Le dossier Polyphonies syriennes va à la rencontre d'écrivains, d'intellectuels et d'artistes venus de Syrie à Paris : retrouvez un nouveau portrait tous les lundis et vendredis sur nonfiction.fr.

Prêter attention aux voix de ces exilés syriens de Paris – qu’ils soient là depuis longtemps ou qu’ils soient arrivés depuis 2011 –, c’est trouver auprès d’eux des éléments de réponses à la question « Comment en sommes-nous arrivés là ? ».

Avec les artistes syriens exilés à Paris, tentons de mettre de l’ordre dans le flot d’images qui nous sont parvenues de Syrie : pourquoi ce flot d’abord ? N’a-t-il pas été contre-productif ?

 

Hala Alabdalla   , cinéaste engagée

Hala Alabdalla, née à Hama en 1956, est réalisatrice et productrice. Elle vit à Paris depuis 1981. Elle travaillait entre la France, le Liban et la Syrie jusqu’au soulèvement de 2011 dans son pays natal qui a bouleversé sa vie et son travail. Son passé universitaire la mène de l'agriculture, à l'université de Damas, à l'anthropologie à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) puis au cinéma à l'université Paris VIII. Assistante d'Ossama Mohammed pour Étoiles de jour et de Mohamed Malas pour La Nuit, elle a produit plusieurs films au sein de Ramad Films (Paris), la maison de production du réalisateur syrien le plus connu, disparu juste avant la révolution, Omar Amiralay.

 

« J’écoute mon désir, je travaille avec amour, avec plaisir, comme je fais la cuisine.[…] Mon guide principal, c’est la liberté. »

Hala Alabdalla, Vincennes (juillet 2015)

 

 

« Une révolution a le besoin vital d’avoir une mémoire et des archives »

Une amie tunisienne m’avait parlé d’elle tout au début du soulèvement. Elle est de toutes les manifestations et de quasiment toutes les rencontres autour de la Syrie à Paris. Sa détermination m’impressionne. Je l’écoute pour la première fois en mars 2012 au cinéma La Clef où l’Association du cinéma euro-arabe (ACEA) présente trois documentaires. Le premier s’intitule Hama, 82-11, de 26’. Un homme se souvient des massacres de 1982   . Il raconte lentement, en cherchant ses mots : « j’ai été obligé de dire, comme tant d’autres, pendant des années  "Bachar, nous t’aimons" et, depuis mars, quand j’ai réussi à articuler "nous ne t’aimons pas" lors des manifestations du vendredi, cet adverbe de négation m’a libéré. J’avais des problèmes respiratoires. Ils vont beaucoup mieux. Je suis même passé à travers les gaz lacrymogènes sans dommage. Mes enfants vivront libres. Je me faisais des soucis financiers pour eux, c’est fini. Ils seront libres, c’est ça qui compte ».

Après la projection, Hala Alabdalla précise, d’une voix douce : « depuis un an, après quarante ans de silence, les Syriens vivent aujourd’hui sur un volcan. Les intellectuels et les artistes se sont emparés de cette liberté toute neuve et créent, au péril de leur vie. Dans le monde du cinéma, huit documentaristes ont été emprisonnés. Ceux qui ont filmé ces trois films sont parvenus à les faire sortir du pays. L’un d’eux a été libéré récemment. Nous ne pouvons pas révéler leurs noms pour le moment. Bachar al-Assad est insensible aux malheurs de son peuple mais les images qui sortent de Syrie le mettent en colère ». Omar Lasshad, journaliste et activiste, ajoute : « c’est la seule chose qui a changé entre les massacres de Hama en 1982 et ceux de Baba Amro, à Homs, en 2012 : cette fois, il y a des images ». Selon ses estimations, 18 % des Syriens participeraient aux manifestations. « C’est beaucoup par rapport aux 5 % de Français qui ont fait tomber Louis XVI et Marie-Antoinette », souligne-t-il avec un sourire malicieux...

À partir du printemps 2014, je retrouve Hala Alabdalla une fois par mois aux Dimanches de Souria Houria (Syrie libre) lancés par l’intellectuel Farouk Mardam-Bey pour aborder la question syrienne en profondeur. Du haut des marches, elle accueille les amis de toujours, les amis des amis et les curieux, d’un sourire et d’un mot gentil, quelles que soient les dernières nouvelles en provenance de Syrie.

