachée au CNRS. Par mes fonctions, mon expertise et mon intérêt pour les questions de politiques territoriales, je me suis ainsi spécialisé et j’ai rédigé plusieurs manuels, articles et contributions à des ouvrages collectifs dans mon champ de compétences (politiques publiques, urbanisme et aménagement).

Quand et comment avez-vous croisé la route de Nonfiction et quelle est votre contribution à Nonfiction ?

Cela s’est fait par l’intermédiaire d’un ami, Nicolas Séjour, qui était, il y a plus de 10 ans, coordinateur du pôle économie de Nonfiction, jeune site dont j’avais déjà entendu parler. Il m’a mis en relation au printemps 2011 avec Pierre Testard, qui était alors rédacteur en chef, que j’ai rencontré (à l’époque, Nonfiction était logé par la Fondation Jean-Jaurès, à la Cité Malesherbes à Paris-9e) et qui m’a tout de suite fait confiance, d’abord en me laissant rédiger plusieurs comptes-rendus d’histoire contemporaine et de science politique, puis en me proposant la responsabilité, l’année suivante, du pôle politique, tout en me demandant de rédiger des chroniques au moment de la campagne présidentielle de 2012. C’était une période où Nonfiction organisait avec la Fondation Jean-Jaurès la « Cité des Livres », à la Cité Malesherbes, et il m’est arrivé d’y participer (je me souviens de la présentation des livres de Robert Badinter ou de Jean-Noël Jeanneney, dont j’avais rédigé les recensions).

Ces plus de 10 années ont passé rapidement et m’ont permis à la fois de coordonner les contributions de rédacteurs d’horizons divers, de partager de nombreuses lectures et de rencontrer des auteurs, qu’ils soient universitaires, journalistes, élus ou experts et témoins. J’ai voulu dès le départ concevoir le pôle politique comme une porte d’entrée de la science politique (en tant que science sociale) pour les citoyens souhaitant approfondir le sujet, plutôt qu’une revue d’actualité des livres des acteurs de la vie politique française (ce qui était auparavant le prisme du pôle politique de Nonfiction sur ses cinq premières années). Cela permet notamment de parler d’ouvrages qui n’ont que peu d’écho dans la presse généraliste.

Qu'est-ce qui vous plaît dans Nonfiction ?

La liberté laissée par la rédaction pour investir des sujets et des publications selon nos envies. Plus généralement, le sens du collectif et l’engagement associatif (tous les responsables de pôle et contributeurs réguliers sont membre du Conseil d’administration). Il y a à la fois beaucoup de rigueur et d’exigence (avec une relecture toujours intelligente), ainsi que de la curiosité intellectuelle, dans un esprit très ouvert et sans sectarisme. Et, par le hasard de nos parcours, nous nous sommes retrouvés à Strasbourg avec Benjamin Caraco, que j’avais déjà croisé lors des réunions de Nonfiction à Paris, avant qu’il ne prenne la co-responsabilité de la rédaction avec Pierre-Henri Ortiz. Nous avons désormais très souvent l’occasion de nous voir et d’échanger avec Benjamin. Il s’agit donc aussi d’une histoire d’amitié(s).

Quels sont les articles (ou les entretiens) dont vous êtes le plus fier ?

Une rencontre assez exceptionnelle avec Edwy Plenel dans les locaux de Mediapart. 

Un entretien avec Rémi Lefebvre sur les primaires de 2011, à une époque où il pensait (à contre-courant) que cette pratique allait assécher le militantisme et tuer les partis …ce qui a fini, peu ou prou, par arriver.

Une recension que l’on peut lire un peu comme une mise en abyme à propos du « livre politique »

Un peu de sociologie de la gentrification urbaine, non sans effets politiques.

Une critique de la vision trop caricaturale des fractures territoriales françaises de Christophe Guilluy.

Un entretien mémorable chez Loïc Blondiaux.

Et, pour finir, un travail remarqué de sociologie rurale, à propos de ses implications politiques.