Dans son billet du 19 novembre 2008 intitulé "Le plombier polonais n'était qu'un ectoplasme", Jean Quatremer s’attarde à juste tire sur l’étude que la Commission européenne vient de publier au sujet de la libre circulation des travailleurs au sein de l'Union européenne.

Cette étude révèle que les travailleurs mobiles des pays qui ont adhéré à l'Union européenne en 2004 et 2007 ont eu une incidence positive sur les économies des États membres et n'ont pas entraîné de graves perturbations sur leurs marchés du travail. Les travailleurs des pays d’Europe centrale et orientale ont beaucoup contribué à une croissance économique durable, sans provoquer un déplacement important des travailleurs locaux ou une baisse sensible de leurs salaires. Pour l'ensemble de l'Union comme pour la plupart des pays pris individuellement, les flux de main-d'œuvre ont été limités si on les compare à la taille des marchés du travail et aux arrivants en provenance de pays tiers.

Jean Quatremer a été l’un des rares intervenants dans le débat publique français à dénoncer le prurit de xénophobie qui avait saisi l’extrême droite et l’extrême gauche françaises lors de la campagne autour du référendum pour le Traité instituant une constitution pour l’Europe. Les partisans du "non"  avaient notamment eu recours à la caricature du "plombier polonais". C’était le symbole des hordes de travailleurs immigrés venus de l’Est qui allaient déferler sur la patrie en danger pour piquer les emplois des honnêtes travailleurs français et faire baisser leurs salaires. Spectre agité avec force par MM. Mélenchon, Emmanuelli, Fabius, Besancenot, aux cotés des dirigeants du PCF et d’ATTAC. Tout ce beau monde ayant choisi l’union objective avec MM. Le Pen, de Villier et Dupont Aignan, et ne reculant devant aucune manifestation de rejet, voir de haine de l’autre pour arriver à leur fins.

Le politologue Dominique Reynié avait analysé se phénomène dans son livre décapant Le vertige social-nationaliste. La gauche du Non et le référendum de 2005 (La Table ronde, 2005). Il s’était élevé, tout comme Jean Quatremer, contre le poncif  hypocrite selon lequel le débat autour du référendum avait était exemplaire en matière de démocratie. Documents à l’appui, Dominique Reynié a démontré que des altermondialistes aux dissidents du Parti socialiste, en passant par la Ligue communiste révolutionnaire, des écologistes et le Parti communiste français, la gauche du "non" a mobilisé un anti-libéralisme farouche, un étatisme forcené, et un chauvinisme imprégné de xénophobie. Tout ce que Léon Blum, en son temps, dénonçait comme un programme " social-nationaliste".

Peut-être qu’aujourd’hui, l’internationale des travailleurs peut enfin reposer en paix, après s’être retournée dans sa tombe en 2005, grâce à ses prétendus défenseurs français
 

 

* Jean Quatremer, "Le plombier polonais n'était qu'un ectoplasme", Coulisses de Bruxelles, 19.11.2008.

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- L'entretien de Dominique Reynié : "la Fondation pour l'innovation politique porte un projet libéral, progressiste et européen", par François Quinton.