À partir de documents inédits, Giovanna Devincenzo étudie les liens de Saint-John Perse avec les Antilles, qu'il a quittées adolescent pour n'y plus jamais revenir, sinon dans ses œuvres.

Giovanna Devincenzo, chercheur en littérature française à l’université de Bari, propose de suivre le cheminement menant au lent renouement du poète et de l’homme, de l’œuvre et du soi, et à l’alliance entre la vraie vie, rêvée, et une expérience multiple du monde.

L’étude pose trois temps de l’invention de Saint John Perse, poète de la créolité et de hauts dires : 1) Le sentiment d’exil creuse, en sa jeunesse, l’espace intérieur où naîtra une vocation double : le poète de l’amplitude, le diplomate voyageur ; 2) Voyage et écriture structurent l’espace mental et littéraire. À travers l’expérience et l’érudition nous suivons la genèse et l’itinérance de l’œuvre, merveilleux éloge du réel. Mythème personnel, l’île natale inspire et aimante son parcours ; 3) L’édition des œuvres complètes dans la Pléiade permet au poète de récapituler son parcours, d’apparier Leger et Perse, l’œuvre et la vie, sous l’incandescence de l’enfance ultramarine.

Remaniant faits et textes, Saint-John Perse érige sa stature de poète inspiré par l’ex-île, l’exil. L’étude génétique de l’œuvre et des sources manuscrites on révélé un “auto-plagiat” fictionnel dans ce travail auto-éditorial. G. Devincenzo, synthétisant d’autres travaux auxquels réfère la bibliographie, au risque de redites, se propose de suivre l’historicité de l’œuvre en interrogeant les archives inédites, et pose la question du rapport au vrai. Pour notre part, nous objecterons en montrant la matière poétique consubstantielle à la biographie conçue comme œuvre ultime, clé d’un ensemble achevé.

Le 4 mars 1899, quand la famille Leger quitte la Guadeloupe, sonne pour Alexis (1887-1975), seul garçon d’une fratrie de cinq enfants, la fin de l’enfance. Tout un monde a disparu, un pan de vie s’effondre avec le siècle pour aborder au continent adulte. Un autre commence avec les études à Pau puis à Bordeaux. Rupture créatrice favorisant remaniements intérieurs et structuration, le sentiment de la perte irrémédiable révèle l’adolescent à la poésie. L’Éden perdu, les Antilles scintillent en lui et constellent sa destinée “nomade”.

En 1907, le décès subit de son père qui avait décidé de sacrifier l’île tropicale et la maison ancestrale   , met fin à l’espoir d’un retour ; pour le fils, c’est le renoncement définitif à son île natale : est-ce par serment, interdit superstitieux du retour, afin d’en préserver le souvenir intact ? L’exilé veut préserver le regard éloigné et les mots de l’enfance. Désormais, il fera tout pour éviter d’y revenir, mais de la Guadeloupe, de la maison de Bois-Debout, il s’informera toute sa vie. Chargé de famille, Alexis Leger choisit la diplomatie qui répond à son besoin de mouvement.

Saint-John Perse habite en poète. Son deuxième pays, c’est la langue, la poésie. La Guadeloupe et l’Enfant intérieurs nourrissent le souffle qui l’habite. Ce lieu mental, de connaissance et de rêve, est en symbiose avec le réel vécu. Sa quête identitaire à travers le monde prendra les contours de l’île natale, le ramènera vers les origines, l’arrière-pays caribéen, la créolité. De l’île propulsant l’horizon fatal du poète vont se propager des ondes concentriques couvrant la géosphère.

Le réel déceptif crée un appel à l’autocréation d’une terre, d’une entité poétique. Aimantant ses pérégrinations, l’île survenante s’universalise. Mi-lieu intemporel, elle donne accès aux ailleurs possibles où le conduit, poussé par un désir atavique, l’“embarquement” de tout son être. L’éloge du monde vaut à travers les aires infinies et les ères intemporelles explorées en une circumbulation encyclopédique.