 

« Créer des images pour ne pas mourir »

Au Centre Pompidou, le 3 décembre 2012, dans le cadre du Cinéma du réel, Hala Alabdalla, signe et présente un montage vidéo de 90’ intitulé La Syrie, un peuple qui se lève pour toujours    . La salle, grande, est pleine et attentive.

La femme d’images aime aussi les mots et, souvent, les titres de ses films ou de ses interventions audio et visuelles, comme elle les appelle, sont des vers qui donnent une dimension poétique à sa démarche. Spectacle beau et dur. Sur le coup, je note dans mon calepin : « j'ai aimé le chant, les textes sortis de Syrie, les images de jeunes taggueurs, les affiches faisant penser à l’avant-garde russe des années 20, les films d'animation, les images que j'ai reconnues, comme si j'étais en terrain familier, notamment celles des vieilles pierres détruites. J'ai surtout aimé l'absence de fin car nul ne la connaît. »

En juin, à l’Institut des cultures d’islam (ICI), qui dépend de la mairie de Paris, elle intervient dans une table ronde sur les arts de l’image, en éprouvant le besoin de revenir en arrière : « À Damas, dans les années 70, vous étiez accueillis par 23 portraits du dictateur dans le salon de l’aéroport pendant que les Syriens devaient se contenter d’une seule chaîne de télévision ! Les chaînes étrangères ont été autorisées seulement après l’arrivée de Bachar al-Assad au pouvoir. Nous étions sevrés d’images. Notre histoire était enterrée, les talents muselés. Le besoin, la nécessité nous poussent aujourd’hui à crier et à créer pour ne pas mourir ». Au sortir de cette table ronde, elle laisse échapper avec une pointe d’amertume dans la voix « que la situation soit compliquée, je veux bien, que ce soit difficile pour les gens de se faire une opinion, je l’admets, mais laisser passer les massacres d’enfants comme ceux de Houla en mai 2012, sans réagir, je ne comprends pas ». De même, en octobre, au 104, à une réunion sur les soulèvements démocratiques à l’épreuve de Daech, organisée par le Manifeste des libertés, où il y a du monde et plus de Français que d’ordinaire, Hala Alabdalla interpelle longuement la jeune militante kurde Nursel Kilic à qui elle reproche de pratiquer une émotion sélective.

Le 6 décembre 2014 puis le 13 février 2015, à l’ICI, La femme syrienne est une révolution :

« Raconter la révolution, c’est montrer qu’elle ne saurait s’écrire autrement qu’au jour le jour », souligne Hala Alabdalla. Et elle ajoute avec justesse : les femmes syriennes, en luttant pour le peuple tout entier, se battent aussi pour leurs droits. Décidément, l’esthétique du fragment et du collage convient bien aux conditions dans lesquelles travaille Hala Alabdalla, dans l’urgence, depuis Paris, douloureusement coupée du pays natal.

Septième rencontre marquante, le 14 février 2015 à l’ICI. Elle anime un entretien avec l’écrivaine Samar Yazbek qu’elle connaît de longue date et qu’elle a longuement interviewée à Damas, avant l’éclatement du soulèvement, pour son documentaire sur la création et la censure Comme si nous attrapions un cobra. Insatiable, elle l’interroge pendant deux heures devant un public peu nombreux – c’est un samedi matin – mais très attentif sur la portée et nécessité d’une littérature engagée.

Le 6 mars 2015, au Ciné-club syrien à Paris : Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe, 110’ (2006), prix du documentaire à la Mostra de Venise, qu’elle présente elle-même ainsi dans le programme de la soirée : « Dans ce film, la carte de mon pays, la Syrie, prend les traits de mes amies et des routes sillonnées pour mes repérages. Je parle à ces routes. Je livre mes doutes et mes certitudes en cherchant des lieux de tournage pour mes films en attente depuis plus de vingt ans. Mes amies passent aux aveux devant ma caméra. Elles s’expriment à ma place et allègent le brouillard de mes yeux. Je me réfugie près de la mer : c’est mon enfance effacée, c’est mon énigme, c’est la tombe sacrée de la poésie. Un film conçu comme un puzzle en noir et blanc, fait d’allers et retours, qui dit la prison et l’exil, le passé et le présent, l’amour et la mort. Un film qui dit l’importance de la poésie. » Avec une sensualité contenue, sa caméra s’approche de la peau du visage de son amie gynécologue pour capter le miracle de la vie qui résiste à la servitude, protégée des agressions du temps et du monde par cette fine enveloppe. Éloge muet à la beauté et à la féminité.

