« Assad ou on brûle le pays », proféraient ses partisans en 2011. À Idlib, le régime veut finir le travail.

En mars 2011, avec mon groupe de l’École du Louvre, nous nous sommes arrêtés à Maarat al- Nouman, au sud de la région d’Idlib. Un jeune chercheur syrien a partagé avec nous la vision du paradis qui s’exprimait dans les mosaïques romaines et byzantines réunies au musée. Installé dans un ancien caravansérail sur la route de la soie, ce musée a été en grande partie détruit depuis. À la sortie, je remarque un portrait en mosaïques de Hafez Al Assad, le père du président actuel. Depuis le début du voyage, j’ai renoncé à compter ses portraits, encore moins ceux de son fils… Les statues qui ont été déboulonnées au début du soulèvement sont aujourd’hui remplacées pour faire croire à un retour à la « normalité ».

 

Idlib « la verte » est le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Avant-guerre, la majeure partie des habitants d'Idlib vivait de l'agriculture ou travaillait à Alep, à une soixantaine de km. Les terres des environs d'Idlib, très fertiles, produisaient primeurs, céréales, olives, sésame et coton. Pour autant, la prospérité n’était pas forcément au rendez-vous. Des villes comme Deraa et Idlib ont été laissées à l’abandon par le régime après la libéralisation de l’économie, nous avait appris le démographe Youssef Courbage en mai 2012, rappelant que Damas, Alep et Homs drainaient à elles seules 50 % des investissements en Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, rencontré en février 2019, abonde dans le même sens : le gouvernorat d’Idlib, comme les districts campagnards du gouvernorat d’Alep étaient sous-développés avant 2011.

La ville d’Idlib en contre-bas d’une route de montagne qui traverse le pays alaouite, fief des Assad et conduit vers Lattaquié sur la côte méditerranéenne, Jamen Schahoud ©CC, 2009

 

L’esprit de Kafranbel

Bon nombre de Syriens tombent des nues, quand ils entendent parler, au début du soulèvement, des petites villes de Kafranbel (15 000 habitants ou de Saraqeb (le double). Dès avril 2011, raconte Rania Samara, traductrice littéraire, une première affiche publiée par le bureau des médias de Kafranbel est dédiée aux enfants de Deraa, à l’origine du soulèvement. Deux ans plus tard, on en compte près de 700. Derrière cette production, il y a trois personnes : Ahmed Jelal dessine, Raed Fares, écrit et une jeune femme, Iman, signe. Chaque jeudi soir, ils déterminent le thème qu’ils veulent monter en épingle le lendemain au cours des manifestations du vendredi puis ils détruisent leurs banderoles à la fin de la manifestation car ils se savent en danger. Les Syriens de l’intérieur se mettent à attendre leur production de la semaine suivante, les Syriens de la diaspora aussi, les dessinateurs de presse et les gens curieux du monde entier également. En 2011-2012, ils signent Kafranbel occupée, après Kafranbel libérée… Ils se sentent les ambassadeurs d’une Cité-État.

Leur force, c’est de s’appuyer sur des analyses géopolitiques très fines et de parler au monde occidental en empruntant certains de ses codes. Exemple : une référence au célèbre "I have a Dream" (« J'ai un rêve ») de Martin Luther King   , décliné en août 2012 dans une affiche en trois langues – allemand, anglais, français. Ecrite par Nicolas Hénin, le journaliste français, plus tard kidnappé par l’organisation État islamique à Rakka en juin 2013 et libéré avec trois autres otages français, en avril 2014, l'affiche vaut à l’équipe de caricaturistes beaucoup d’ennuis : Daech terrorise la ville jusqu’à la mi-2013. Les habitants supplient les deux artistes d’arrêter les manifestations pour sauver ce qui peut l’être de cette ville rebelle devenue la cible incessante des bombardements du régime.