Érudit insatiable, Saint-John Perse a accumulé dans sa bibliothèque une documentation faite de dossiers abondants et précis. D’entre ces chemises, documents annotés, fiches classées, l’auteur extrait le dossier “Caraïbe/Guadeloupe” rassemblant tout ce qui concerne le “cher pays” : courrier, brochures, guides touristiques, cartes, photos, cartes postales, publicités, compagnies maritimes, horaires des bateaux et des vols, tarifs, coupures de presse, images pour certains ici reproduits. Archè, matrice de sa création, ce sont là avec les annotations, citations, soulignements et marques du poète, des exemples de sa lecture active. Ce matériau d’écriture atteste aussi du lien entretenu, de l’ordre du souvenir et de l’imaginaire, avec sa Désirade.

La facture du poème est étudiée en parallèle avec les sources et notes de lectures, mais peut-on remonter la genèse d’une création, à partir de la documentation constituée tout au long d’une vie   ? L’examen des manuscrits a infirmé la fiction du poète inspiré rédigeant d’un jet. Les emprunts nombreux à ses lectures révèlent une pratique du collage. Cumul des savoirs et précision lexicologique sont une étape préparatoire au long travail de création. Avec des termes justes, scientifiques, techniques, rares, il use d’expressions créoles, spécifiques. À partir de ce désir d’exhaustivité, le poète pratique l’écriture in abstentia : contraction, condensation, élision et ellipse réduiront trois cents pages écrites à trente feuillets.

Recréant l’éblouissement et l’aura d’une insularité, de ses figures, le poète cultive la présence absence. L’évidence donnée de l’enfance s’est faite évidance suite au chaos de l’histoire et des éléments. Il poétise son milieu antillais, lieu pur, inatteignable des légendes, émanation et source de sa mythobiographie. Le rhapsode mémorieux qui s’entoure d’“objets talismaniques” de son ascendance créole se doit de sauver fragments et traces suivis dans le discontinu, en pointillés. Ainsi l’œuvre n’est pas un Tout, une somme, mais un “dénombrement de l’hétéroclite”.

Les racines : l’îlet, la maison, les ancêtres héroïques, le nom, les réalités insulaires, la langue créole et les Antillais centrent une île-monde, une unité, un cosmos reconquis. L’univers persien cohère par l’effusion lyrique les mondes intérieur et extérieur, le singulier et l’universel. L’arrachement, l’exil exaltent sa quête des origines. Originaires, cet ailleurs et l’Ici dont il magnifie des origines plus lointaines, antiques. Les fondations, le sacré, les cultures du vieux monde, des empires d’Orient, les Présocratiques (Empédocle, Pindare), le tao au cœur du mouvement universel, sont convoqués. L’exilé rejoint le poète chassé de la cité depuis Platon pour préférer et proférer des mythes plutôt que de s’atteler à la recherche du vrai, des idées, de l’immuable. À travers le multiple, la mètis, il renoue avec la pensée-poésie. C’est en poète que Perse mène sa quête hauturière, ésotérique (Anabase) qui épouse le souffle même de la création et les grands cycles cosmiques.

Le pouvoir invocatoire du verbe, le performatif de la poésie action qui sacre, le requièrent. À terres nouvelles, nouvelle écriture. Le voyageur, l’expatrié conjugue terre et texte, migrations, chevauchées et envolées lyriques dans le dialogue des cultures, entre l’Ouest, l’Occident et l’Extrême-Orient. Pour son écriture nourrie des confrontations au réel, à la littérature et à la pensée des autres, tout fait provisions, réservoir d’images, même des réalités antipoétiques. Il détaille ses missions à l’étranger, ses voyages et croisières, ses découvertes. En naturaliste, en navigateur, en explorateur, l’homme s’ouvre, s’informe de tout (faune, flore, géologie, courants marins, vents, hommes, folklores, rituels, langues). Il correspond avec famille et voyageurs.

