Futatsume no Mado de Naomi Kawase, un film de flux

Le très contemplatif Futatsume no Mado (Still the Water) raconte l’histoire de deux lycéens habitant sur les tempétueuses côtes japonaises. Le jeune garçon reproche à ses parents leur séparation, et à sa mère en particulier sa nouvelle vie amoureuse, et hésite à engager une vie sexuelle ; la jeune fille, plus volontaire, est sur le point de perdre sa mère malade et entretient une relation affectueuse avec son père. L’amour que se portent ces deux jeunes là et les interrogations qu’ils se posent, ont lieu sous le regard d’un vieux pêcheur et sous la pression d’une mer agitée et de vents déchainés.
Au-delà de cet argument, le regard que porte Naomi Kawase sur la nature japonaise est unique et d’une grande pertinence, d’abord parce que l’on connait l’influence de la dangerosité de la nature sur la culture japonaise (tsunami et tremblement de terre), mais aussi parce que les flux qui président au mouvement de l’eau et du vent entrent en résonance avec les émotions amoureuses des personnages et la douloureuse agonie de la mère. La très longue et belle scène de décès de celle-ci, accompagnée dans sa mort par ses proches chantant pour la distraire, et par de grandes bourrasques de vent, est à la fois tendue et délicate et dégage une émotion unique.
 
The Homesman de Tommy Lee Jones, la terre de la folie
 
Western sombre et mélancolique, The Homesman suit le trajet de Mary Bee Cuddy (Hillary Swank) et George Briggs (Tommy Lee Jones) à travers le Nebraska pour conduire trois femmes frappées de folie chez le pasteur qui les soignera en Iowa. Hillary Swank campe une fermière sèche et droite dans ses bottes, célibataire par défaut malgré sa bonté naturelle, tandis que Jones joue le cow boy blasé et autocentré. La folie des jeunes femmes, qui sert de point de depart au film, n’est que partiellement racontée: frappées par la dureté des conditions de vie de la Frontière américaine (perte d’un enfant, maladie, viol), ces pionnières rentrent dans le mutisme et la violence que tente de contenir Mary Bee. Mais son caractère volontaire et rationnel se heurte à l’étroitesse d’esprit des hommes de la communauté et fait d’elle un personage véritablement tragique, que le voyage en Iowa met face à ses propres limites