Ses amies de détention sont dans la salle. La gynécologue, qui vit encore à Damas, reconnaît après la projection, avec une lucidité remarquable : « nous étions un groupuscule, nous n’avons pas su aller vers le peuple mais le régime ne nous a pas laissés devenir un véritable parti politique, il ne voulait pas d’opposition. »

En mai, alors que nous faisons un bout de chemin à pied, Hala Alabdalla, si pudique, me confie : « en quatre ans, je n’ai pas pris un jour de repos. Mes seules respirations – mon oxygène – sont les invitations dans les festivals et les ateliers de formation cinématographique que j’anime. Ma fille m’a lancé, en partant vivre de son côté, “ces dernières années, je n’ai vu que ta nuque penchée au-dessus de ton ordinateur”. J’ai perdu un oncle en Allemagne. Je n’ai pas pu aller vers lui avant la fin. » Il est temps décidément que nous mettions à exécution le projet d’interview dont elle a accepté le principe il y a des mois, avant qu’elle ne soit à nouveau dévorée par les activités militantes.

 

 

Au monastère de Mar Moussa (Syrie, 2004), lors du tournage du film de Frédéric Goupil, Le sourire d'Hassan

 

« Mon guide principal, c’est la liberté »

Le 25 juillet 2015 – L’origine d’un engagement aussi intense est-il à chercher dans l’enfance ?

« Je ne sais pas. Bizarrement, je n’ai pas beaucoup de souvenirs d’enfance. Peut-être parce que j’ai beaucoup déménagé. Mon père était juge et, dans ce temps-là   , pour éviter la corruption, un juge – fonctionnaire de l’État – ne devait pas rester plus de deux ans dans la même ville. Alors, à peine nous avions de nouveaux voisins et nous nous faisions de nouveaux amis, il fallait les quitter. En revanche, ma mère retournait toujours accoucher chez les siens à Hama (nous sommes cinq filles et un garçon). De ce fait, j’ai des souvenirs de Hama, de Homs et de Tartous, sur la côte méditerranéenne, car, au gré des mutations de mon père, nous y sommes retournés pour une autre période de deux ans. Je me souviens, par exemple, de ma grand-mère à Hama qui mettait un foulard pour aller au marché, par respect pour la communauté musulmane réputée fermée ou traditionnaliste. Je suis d’une famille chrétienne mais chez nous, il n’y avait aucun signe d’appartenance religieuse aux murs et, enfants, nous n’avons jamais été obligés d’aller à l’église. Quand j’ai voulu vivre avec mon amoureux [le peintre et sculpteur Youssef Abdelké NDLR], il a fallu que nous nous mariions. Le mariage civil n’existe pas en Syrie. J’étais communiste et je me suis mariée à l’église et nous avons fait une fête monstre après, complètement hors normes, hors traditions avec des amis venant de partout. »

« Cette enfance explique sans doute mon engagement politique précoce. Mon père, connu, intègre et respecté – qui ne nous a laissés ni voiture ni maison ni biens – m’a certainement transmis le sens de la justice. J’ai vécu une sorte de laïcité latente à la maison. Par exemple, ma sœur aînée a épousé un musulman, c’était sa révolution personnelle. Et mes oncles maternels, partis soutenir les Palestiniens en 1948, la condamnation d’un de mes oncles à la prison en tant qu’opposant par la suite, sa vie clandestine ont joué un rôle dans mon éveil. Nous parlions de ces événements avec mes parents. Quant à moi, j’ai toujours été une rebelle. J’ai commencé très jeune, en 1973, à militer dans des groupes qu'on appelait Cellules marxistes. »