D’Exil à Vents à Amers, on va des orages, de la guerre à travers tumultes et ambivalences, vers la joie, la vie triomphante. Le mythe de l’origine s’accomplit. Tout le ramène à son île, parangon de tout lieu. Le retour au pays d’enfance advient par la poésie qui l’incorpore, leitmotiv antillais avec son côté tropical : grandes et longues laisses, expressions et réalités créoles. Océan, vents, cyclone, pluies constituent le souffle de Perse. L’outremer devient centre et pivot du monde, axis mundi de l’écriture, de la profération. Balancement du verbe où rescellent les ordres, les éléments, la triple alliance dans la libre circulation du réel, du symbolique et de l’imaginaire. Amers boucle le cycle : la femme et la mer réengendrent l’île, l’enfant intérieur, un Éden sans ambiguïté pour l’éros cosmique.

Gallimard lui confie l’édition de son œuvre dans la Pléiade, accompagnée de son autobiographie, d’un choix des lettres, de l’appareil critique et des notes. Dans ce volume (paru en 1972) où la vie partage le même statut littéraire que les poèmes s’opère la rejonction de Saint-John Perse et Alexis Leger sur un mode hybride, mi-réel, mi-fictif.

La Pléiade lui offre l’occasion d’une autoréflexion sur son histoire personnelle engagée dans son temps et l’Histoire, sur ses relations littéraires et ses pratiques de lecture. Dans ce bilan et réécriture de soi, qu’il conçoit en poète, l’œuvre approfondit et accroît le lien au réel inséparable de la matière écrite. Transfigurant son parcours par l’écriture souveraine, il donne sens, à la fin de sa vie, à ce qui fut mouvant, fuyant, désorganisé. Désireux de confirmer sa vocation, il revisite l’itinéraire qui l’amène jusqu’au grand âge. Retouchant à certains passages, inventant des lettres (à Mina Curtiss, à Conrad en 1921), retaillant, ciselant afin de “parfaire la configuration circulaire de sa trajectoire au retour”, il tresse songe et réalité, vrai et faux. Il reformule pour coïncider à son mythe.

Écrite en se déplaçant, l’œuvre est sous le signe du nomadisme. Vagabond planétaire, son île est son orient, sa boussole. “Ce lien prend forme autour d’un désir de voyage en arrière, vers ses Antilles chéries” où peu à peu sédimente son mythe : l’île matrice, l’appel du souffle, de la mer l’enfantent dans sa double vocation. Ce mythe, il le consolide en révisant, en déplaçant. Les Antilles alliées à l’idée de mobilité rayonnent dans Amers et couronnent l’œuvre-vie dans l’édition de la Pléiade, où le poète trouve son centre de gravité, son unité et la forme d’une destinée. “D’Éloges à Amers et au-delà, le poète n’en finit jamais de chercher des avatars des archipels océaniens de sa naissance. […] Le monde entier prend visage des Antilles” où s’ancre et prend essor l’imaginaire persien. Sa mythologisation suit un double processus : la créolisation de son univers et l’universalisation de son île natale : “Dans un jeu d’échos où les textes poétiques et ceux de la prose se répondent sans cesse, les Antilles s’identifient tel un lieu emblématique, en un mot, originel, de tout comportement humain, fût-il le plus étranger en vérité à l’île tropicale.”

L’ouvrage témoigne aussi d’un métissage au sens où le poète-biographe entremêle à sa poésie la prose épistolaire et documentaire. L’obsession de l’histoire, des traces, des documents vérifiés, mis à jour, se conjugue à sa hantise créole, au constant souci des racines, à la peur d’oublier. Partout, en tout lieu l’île dont il procède est en lui, paysage intérieur scintillant comme un soleil, une étoile.

C’est là “une démarche qui se fait systématique dans la complexe architecture des Œuvres complètes où la rêverie sur les origines touche à sa plénitude”. Sa “route d’exil et d’alliance” aboutit à sa terre de Provence (Giens) qui par bien des aspects et par les aménagements qu’il lui apporte évoque son île. L’île matricielle, “pays replié vers un centre et ouvert sur l’infini”, exerce son magnétisme : le monde s’ordonne et se réordonne, sa “vie” se rectifie à partir de là.