Raed Fares avait été victime d’une tentative d’assassinat en 2014 puis enlevé en 2016, à la station de radio Radio Fresh FM qu’il avait créée. En novembre 2018, il n’a pu échapper à des hommes armés qui l’ont abattu à bout portant à Kafranbel. Il avait toujours voulu y revenir après les voyages à l’étranger où il montrait le visage pacifique du mouvement citoyen qu’il incarnait. « Raed refusait d’abandonner, face au régime et aux islamistes. Il disait : “Pourquoi les gens qui rêvent d’une Syrie meilleure devraient-ils quitter leur terre ?”, rapporte Yara Bader, directrice du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, aujourd’hui en Allemagne. Dans ses projets, à la créativité inouïe, il voulait maintenir l’esprit de la révolution.  »   . Ses sympathisants le surnomment « la conscience de la révolution syrienne ».

 

Les murs de Saraqeb

À 40 km de là, près de la ville antique d’Ebla, Saraqeb, connue dans la région pour la culture du coton, se soulève dès le printemps 2011. Elle exprime sa révolte à travers des graffitis. La page Facebook Les murs de Saraqeb attire une communauté de plus de 15 000 personnes. Un documentaire, présenté à Paris en 2015, Lovers’Notebook [Journal des amoureux] raconte l’aventure des habitants qui écrivent de nuit graffitis, slogans, noms des martyrs, textes divers sur les murs de la ville et tente une analyse de leurs messages à l’époque de la révolte pacifique comme après son échec. Les murs sont la mémoire de ce qu’ils ont traversé, le journal de leur révolution. À la même époque, Sadek Abdul Rahman, responsable des pages en arabe du site d’information Al-Jumhuriyya, montre comment la ville a dû combattre à la fois les troupes du régime et celles de Daech : des habitants ont fui ; des familles de déplacés sont arrivées. « Elles logent sans contrepartie dans les maisons vides  », rapporte-t-il. « Les accueillir gracieusement est une question de devoir, qui ne se discute pas. » Plus tard, en juillet 2017, il relate les conditions dans lesquelles se tient l’élection au suffrage universel du Conseil municipal, malgré la présence aux alentours des groupes armés   .

Le site Mémoire créative de la révolution syrienne a archivé, depuis décembre 2011, 1095 documents pour la région d’Idlib dont 209 sur Kafranbel et 427 sur Saraqeb. Pour donner une plus grande visibilité à ce patrimoine artistique et humain exceptionnel, l’équipe du site, animée par Sana Yazigi, graphiste de formation   , lance un nouveau projet Les murs d’Idlib... qui présentera dans une frise chronologique tous les graffitis d’Idlib, en commençant par les peintures murales de Saraqeb, soit au total plus de 360 œuvres.

 

Le refuge des déplacés n’en est plus un

Avant le soulèvement, la ville d’Idlib compte 160 000 habitants et le gouvernorat 1,3 millions d’habitants. Depuis les déplacements forcés de population en provenance de Homs, en 2014, de la région de Damas (Daraya en 2016 et la Ghouta en 2018), d'Alep fin 2016 et de Deraa en 2018, à la suite d’accords négociés entre régime et rebelles, l’ONU estime la population globale de la province à trois millions de personnes. Les déplacés reprennent leur souffle comme en témoignent les clichés du journaliste Tim Alsiofi, originaire de Douma et les textes pleins de poésie du rappeur et écrivain Hani Al Sawah, originaire de Homs dans Salutations d’Idlib   .

Salutations d'Idlib, Tim Alsiofi ©CC

 

Au printemps 2018, le bulletin du Comité Syrie Europe, dresse un tableau de la situation dans la région, dominée par les djihadistes, où la résistance des populations prend de nombreuses formes. Dans l’étude Combattre les djihadistes avec des armes inhabituelles, le chercheur syrien Haïd Haïd décrit les tactiques utilisées par les groupes de la société civile pour résister à Hayat Tahrir al-Sham [Organisation de libération du Levant, HTS, ex-Front al-Nosra], en les comparant à celles utilisées contre Daech [acronyme arabe du groupe État islamique, EI] et contre le régime d’Assad. « Les structures civiles à Idlib sont multiples et ceux qui travaillent à les renforcer attaquent le terrorisme non pas comme un symptôme, mais à ses racines mêmes, alors que le régime lui ne fait que le renforcer. »