« En rassemblant ces cellules nous avons formé la Ligue d'action communiste, et, plus tard, à la suite d’un Congrès national, la Ligue est devenue le Parti d'action communiste. J'ai été arrêtée deux fois, la première fois à 19 ans – 48 heures. Ils [les services de renseignement ou moukhabarat NDLR ] étaient furieux contre moi, si jeune, avec des responsabilités politiques ! Ils m’ont torturée mais j’ai réussi à m’enfuir et à leur échapper pendant presque un an ; la seconde fois, je suis restée quatorze mois en prison. Un an et demi après ma sortie, je suis arrivée en France en mai 1981. La gauche était au pouvoir, c’était notre “cadeau de mariage”. Mais je n’ai jamais demandé la nationalité française. J’ai toujours imaginé repartir. Je n’ai jamais songé à être enterrée en France par exemple. »

« De 1985 à 2005, j’ai vécu pour les films des autres : j’ai transféré ma façon de faire de la politique à ma façon de faire du cinéma. Tu donnes tout aux autres mais en retour, tu apprends l’efficacité, qualité très précieuse pour aborder la production. Je n’ai pas de regret car je suis en accord avec moi-même. Mais, à partir de mes cinquante ans, le désir de trouver mon propre chemin cinématographique m’a reprise. Pourtant je continue de me préoccuper du devenir des jeunes cinéastes dans un pays où il n’existe pas d’école de cinéma et où la jeune génération apprend le cadrage, la lumière, le mouvement au péril de sa vie.»

« De mon côté, à chaque fois que je prépare un spectacle audio et visuel – j’en ai réalisé dix ou douze –, j’écoute mon désir, je travaille avec amour, avec plaisir, comme je fais la cuisine. (Une fois ou deux dans la vie, j’ai fait la cuisine sans plaisir pour des gens et c’était mauvais). Je ne veux pas avoir peur des lois, être enfermée dans des cases, respecter des formats. Mon guide principal, c’est la liberté. Elle m’aide à affronter les difficultés de la vie quotidienne à Paris et la tragédie syrienne. Le sentiment très fort que j’éprouve pour mon pays me donne la force de ne pas être cassée. Pourtant la tristesse intense qui m’étreint sous la douche, ces larmes qui t’aspirent, qui t’engloutissent, je n’avais jamais connu ça de ma vie. Tous les jours, j’apprends la mort d’un ami, d’un ancien militant, d’un voisin. Je dois assumer le vide. Ce corps qu’est la Syrie a besoin de moi. Je ne pense pas que la France ait besoin de moi. »

Le 15 décembre 2015, à l’issue d’un Café citoyen organisé par l’association Ila Souria sur l’usage des vidéos dans les révolutions arabes, agacée par ceux d’ici – par opposition à ceux de l’intérieur –, qui attirent la lumière des médias, elle résume avec pugnacité son credo en matière cinématographique. Pour Hala Alabdalla, il y a dorénavant un réservoir d’images insoupçonné en Syrie, y compris dans une ville comme Rakka, « un trésor ». Il serait temps de braquer le projecteur sur le travail des cinéastes de l’intérieur, qui prennent autant de risques que les activistes, comme elle le soulignait dès 2012 : entre une vidéo de combat tournée par un activiste et un court métrage de jeune cinéaste, la lisière est ténue.

Quant au débat, lancé par Abounaddara, qui agite les cinéastes de la diaspora sur le statut de ces images et la question du droit d’auteur, débat qu’ils étaient bien en peine d’anticiper avant 2011, elle pense qu’il est « très intéressant et très vif ». Enfin, comme Omar Amiralay en son temps, elle plaide pour l’abolition de la distinction entre documentaire et film de cinéma : « il y a un film ou il n’y en a pas ».

 

FILMS

Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe, 2006, prix du documentaire à la Mostra de Venise, présenté au Ciné-club syrien à Paris. Consultable à la Bibliothèque publique d’information, au Centre Georges Pompidou, à Beaubourg, à tous les niveaux.

Hé ! N’oublie pas le cumin, 2008

Comme si nous attrapions un cobra, 2012

Mouhassaron mithli (Un assiégé comme moi), expression tirée du poème À Damas de Mahmoud Darwich :

Portrait de l’intellectuel Farouk Mardam-Bey, qui a été très proche du poète palestinien et a édité l’essentiel de son œuvre chez Actes Sud. Ce film a obtenu deux prix d’aide à la finition du Centre national du cinéma et de l’image (CNC) et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2015. Sélectionné dans la compétition internationale du Festival Cinéma du réel, il est présenté en première mondiale : le vendredi 18 mars à 20 h 40 au Cinéma 1, Centre Pompidou à Paris. La séance sera suivie d’un débat avec le public samedi 19 mars à 13 h 30, au cinéma d’art et d’essai Luminor Hôtel de Ville, 20, rue du Temple, 75004 Paris. La séance sera suivie d’un débat avec le public
le mercredi 23 mars à 13 h, Petite salle du Centre Pompidou. 