Rien n’est laissé au hasard. Dans les notes, véritable atelier qui structure sa rêverie, le poète tient à ce qu’une correspondance s’établisse entre prose et poésie. Préparer cette édition, se peindre lui-même, constitue une aventure en soi qui récapitule sa trajectoire vers un projet littéraire précis. L’entreprise du poète par lui-même confirme à ce terme qui il est. L’invention d’une Vie (au sens hagiographique) constitue une œuvre en soi, œuvrée et œuvrante. Pour le poète qui n’a cessé de voyager vers le pays natal, la Pléiade marque l’étape finale de sa quête identitaire et poétique. La transfiguration d’un monde, opérée sur un mode biofictif, agrège le mythe à l’expression poétique souveraine. Le critique pose alors la question de l’authenticité. Si pour le poète (René Char) “seules les traces font rêver”, Perse poétise le réel en réécrivant les traces du passé ; sa vision guide l’orientation palimpseste.

Le retour s’effectue non au pays natal mais sur sa vie rêvée. L’œuvre pleine de son expérience lui sert de miroir. Reconstituant sa vie, le poète se taille une image en Antillais, exilé d’une terre des origines : “C’est du dialogue avec les îles que revient la fertilité poétique.” L’enfance, immanence avec le monde, pénètre tout l’œuvre. Dans sa discontinuité, celle-ci compose un poème unique : des premiers a/encrages dans l’île d’enfance vers un détachement de tout lieu, de toute époque, dans un lyrisme impersonnel et diaphane. Exil “antipoème, fait de rien”, Anabase écrit pendant l’exil clament la conquête de la Terre, le poète conquérant de soi. La méditation, le retour sur soi, le temps cyclique, les périples et découvertes du monde amènent l’homme poète à une co-naissance, au nouvel homme. Par l’intelligence des grands espaces, l’exil vers l’Occident devenu celui vers l’Ouest américain accompagne un renversement : l’épreuve devenue chance, création. Le grand dénuement restaure l’être. Le langage multipersonnel dit le triomphe de la poésie. L’arrachement, la blessure sera son lieu.

Bâtie sur des bris, la poésie restaure une histoire fulgurée et l’impermanence dans l’éclat de la présence. À nous, lecteurs, de remonter ce libre processus de toute une vie qui transforme un destin en destinée. L’homme mythifie, falsifie ? Peut-on reprocher au poète, comme on l’a fait, de “récréer sa vie”, d’en faire une œuvre d’art, un cheminement continu depuis les premiers écrits et les lettres aux œuvres d’accomplissement, d’unification ? Peut-on reprocher à un poète d’œuvrer en poète ? De déplacer les frontières invisibles du songe et du réel par des remaniements intimes, des découvertes de sens, un approfondissement ? L’infidélité eut été qu’il se conforme à la prose de l’historien (qu’il n’est pas). L’homme poursuit dans et par la création continue son processus de connaissance et d’individuation : l’œuvre (en archipel) engendrée, le met au monde de la poésie. L’île matrice et l’exil sont l’origine qui propulse l’œuvre à accomplir et l’homme à venir. L’archipel tropical s’universalise dans sa poésie-monde métissant art et vie, mémoire imaginaire créole et créolisation du sujet qu’elle unifie.

Le biographique se fait poétique : mythe de création. La poésie n’aime pas que l’on nomme lieux, dates, précisions circonstancielles. L’épique précipite et brasse l’espace et l’immémorial. Conscient de la capacité révélatrice et intégratrice de la création, Perse donne sens à son mythe qu’il veut faire partager au lecteur, le faisant entrer dans la vraie vie, le monde plus solide, poétiquement plus vrai, surréel, émanant du récitatif intime, ininterrompu.