Rappelons que le Front al-Nosra avait prêté allégeance à Al-Qaida en 2013 et avait changé de nom pour devenir Hayat Tahrir Al-Cham quand il a rompu avec la maison mère en 2016. Selon les sources, l’organisation compterait 20 000 à 30 000 hommes dont des combattants étrangers. Le gouvernement de salut qu’il a installé à Idlib administre l’état civil et les services publics et cherche à étendre son influence dans les villes et les villages où coexistent encore parfois un Conseil local élu aux beaux temps de la révolution et une Assemblée mise en place par HTS, nous précise Akram Al Ahmad, directeur du Centre de presse syrien (SPC) de passage à Paris le 20 juin.
En septembre 2018, la Russie et la Turquie se mettent d'accord à Sotchi sur une zone démilitarisée à Idlib, à la lisière de la dernière zone de désescalade encore aux mains des rebelles. L’accord apporte un répit de quelques mois aux populations. Mais les djihadistes refusent de se retirer de cette zone tampon et le régime continue de mener des frappes à l'artillerie, plus régulières à partir de février 2019, dans le sud de la province. Les bombardements sont quasi quotidiens depuis le 26 avril.

 

Un printemps meurtrier

De nouveau, les infrastructures civiles sont prises pour cibles : marchés, écoles, hôpitaux…tuant soignants, secouristes et habitants à Kafranbel, Saraqeb, Khan Cheikhoun, Maarat al-Nouman où j’avais admiré les mosaïques grecques et byzantines au musée… Pour pousser les paysans à fuir et affamer la population à terme, les frappes aériennes visent aussi la moisson de blé et d’orge qui s’annonçait bonne, selon une stratégie de la terre brûlée pratiquée depuis 2011   . À défaut d’agir, l’ONU enregistre le nombre des victimes. « Sur les six dernières semaines, précise une dépêche AFP du 19 juin, diffusée à l’issue d’une énième réunion d’urgence du Conseil de sécurité à New York, plus de 230 civils ont été tués, dont 69 femmes et 81 enfants, a précisé Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires. Depuis le 1er mai, 330 000 personnes ont fui leurs maisons pour gagner la frontière avec la Turquie, 37 écoles et 26 établissements médicaux ont été touchés par des tirs  ». Les chiffres fournis par le Réseau syrien des droits de l’homme (SNHR), basé à Londres – dont le sérieux est reconnu au plan international – indique pour la même période 487 civils tués dont 92 femmes et 118 enfants. Par ailleurs, l’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce le recours par la Russie et la Syrie à des « armes bannies internationalement », dont des armes à sous-munitions, des armes incendiaires et des barils d’explosifs. L’homologue de Mark Lowcock aux Affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, avance une explication politique à la catastrophe en cours : la présence de djihadistes à Idlib est devenue « intolérable » pour la Russie alors que pour la Turquie « du temps est nécessaire pour isoler » les éléments les plus radicaux parmi les rebelles.


Sarout meurt au champ d’honneur

C’est dans ce contexte militaire que tombe, le 8 juin, la nouvelle de la mort du jeune révolutionnaire Abdel Bassat Sarout, 27 ans. Grièvement blessé dans des combats au nord de Hama opposant sa brigade aux forces gouvernementales. Celle-ci porte le nom de son quartier à Homs – Bayada – et combat au sein d’une force de 3500 hommes environ intitulée Jaïch al-Izza [Armée de la gloire], elle-même rattachée à l’Armée syrienne libre. Il est enterré le 10 juin à Idlib.

À Homs, il avait incarné, avec la comédienne Fadwa Souleimane « l’instant lyrique » de la révolution avant de rejoindre la lutte armée. Sur les réseaux sociaux, les Syriens sont en deuil. Ils admiraient le charisme, le courage, la voix de celui qu’ils avaient surnommé « le rossignol de la révolution  ».

