A l'occasion des 15 ans de Nonfiction, Anthony Guyon revient sur sa relation avec le site.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis enseignant dans le secondaire en section Bachibac (classes européennes en espagnol) et chargé de cours à Sciences Po Paris. Ma thèse, en histoire contemporaine, portait sur les tirailleurs sénégalais durant l’entre-deux-guerres. Mes recherches portent principalement sur les soldats coloniaux, et de plus en plus sur le continent africain.  

Quand et comment avez-vous croisé la route de Nonfiction et quelle est votre contribution à Nonfiction ?

Je lisais beaucoup de recensions sur le site alors que j’en rédigeais, avec Florian Louis, sur le blog de Passion Histoire. J’ai fait acte de candidature auprès de Pierre-Henri Ortiz, qui coordonnait alors le pôle Histoire. Il m’a proposé de m’occuper de deux ouvrages chez Perrin, hors de ma période de prédilection (le congrès de Vienne et la Révolution française). J’ai commencé à contribuer de façon assez irrégulière, puis après l’Agrégation et la Thèse, j’ai rédigé des textes à rythme plus soutenu et voulu m’impliquer davantage. Pierre-Henri Ortiz et Benjamin Caraco m’ont alors proposé de coordonner, avec Jan Synowiecki, le pôle Histoire, tout en « recrutant » de nouveaux contributeurs et contributrices. Depuis, une dizaine de rédacteurs nous ont rejoints et ont donné une nouvelle dynamique au pôle. Dans le même temps, je ressentais une frustration avec le seul exercice de la recension car je n’échangeais pas avec les auteurs des livres lus. J’ai alors proposé la rubrique du Regard du Chercheur qui me permet de mener des entretiens, principalement avec des historiens et des géographes. L’exercice me plaît et me permet une approche davantage dialoguée sur les ouvrages étudiés.

Qu'est-ce qui vous plaît dans Nonfiction ?

Incontestablement, la liberté. Chacun fait ce qu’il veut, quand il veut et au rythme qu’il veut. Des rédacteurs envoient parfois trois recensions en une semaine après six mois sans en avoir rédigé une. Cela permet de ne mettre aucune pression et de laisser chacun rédiger avant tout pour son propre plaisir. J’aime également ce côté un peu Old School à l’heure où il faut sans cesse innover et chercher à se renouveler. Nos ambitions sont modestes mais nous sommes bien installés et avons de nombreux talents, certains partent, d’autres arrivent avec un regard neuf. J’ai donc noué de vraies amitiés, parmi les rédacteurs, avec des personnes que je n’ai jamais croisées. Les entretiens ont aussi élargi mes horizons et je pense que cela a été bénéfique pour mes propres écrits. Entre mes recensions et mes entretiens, je m’aventure de plus en plus sur des terrains éloignés de mon champ d’étude.

Quel est l'article (ou la réalisation) dont vous êtes le plus fier ?

La recension dont je suis le plus fier est celle de L’Afrique ancienne dirigée par François-Xavier Fauvelle. Je ne suis pas du tout spécialiste de cette période et avais donc pris beaucoup de temps à lire le livre. Catherine Rideau-Kikuchi avait proposé des entretiens avec les auteurs présents au festival Nous Autres, à Nantes, et j'ai choisi de préparer celui avec François-Xavier Fauvelle. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de réaliser des entretiens avec des chercheuses et des chercheurs sur des thèmes que je ne maîtrisais pas. En ce sens, je suis particulièrement fier de la série faite sur les frontières.