Non Fiction revient brièvement sur la vie et l'oeuvre de l'historien israélien Zeev Sternhell, notamment connu pour son analyse des droites et du fascisme en France.

Avec la mort de Zeev Sternhell, c’est un grand historien qui s’éteint. Zeev Sternhell a été au cœur de controverses historiques d’importance dont Non Fiction s’est plusieurs fois fait l’écho.

Né en 1935 à Przemysl en Pologne, dans ce que l’on a appelé le yiddishland, Sternhell est un rescapé de la Shoah. Il s’installe en France où il fait une partie de ses études avant de migrer en Israël en 1951. Soldat anticolonialiste, il a servi dans Tsahal pendant trois guerres, tout en dénonçant les conditions faites aux Palestiniens.

Si son travail porte principalement sur le nationalisme français, c’est aussi à partir de sa double réflexion sur le nationalisme et les Lumières qu’il a proposé une nouvelle analyse du sionisme, provoquant l’ire des nationalistes juifs qui ont voulu attenter à ses jours en 2008.

Les travaux de Zeev Sternhell sont aussi centraux pour comprendre la société française. Après sa thèse sur Maurice Barrès, il a voulu montrer qu’il existait un fascisme endogène au pays de Voltaire et d’Hugo puisant ses racines dans les contre-Lumières. Zeev Strenhell en publiant ses ouvrages La Droite révolutionnaire et Ni droite ni gauche s’est heurté à la critique de ses collègues. Il remettait en cause un schéma d’autorité, ne faisant pourtant que souligner qu’un élément manquait un moreau au puzzle de René Rémond sur les droites en France. Sternhell est alors attaqué par une partie de la corporation historienne. Sa thèse finit en partie par être reconnue comme valide par une autre frange de l’université. Son analyse sur l’absence d’une immunité de la société française au fascisme provoque encore de vifs débats.

Force est de constater que Zeev Sternhell appartient à ces grands historiens obligeant à penser en refusant les dogmes et le confort, à l’image de sa vie.