La propagande des pro-Assad exploite certaines failles du personnage, ses défenseurs les passent sous silence. Facebook s’en mêle et bloque plusieurs posts et photos pendant 48 heures. De cette guerre des récits, émergent quelques voix plus critiques, telles celle de Murhaf Fares, réfugié à Oslo, qui consacre à Sarout plusieurs tweets : « Ses déclarations sectaires de 2014 sont inacceptables, même replacées dans leur contexte  ». Elles ne doivent pas être défendues, écrit-t-il. Une semaine plus tard, à La Parole errante à Montreuil, lors de l’hommage organisé par des jeunes Syriens d’Activism for Syria-France, arrivés récemment en France, leur émotion est palpable. Mais l’émotion n’interdit pas la nuance quand Omar Enayeh, membre de l’association Souria Houria, exilé depuis plus longtemps, prend la parole : « Certains présentent Sarout comme quelqu’un de simple, sous le prétexte qu’il venait d’un milieu populaire. Je ne le vois pas comme ça, explique-t-il. Je le vois comme quelqu’un de complexe et profondément humain, devenu un héros de Bayada [son quartier], de Homs, de la révolution syrienne  », à l’intérieur et à l’extérieur. « Il a fait des fautes, il en était conscient. » À mes yeux, ces mots sont une invitation à pratiquer le moment venu, après le deuil, un droit d’inventaire nécessaire à l’écriture de l’histoire.

Quant à Mohammed Fares, le fils de Raed Fares assassiné en novembre dernier, venu de Limoges où il est réfugié depuis deux mois, il rappelle sobrement : « Sarout était une icône comme Raed Fares et d’autres  ». Le musicien égrène alors leurs noms pour les associer à la mémoire de Sarout avant d’entonner sa chanson la plus célèbre, Jenna, jenna, jenna, hymne au pays bien-aimé   .

 

Face au silence des États et de l’opinion

Le jour de la mort de Sarout, l’ancien maire d’Alep-Est, Brita Hagi Hassan, ingénieur de formation, réfugié à Lyon depuis deux ans, décide d’entamer une grève de la faim pour attirer l’attention sur le sort d’Idlib. Dix jours plus tard, il lance un appel Sauvez Idlib ! où il formule d’abord une revendication d’ordre politique concernant les prisonniers, en se référant à la résolution 2254 de l’ONU, votée à l’unanimité en décembre 2015 mais jamais appliquée et où il rappelle la responsabilité de protéger les populations qui devrait permettre (ou aurait dû permettre…) une intervention directe pour sauver les civils de la région d’Idlib, avant de demander le parachutage de tentes, de denrées alimentaires et une aide humanitaire appropriée pour les déplacés qui ont fui vers la frontière turque. « Parmi ces déplacés, nous explique-t-il dix jours plus tard à Paris, il y en a qui en sont à leur quatrième déracinement. Sur les 360 000 nouveaux déplacés évoqués par l’ONU, plus de 100 000 dorment sous les oliviers à la belle étoile dans une situation qui n’a rien de poétique. Je suis étonné devant l’inaction des politiques et leur silence. Car s’ils ne font rien, ils vont devoir faire face à une nouvelle vague de réfugiés en Europe et, à terme, à une recrudescence de l’extrémisme quand vous songez au nombre de jeunes déscolarisés. Je demande une protection pour les civils d’Idlib et une solution politique pour la Syrie, martèle-t-il d’une voix ferme et douce à la fois. » On peut s’inquiéter pour Brita Hagi Hassan qui s’est lancé dans cette action sans s’adosser à un collectif, un comité, une association ou une ONG mais on ne peut pas lui donner tort sur le fond. Après avoir été transféré à l'hôpital de Genève au 24ème jour, sous la presson de ses amis, il a interrompu son action le 4 juillet.


