Le festival d’Angoulême, grand rendez-vous international de la bande-dessinée, s'est ouvert jeudi 24 janvier pour quatre jours.  Depuis plus de trente ans, le "neuvième art" est célébré et un album est couronné meilleur opus de l’année. Mais que vient faire la BD sur nonfiction.fr ? Depuis le prix du meilleur album étranger décerné en 1993 au tome II de Maus de Art Spiegelman, jusqu’à l’explosion des blogs BD où Pénéloppe Jolicoeur et autres Aude Picault racontent leurs aventures quotidiennes, la non-fiction a pris une place croissante dans la bande-dessinée.

La frontière à dresser entre fiction et non-fiction en bande dessinée est particulièrement poreuse et difficile à tracer. Pas tout à fait littéraire mais pas non plus du monde des essais, les BD de non-fiction sont souvent à l’intersection entre le témoignage/reportage et l’autobiographie. Le regard de l’artiste déforme, remanie, réorganise. Il déguise la forme, ou le fond, parfois le deux. Un ouvrage comme Maus, issu d’un témoignage sur la Seconde Guerre mondiale et les camps de concentration, met en scène des animaux pour maintenir une distance entre l’auteur et son sujet – son père – mais on ne peut nier la vocation biographique et d’hommage de l’oeuvre.

Ce dossier a pour objet d’explorer les frontières entre fiction et non-fiction sous la forme particulière qu’est la bande-dessinée ; il comprend :

- un entretien avec Nicolas Wild, auteur de Kaboul Disco (La Boîte à bulles)

- des entretiens avec des auteurs et des membres du jury du festival d'Angoulême (à venir)

- la critique de la BD de Marisa Acocella Marchetto, Cancer and the City (L'iconoclaste), par Laure Jouteau : Un reportage autobiographique tour à tour lucide, drôle, cynique sur le cancer et ses conséquences.

- la critique de la BD d'Abirached, Le jeu des hirondelles (Cambourakis), par Laure Jouteau : Chronique de moments privilégiés, suspendus dans le temps, pendant la période difficile de la guerre au Liban.

- la critique du la BD de Grégory Jarry et Otto T., Petite histoire des colonies françaises. tome 2 (FLBLB), par Aurélie Gerlach : Un original récit de l'histoire coloniale, servi par une plume acerbe et un humour décapant.

- la critique de la BD de Guy Delisle, Chroniques birmanes (Delcourt), par Laure Jouteau : Delisle nous emmène visiter la Birmanie en poussette. A ne pas manquer.

- la critique de la BD de Nicolas Wild, Kaboul Disco (La Boîte à bulles), par Laure Jouteau : En 2005, Nicolas Wild part en Afghanistan pour mettre en images la constitution afghane. Ce voyage donne naissance à l'excellent Kaboul disco.

- la critique de la BD de Didier Lefèvre, Le photographe (Dupuis), par Morgane Aubert : Une trilogie dessinée profondément marquante qui relate l’un des voyages du photographe Didier Lefèvre en Afghanistan.

- la critique de la BD de Villiers, Ma mère était une très belle femme (Ca et La), par Aurélie Gerlach : Le destin d'une famille bourgeoise blanche en Afrique du Sud. Quand l'histoire familiale et privée se mêle à celle de l'Afrique du Sud et de l'Apartheid.