Après le pacte écologique de Nicolas Hulot, voici le pacte pour l’Egalité d’Olga Trostiansky. Cette adjointe au maire de Paris chargée de la solidarité, de la famille et de la lutte contre l’exclusion travaille d’arrache-pied à faire émerger au sein de la classe politique française une culture de l’égalité entre les hommes et les femmes, grâce au lobby qu’elle a créée, le Laboratoire de l’Egalité. Avant d’approcher l’ensemble des candidats à la présidentielle, elle a surtout tenté de convertir son propre camp à la revendication explicite d’une politique paritaire et soucieuse de la place des femmes dans la société. Le jeu de dominos fonctionne, puisque Manuel Valls (le 16 juin), Martine Aubry (21 septembre), Jean-Michel Baylet (le 26 septembre) et François Hollande (le 27 septembre) ont tous signé le pacte, et Ségolène Royal et Arnaud Montebourg s’apprêteraient à le faire.

Le pacte pour l’Egalité tient en quatre ou plutôt sept revendications majeures :

- La parité et l’accès des femmes aux responsabilités : par la suppression du financement des partis politiques qui ne respecteraient pas les règles de parité, et une législation sur la parité dans toutes les instances de décision publiques et privées.

- L’égalité salariale et la lutte contre la précarité dans le travail : par la baisse de 10 points de l’écart moyen de salaires hommes-femmes en 10 ans, et la pénalisation du recours au temps partiel subi.

- La valorisation de l’implication des pères et la conciliation des temps de vie : par la création de 500 000 places d’accueil des jeunes enfants en cinq ans, et la transformation du congé parental en un congé plus court, mieux rémunéré et partagé obligatoirement par les deux parents.

- Le partage d’une culture de l’égalité : par la lutte contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge, la formation du personnel éducatif et une campagne d’intérêt général sur la lutte contre les stéréotypes de genre.

 

Un féminisme de circonstance ?

C’est Manuel Valls qui a initié le mouvement en accueillant les 2 et 3 juillet derniers les journées d’été des "Féministes en mouvement" dans sa ville d’Evry, relayées par la force de frappe médiatique d’Osez le féminisme (OLF).  "Dans la société, l’économie, la politique, le machisme et le sexisme gagnent énormément de terrain. Je suis effrayé par ce qui se passe parfois." (Libération, 27 septembre 2011). Pas au point de considérer comme "centrale" la campagne lancée par OLF et les Chiennes de Garde pour supprimer la case "Mademoiselle" des formulaires administratifs et civils. Néanmoins, son initiative est passée plus inaperçue que celle de Martine Aubry, qui a organisé son premier meeting parisien autour de ce thème. Après avoir pris ses distances avec DSK par une phrase remarquée- "Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l’attitude de Dominique Strauss-Kahn"- la maire de Lille cherche à séduire l’électorat féminin en proposant un grand ministère des Droits de la femme et l’entrée de Simone de Beauvoir au Panthéon. Cette stratégie est portée dans son équipe de campagne par Caroline de Haas, une des fondatrices d’OLF, à l’origine de cette tribune de soutien à sa candidature récemment publiée par Mediapart

Ségolène Royal, soutenue par Yvette Roudy, la première ministre des droits des femmes de 1981 à 1986, qui voit en elle "le féminisme par la preuve", a profité de l’affaire DSK pour rappeler une de ses priorités en la matière : "l’une des principales discriminations contre laquelle nous avons à lutter dans notre société, c’est le harcèlement sexuel subi par les femmes en situation de précarité sur leur lieu de travail, notamment les femmes seules, mères de famille, qui n’ont pas le choix et qui subissent le harcèlement car elles ont peur de perdre leur boulot." (Libération, 24-25 septembre). La présidente de la région Poitou-Charentes défendait déjà dans sa Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions la suppression du financement des partis qui ne respectent pas la parité. Tout comme Arnaud Montebourg, dont la compagne, la journaliste Audrey Pulvar, lui a reproché une blague machiste à la télévision récemment, elle n’a pas encore signé le pacte pour l’Egalité. En revanche, François Hollande et Jean-Michel Baylet l’ont également signé sans communiquer davantage sur le sujet. Si l’on se fie aux deux premiers débats télévisés entre les six candidats, il y a encore du chemin à parcourir pour que la parité rejoigne l’écologie au rang des priorités de la campagne présidentielle

 

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