En quittant Brita Hagi Hassan, je repense aux propos de Michel Duclos, ancien ambassadeur de France à Damas de 2006 à 2009, au préalable en poste à l’ONU et à Moscou, sur dix ans d’échec diplomatique qu’il a tenus une semaine plus tôt. C’était à L’Écume des pages à Saint-Germain des prés à Paris, à l’occasion de la sortie de La longue nuit syrienne   . Son livre, écrit avec une grande liberté de style et de ton, sert sa démonstration et sa mise en perspective. Extraits de ses propos germano-pratins : « La Russie met tous les combattants dans le même sac maintenant dans le nord-ouest de la Syrie. Or il y a des rebelles et des terroristes. Le nier représente un défi militaire considérable pour elle. » « Je préfère parler de rébellion nationale pour éviter l’adjectif modérée qui me paraît impropre. » « Les Syriens sont vraiment aux portes de l’Europe. Quand les réfugiés arrivent à pied, ils ne peuvent pas mieux le démontrer. »

« Toutes les normes humanitaires et les lois de la guerre que nous avions tant bien que mal réussi à faire passer dans la règle internationale à la fin du XXe s. ont été jetées dans le ravin par la Russie. C’est un recul terrible. » Malheureusement, « face à une crise internationale majeure, le réflexe maison de l’ONU qui est un système très lourd à faire bouger, c’est de penser qu’il y a deux ou trois pays qui peuvent peser. Dans le cas de la Syrie, la Russie. La conférence de Genève en 2012 a été de facto dirigée en fonction des intérêts de la Russie. Et, sur le terrain, les agences de l’ONU sont allées très loin dans la compromission avec Damas. » Pendant ce temps, « la Syrie sert d’incubateur aux nouveaux pouvoirs autoritaires qui fleurissent dans le Golfe et en Europe. » Que faire alors ? « Pour l’instant, les Russes sont dépendants des Iraniens en Syrie qui ont 80 000 hommes sur le terrain. Une solution négociée dépend de la Russie. Donc des États-Unis qui conservent quelques centaines d’hommes dans l’Est syrien. » Voilà pour ce cours accéléré sur les rapports de force à l’œuvre. Mais Michel Duclos reconnaît aussi qu’à l’avenir la diplomatie française devra continuer de défendre ses intérêts de sécurité et ses intérêts économiques tout en menant une politique beaucoup plus en phase avec les aspirations des populations civiles. Les printemps arabes ont laissé au moins cette trace-là.

Cécile Hennion, qui n’est pas diplomate mais grand-reporter a justement décidé de mettre les exilés alépins au centre d’un livre aussi épais que celui de Duclos est mince : Le Fil de nos vies brisées   . Remarqué par la critique, il a obtenu le prix Joseph Kessel et le prix Hervé Ghesquière. Pour elle   , la guerre n’est pas finie à Idlib, l’histoire n’est pas finie en Syrie, même si Alep, amputée de la moitié d’elle-même ne sera plus jamais Alep.

Naïla Mansour la Damascène   écrivait en 2014 : « Nous ne valons pas mieux que les Indiens d’Amérique, les Arméniens, les Palestiniens, les Cambodgiens…Il y aura une issue ». Mais « tout cela est bien trop lourd pour être porté par l’individu seul  ». D’outre-tombe, j’imagine Mohamed al-Maghout, originaire du sud de Hama   ), qui a subi Assad père et connu les premières années d’Assad fils, lui répondre « patience » :

Je prépare « un énorme dossier »
sur la souffrance humaine
pour le soumettre à Dieu […]
Mais, ô malheureux, en tout lieu
ce que je crains par-dessus tout
c’est que Dieu soit « analphabète »

 

Au terme de ce périple mental, huit ans après mon voyage en Syrie, je tiens à remercier Fanny Verrax, responsable du pôle Espace de nonfiction qui a accueilli ces chroniques dans ses pages et Marc Hakim, responsable du bulletin du Comité Syrie-Europe après Alep, auquel je me suis souvent référé. Sans oublier les écrivains, les intellectuels et les artistes qui m’ont initiée aux réalités de leur pays.