Impossible d'échapper cette année au quarantième anniversaire de "Mai 68". "Mai 68" ? Une telle appellation n'est-elle pas réductrice, comme le pointe l'historienne Michelle Zancarini-Fournel, impliquant une chronologie étriquée, du 3 (occupation de la Sorbonne par la police, manifestation étudiante) au 30 mai (discours de Charles de Gaulle annonçant la dissolution de l'Assemblée) ? Bref, cette terminologie ne met-elle pas l'accent sur des événements français, voire parisiens, et sur "l'ébranlement de l'État et le retour à l'ordre"   ? Nonfiction.fr a choisi d'élargir l'angle de vue, dans le temps et dans l'espace.

 

AU SOMMAIRE :

Josef Koudelka, Invasion, Prague 68 (Tana), par Émeric Lhuisset et Frédéric Martel.
Un recueil magnifique des photos inédites de Josef Koudelka sur l'invasion de Prague en 1968. Un document historique inestimable et un livre de photographie bouleversant. Commentaire et entretien avec Koudelka.

 

 

Michelle Zancarini-Fournel et Philippe Artières (dir.), 68. Une histoire collective (La Découverte), par Guillaume Calafat.
Un ouvrage remarquable qui contribue à construire un discours historique complexifié sur mai 68.
 


 

 

Jacques Capdevielle et Henri Rey (dir.), Dictionnaire de mai 68 (Larousse), par Ludwig Speter.
Un outil très complet et pratique pour un lecteur averti.

 

 

 



Alain Geismar, Mon Mai 68 (Perrin), par Aquilono Morelle.
Sans nostalgie et avec une grande lucidité, Alain Geismar défend le "moment" Mai 68.
 

 

 

 


François Cusset, Contre-discours de Mai 68 (Actes Sud), par Rémi Raher.
Une diatribe sur la régression commune des embaumeurs et des fossoyeurs d'une révolution avortée mais jamais oubliée.

 

 

 


Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures (Complexe), par Vassily A. Klimentov.
Un très bon livre polémique de la part d'un chercheur américain sur un événement sensible de l'histoire française contemporaine.

 

 

 

 

Paul Berman, Cours vite camarade ! (Denoël), par Alice Beja.
De la contestation étudiante aux gouvernements européens, trois portraits pour comprendre l’influence de la révolte de 1968 sur les questions internationales.

 

 

 

 

Raymond Depardon, 1968. Une année autour du monde (Points), par Cécile Larrigaldie et Emeric Lhuisset.
Portrait de l'année 1968 à travers le monde, où les Événements sont, pour une fois, absents. Bouffée d'oxygène.

 

 

 

 

Regards croisés :

Trois analyses du livre de Serge Audier, La pensée anti-68 (La Découverte). Trois regards, trois générations :

- la critique de Céline Spector, jeune spécialiste de philosophie politique.
Une vaste reconstitution des discours dénigrant l’héritage de 68 et un appel à une 'sédimentation' bénéfique de mai 68 dans le cadre d’un libéralisme social rénové.

- la critique de Laurent Bouvet, professeur de sciences politique, fin connaisseur de la "troisième voie".
Un livre intéressant par son projet, qui malgré ses grandes qualités se laisse trop dériver vers le pamphlet à cause d'un manque de rigueur.

- la critique de Joël Roman, ancien rédacteur en chef de la revue Esprit.
Un livre qui analyse finement les interprétations hostiles à '68', traquant les contresens et l'à-peu-près.


Bibliographie commentée de quelques titres parus cette année.
 


> D'autres critiques d'ouvrages sur mai 68 seront publiées prochainement.


* Photo, Droits Réservés : une du site, Julien Collin
* Photo, Droits Réservés : cette page : Atlanta 1968, par Old Shoe Woman.