Aucun des films de Hala Alabdalla n’a jamais été projeté en Syrie. 

Hala Alabdalla face à la Méditerranée dans son film Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe (2006)

   

La dernière génération de réfugiés syriens débarque, pleine d’humour et d’allant !

Le 15 février 2016, Hala Alabdalla est satisfaite : le spectacle d’Aurélie Ruby, “Winter Guests”(Les invités de l’hiver), qu’elle a choisi pour répondre à l’invitation de l’Institut national des langues orientales (Inalco) attire étudiants et enseignants. L’auditorium de 200 places est comble.

Le spectacle, qui a déjà été présenté en juin 2015 à la Maison des cultures du monde, a été resserré pour permettre ensuite un bref débat animé par Farouk Mardam-Bey sur le thème de la langue, l’exil et la communication. Du fait des vicissitudes que rencontrent à leur arrivée en France les jeunes réfugiés qui ne sont pas tous destinés à rester à Paris, Aurélie Ruby a enrôlé six autres comédiens pour ce nouveau cycle de représentations.

Les arts visuels et la musique de Kalev et Mohanad Aljaramani, intégrés avec délicatesse à la mise en scène, créent une atmosphère poétique avec des moyens très sobres. Sur un canevas simple, nous remontons le temps avec ces jeunes comédiens, si naturels qu’ils nous donnent l’impression d’improviser : 1 l’exil en France, 2 le voyage, 3 l’exil intérieur – dans le système éducatif – en Syrie. Ils jouent avec les définitions du dictionnaire : réfugiés, migrants, demandeurs d’asile, étrangers, exilés, intégrés…Et ils nous entraînent dans une partie de saute-moutons à l’assaut des obstacles de l’administration : préfecture, Ofpra   , Sécurité sociale jusqu’à l’obtention d’une carte de séjour ! La scène où ils miment leur embrigadement chaque matin à leur arrivée à l’école est hilarante aussi. Finalement, leur allant et leur humour ont raison des difficultés et ils semblent tout à fait prêts à passer d’une langue à l’autre et à se lancer dans une nouvelle vie.

Le but du spectacle est atteint : « face à l’hiver », raconter « l’invincible été des âmes éprises de liberté ».

Enfin retenons le nom de Mahmoud el-Hajj, jeune journaliste et poète, arrivé en France en 2013, aujourd’hui étudiant en philosophie à l’université Panthéon Sorbonne Paris I. Ému par la rencontre avec le verbe « se blottir » dans l’œuvre du poète belge Pierre Louÿs, il nous étonnera dans les années qui viennent.  

  

ÉCOUTER

Yolla Khalifé (Liban)

Naïsam Jalal (France/Syrie). Son site personnel.

Mohanad Aljaramani, aux percussions ; Khaled Aljamarani, son frère, au luth sur le thème de l’exil, 6’25 (2013).

 

VOIR

Interview portrait de Hala Alabdalla sur ARTE, en novembre 2011, 1'59.

Textes en français et en arabe choisis et lus par Hala Alabdalla et alii en 2012, 9’43.

Court-métrage de Hala Alabdalla pour les soixante-dix ans du Festival de cinéma de Venise, en 2013, 1’40.

 

LIRE

La joie n’est pas mon métier, Mohamed al-Maghout (1934-2006), traduit de l’arabe et présenté par Abdellatif Laâbi, collection « Orphée », éditions La Différence, 2013.

Lettres de Syrie, Joumana Maarouf (pseudonyme de Wejdan Nassif), traduit de l’arabe par Nathalie Bontemps, préface de Wladimir Glassman, Buchet-Chastel (2014). Avide de pouvoir échanger avec les Français autrement que pour acheter du pain, Wejdan Nassif a prononcé une intervention préparée à l’avance avec l’aide de sa traductrice pour la première fois le 15 février à l’Inalco.