Telle biographie autofictive, qui rompt le pacte autobiographique, ne relèverait-elle pas d’une alter-fiction ? Elle met en jeu la rétroactivité de la vérité, l’auteur s’appuyant sur sa connaissance intime, son sentiment de cohérence, d’unité. C’est mentir-vrai au nom d’une autre valeur, la vérité du soi, de son principe. Il est véridique au nom d’une beauté et vision intérieure, de la raison poétique. L’écriture de soi devient la voie mystique et mythique de communion avec l’univers en devenir, mouvant, contradictoire. Un sujet s’individuant s’éprouve, circule, s’écrit d’un bout à l’autre de son livre.

Le poète, ni historien, ni biographe, mène sa méditation ontique. La poésie toujours libre promeut le réel et la parole vivante. L’édition de La Pléiade a été pour Saint-John Perse un rendez-vous avec soi, l’occasion d’un auto-bilan, d’une autofixion où il a sculpté son image. Ni état-civil, ni fiction, l’album qui le contient et retrace, parachève sa quête, crée un espace psychique et littéraire travaillé par l’imagination créatrice. Le haut dire éclaire un univers de relations dynamiques, une lecture complexe et une expérience fondatrice. Le livre est la consécration de l’identité principielle, d’une identité poète.

Lorsque Gallimard le lui confia, “c’est une poésie d’action qui s’est engagée là”   . Ce volume, “un tout cohérent face auquel le lecteur ne peut que s’émerveiller”, est son dernier recueil ; il donne son image à la postérité, un temple de marbre où circule le souffle.

L’homme et son dessein sont inséparables. Tel le montre Oiseaux dont “le thème semble avoir hanté toute sa vie Saint-John Perse”   . Le poète s’est dépeint comme Braque a peint ses Oiseaux, non oiseaux-signes littéraires, légendes, symboles, “mais du réel qu’ils sont, non de la fable d’aucun conte, ils emplissent l’espace poétique de l’homme, portés d’un trait réel jusqu’aux abords du surréel”, “ses oiseaux effilés comme des sophismes d’Éléates sur l’indivisibilité de l’espace et du temps, s’ils éternisent au point fixe le mouvement même du vol, n’ont rien du papillon fixé par l’épingle viennoise de l’entomologiste […]”   . “Ascétisme du vol !… L’être de plume et de conquête, l’oiseau, né sous le signe de la dissipation, a rassemblé ses lignes de force.” Le chant VII semble décrire l’action du poète-éditeur : “Cette activité qui demeure combustion. Tout à l’actif du vol, et virements de compte à cet actif.”

D’une vie, ne garder que la trace, l’épure, le souffle : “matière oiseau si légère”, “sa grâce est dans la combustion”. D’un trait, d’une seule ligne ample, infinie, rassembler le plein et le vide, la forme et l’élan, mais “greffon plutôt qu’extrait, synthèse plus qu’ellipse”, le “mystère d’une identité : l’unité recouvrée sous la diversité”, “c’est l’unité renouée et le divers réconcilié”, une intégrale dans l’hybridité en tout   . Le poète travaille à “cette concision d’une fin qui rejoint son principe”. L’oiseau synthèse de Braque contient cette unité ontologique et écologique : “Oiseaux, nés d’une inflexion première pour la plus longue intonation… Ils sont, comme les mots, portés du rythme universel ; ils s’inscrivent d’eux-mêmes, et comme d’affinité, dans la plus large strophe errante que l’on ait vue se dérouler au monde”. “Inallusifs et purs de toute mémoire, ils suivent leur destin propre […]. L’innocence est leur âge. […] Et s’élèvent au songe dans la même nuit que les hommes.”

La vie comme éloge ouvre l’horizon et donne à vivre – deux lignes de crête ! Loin d’être un simulateur, un rétenteur, un falsificateur, dans sa lignée de penseurs, de passeurs et de découvreurs, Saint-John Perse “nous mène loin, loin de tout ce qui nous éloigne”   . Il n’est pas l’“imposteur” (selon Francis Ponge), mais le Donateur