A l'occasion des 15 ans de Nonfiction, Christophe Fourel revient sur sa relation avec le site.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis économiste de formation et mon parcours professionnel m’a conduit à me consacrer aux questions sociales. Je travaille aujourd’hui au Ministère des Solidarités. Mes activités militantes quant à elles me portent plus vers les questions écologiques. Mon dernier livre (écrit avec Clara Ruault) est une contribution à l’histoire et à la compréhension de l’écologie politique en France à travers l’examen de deux penseurs incontournables aujourd’hui que sont Herbert Marcuse et André Gorz. Le livre s’intitule « Ecologie et révolution », Pacifier l’existence. Il reprend le titre qu’André Gorz (alias Michel Bosquet) avait donné au colloque organisé en Juin 1972, il y a exactement 50 ans. Au moment de la parution du rapport Meadows (traduit en français sous le titre « Halte à la croissance »).

Quand et comment avez-vous croiser la route de Nonfiction.fr et quelle est votre contribution ?

J’ai croisé la route de Nonfiction.fr lorsque j’étais Directeur Général de l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives (ANSA) fondée par Martin Hirsch. Frédéric Martel, qui était associé à la création de cette nouvelle agence visant à promouvoir l’expérimentation sociale, venait de lancer Nonfiction.fr et cherchait des locaux pour installer son équipe. Je lui ai alors proposé de s’installer avec l’ANSA, passage du Génie ( ! ) dans le 11ème arrondissement de Paris. Ainsi j’ai pu suivre aux premières loges le développement de Nonfiction.fr. Frédéric a profité de cette proximité géographique pour me demander de contribuer au site. Ce que j’ai évidemment accepté avec enthousiasme. 

Qu’est-ce qui vous plait dans Nonfiction.fr ?

C’est la diversité des sujets abordés sans céder aux modes du moment. Les critiques publiées sont de haut niveau. Elles ne se contentent pas de faire un résumé du livre traité mais elles incitent souvent à aller au-delà des thèses proposées dans l’ouvrage. Malgré son titre, le site n’hésite pas à flirter de temps à autres avec le monde de la fiction et du roman lorsque le sujet s’y prête et se justifie. En cela, Nonfiction.fr cultive l’ouverture et n’enferme pas la non-fiction dans un carcan trop resserré. On y trouve aussi des entretiens assez stimulants avec des auteur-e-s qui permettent de dévoiler les origines et les motivations premières du livre qu’ils-elles viennent de faire paraître. Remonter aux sources de l’inspiration et retracer le cheminement intellectuel qui à mener à publier est toujours stimulant.  

Quel est l’article dont vous êtes le plus fier ?

Le premier publié au lancement du titre. Il s’agissait d’une recension de premier livre d’André Gorz (dont j’étais un ami proche) : Le Traitre. Paru en 1958, il venait de faire l’objet d’une réédition en poche chez Folio. Ce livre est fascinant car il crée son auteur. Après sa publication André Gorz va devenir un des intellectuels les plus influents en France notamment dans les milieux politiques et syndicaux. Il deviendra également dès le début des années soixante-dix un des penseurs pionniers de l’écologie politique en France.

Mais je suis aussi fier du dernier article que je viens de publier. Il s’agit d’une recension du livre de Pierre Rosanvallon, Les épreuves de la vie, qui s’efforce de donner une grille de lecture novatrice de la société mais également des outils pour en comprendre les évolutions. Ce livre est important et, à mon avis, il fera date.