Un monstre doux s'est-il emparé de l'Occident ? Un sentiment diffus mais palpable que le divertissement est un refuge plus sûr que toutes les éreintantes luttes politiques ne gagne-t-il pas nos esprits ? Le Monstre Doux conçu par Raffaele Simone a ce double visage à la fois souriant et menaçant. Il façonne notre société mondialisée et consumériste où il fait bon être jeune, cool et apolitique. Les valeurs de gauche y apparaissent désuètes et artificielles. Pourquoi ? 

 

Publié pour la première fois en août 2008 en Italie, l'essai Le Monstre Doux. L'Occident vire-t-il à droite ? pouvait apparaître comme une énième analyse de la déshérence idéologique de la gauche. Noyé dans l'actualité de la seconde reconquête du pouvoir par Silvio Berlusconi, le livre a presque laissé les observateurs italiens indifférents. Puis, le monstre est peu à peu sorti de sa tanière. La revue Le Débat y a d'abord consacré un numéro spécial à la rentrée 2009, en publiant un article de Raffaele Simone résumant les thèses de son livre, et plusieurs réactions d'Ernst Hillebrand, Marc Lazar et Giacomo Marramao. Le débat fut ranimé dans le numéro de mars-avril 2010 grâce aux contributions des chercheurs Laurent Bouvet et Maxime Lefebvre et des hommes politiques Pierre Moscovici et Henri Weber. La Fondation Jean-Jaurès organisa une rencontre en janvier 2010 entre l'auteur et Laurent Fabius dans le cadre d'une réflexion sur "La gauche à l'heure de la mondialisation". Enfin, Le Monde Magazine fit de la controverse ouverte par Simone sur la domination d'une droite décomplexée sa Une en septembre dernier. 

 

Si le cheminement de ce livre n'a pas été linéaire, son retour récent dans le débat politique français traduit une attente que Nonfiction.fr a voulu mettre en lumière. Ce dossier comprend : 

 
 

- Une critique du livre de Raffaele Simone, Le Monstre Doux. L'Occident vire-t-il à droite ?, par Pierre Testard. 

 

- Une interview de Marc Lazar, historien de l'Italie contemporaine et spécialiste des gauches européennes.

 

- Un éclairage sur la réception de cet ouvrage en Italie, par Francesco Dendena.  

 
 

* Ce dossier a été coordonné par Lilia Blaise et Pierre Testard.