Alors que les échéances électorales se rapprochent, les think tanks n’ont plus qu’un objectif : peser sur les programmes des différents candidats à la présidentielle. A droite comme à gauche, chacun se range en ordre de bataille. 

 

Jean-François Copé a annoncé mardi dernier la création d’un conseil des clubs politiques et think tanks qu’il présidera. Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, en sera le délégué général, en charge du projet. Cette structure a pour but d’unifier la nébuleuse des clubs, cercles de réflexion et think tanks en tous genres qui veulent nourrir les idées de campagne de la droite dans les 18 mois à venir. Elle réunira selon l’UMP : le Cercle Nation et République   , le Cercle Turgot   , les Démocrates et Populaires   , Dialogue et initiative   , la Fondation Concorde   , la Fondation pour l’Innovation Politique, la Fondation Robert Schuman, France.9   , France République   , Génération France   , l’IFRAP   , l’Institut Economique Molinari   , l’Institut pour la Justice   , l’Institut Turgot   , la Droite Populaire   , la Droite sociale   , le Chêne   , la Droite rurale   le Club 89   , le Labo des idées   , le Nouveau Siècle   , les Progressistes   , les Réformateurs   , Nouvelle République   , Nouvelle Société Civile   , Réforme et Modernité   , Idees.fr   , le Club des droits de l’homme   , l’UJP (Union des Jeunes pour le progrès), le CERU (le centre d’études et de recherches du syndicat étudiant UNI), la Fondation Konrad Adenauer   , le FAES   et le Cercle d’Outre-Manche  

 

Seul l’Institut Montaigne a refusé de rejoindre ce cercle au nom de son indépendance : "Notre think tank n’a pas vocation à participer à une opération menée par un parti politique. Si M.Copé nous invite à débattre d’un sujet, nous irons volontiers, mais nous ne pouvons pas être intégrés dans un conseil", affirme son directeur, Laurent Bigorgne, dans Le Monde. Qu’ils soient de véritables think tanks, des cercles de réflexions disposés autour d’un ministre ou la représentation d’un courant de l’UMP regroupant plusieurs députés, ces entités cherchent surtout à faire exister ceux qui les ont créés. Sans négliger le fait qu’elles permettent aussi de multiplier les sources de financement de l’UMP. L’initiative de Jean-François Copé vise-t-elle donc à rassembler une famille politique qui s’est fissuré au fil du temps et a mis en péril l’ambition première de rassemblement de l’UMP ? A l’heure où les centristes de la majorité cherchent leur voie, la question est légitime. 

 

Rester en dehors des appareils partisans ou s’y intégrer, voilà le problème qui se pose aussi à gauche. Car il s’agit d’occuper l’ensemble du front des idées, en s’inspirant du travail mené à bien par Emmanuelle Mignon, la tête pensante de Nicolas Sarkozy en 2007   . Le Laboratoire des Idées, créé en 2009 au sein du Parti socialiste doit servir, selon son président Christian Paul   , de "hub" ou de plateforme pour confronter et travailler les idées produites à gauche, à travers sa propre structure ou ailleurs, à la Fondation Jean-Jaurès, à Terra Nova ou sur des sites Internet comme La Vie des Idées et Nonfiction.fr. Depuis deux ans, il a lancé 27 groupes de travail, axés notamment sur "la transformation de l’Etat et le nouveau modèle de société." Là où la droite se débat pour rassembler libéraux, conservateurs, centristes et ex-progressistes, la gauche s’appuie sur une culture de débat plus démocratique, participative et ouverte. Le défi pour elle sera de faire la synthèse des propositions les plus pérennes qui émergent de ces lieux de réflexion en vue de la convention du projet du PS, qui aura lieu le 28 mai. Comme Christian Paul le rappelle au Monde, "la gauche est moins interrogée sur ses valeurs que sur ses réponses pratiques."

 
 
 

Pour aller plus loin : 

 

* Pierre Jaxel-Truer et Sophie Landrin, "Faut-il avoir son think tank pour gagner la présidentielle ?", Contre-enquête, Le Monde, 20 janvier 2011. 

 

* Julian Chabrout, "Pour 2012, Copé lance la "boîte à idées" de l’UMP", lexpress.fr, 18 janvier 2011. 

 

* Le dossier de Nonfiction sur les think tanks français

 

* "Quels sont les think tanks les plus influents au monde ?", par François Quinton. 

 

* L'interview d’Emmanuelle Mignon : "La machine à idées de Sarkozy"