Destiné aux familles et enseignants, ce livre présente clairement les tests de QI, les suspicions de troubles associés qu’ils permettent de faire et les prises en charge qui en découlent.

Avec « Tests de QI : et que faire après ? », Sébastien Vaumoron propose la première étude comparative des trois tests de QI (échelles d’intelligence de Wechsler) qui sont utilisés dans l’Education Nationale, mais aussi par les professionnels paramédiaux et médicaux pour contribuer au diagnostic des troubles des apprentissages, du Haut Potentiel Intellectuel (HPI), des troubles « dys », du Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité (TDA/H), et des Troubles du Spectre Autistique (TSA).

Destinée au grand public (familles, patients, enseignants), cette étude présente dans le détail ces trois tests actuellement en vigueur (WPPSI 4, WISC 5 et WAIS 4) pour le diagnostic de populations allant l’âge de 2 ans ½ pour le premier, à la veille des 80 ans pour le dernier. Elle présente également l’ancienne version du WISC (le 4), en usage jusqu’à fin 2016, et qui s'adressait quant à elle aux enfants de 6 à 16 ans.

 

Les tests de QI en pratique

Dans la première partie de ce livre, l’auteur développe les éléments de fonctionnement cognitif que chaque épreuve des tests permet de mesurer : le système de cotation avec la note brute, puis la note standard, leur regroupement par domaine cognitif en Indice et, enfin, le calcul du Quotient Intellectuel. Il explique également ce que les subtests permettent d’observer durant la passation sans que cela donne lieu à une cotation : attention, distraction, planification, flexibilité, fonctionnement langagier, neurovisuel/oculomoteur etc. Ce dernier point permet de compléter l’analyse que les scores proposent pour aller vers une analyse davantage qualitative du test.

L’apport de cet ouvrage est de proposer une seconde analyse complémentaire des épreuves en se fondant sur les recommandations du manuel d’administration qui suggèrent de ne pas toujours arrêter l’épreuve après les 2 ou 3 échecs consécutifs protocolaires indiqués dans le cahier de passation, afin de pousser le candidat au maximum de ses capacités de réflexion et de mémoire si l’examinateur pense qu’il n’avait pas atteint son maximum. En effet, dans une épreuve de 15, 20 ou 30 items classés du plus simple au plus complexe, échouer 2-3 fois de suite n’indique pas toujours que le patient est arrivé à son maximum. Des difficultés neurovisuelles, attentionnelles, de langage, etc. peuvent le mettre en échec sur quelques items particuliers alors qu’il réussira des items plus complexes par la suite. Sébastien Vaumoron propose alors d’évaluer ce « niveau maximum de difficulté résolue » en plus de la note standard obtenue. Cela permet d’apporter des éléments d’analyse neuropsychologique supplémentaires à la compréhension du fonctionnement cognitif du patient, d’aider à déclencher la suspicion de troubles associés et, parfois, d’indiquer des éléments de Haut Potentiel Intellectuel justement masqués par ces difficultés cognitives.

 

Idées reçues et réalités

L’auteur aborde ensuite la question des « idées reçues » concernant certaines épreuves. Par exemple le fait que, contrairement à ce que pourrait laisser croire son appellation, le subtest Vocabulaire ne permet pas d’évaluer le stock lexical d’une personne mais sa capacité à définir un concept.

Il propose également des notions plus avancées sur la compréhension et l’analyse des tests, soulignant que le test n’est pas écologique, c’est-à-dire qu’il est passé dans des conditions de réflexion et de mémorisation très différentes de celles qu’un élève peut connaître en classe, ou un adulte au travail. En effet, dans le bureau du praticien, personne d’autre ne parle, ne bouge, et les subtests de logique ou de mémoire isolent les fonctions cognitives. Or, pour résoudre un problème scolaire, il faut mobiliser de l’attention auditive, visuelle, de la mémoire à court terme et de travail, se rappeler d’autres notions, commencer à résoudre le problème, résister aux distractions que peuvent constituer quelqu’un qui chuchote à côté, ou qui bouge dans le champ visuel. Sans oublier qu’il faut aussi se rappeler de l’orthographe lexicale et grammaticale si la résolution du problème se fait par écrit. Ainsi, des difficultés cognitives peuvent s’observer en classe ou au travail du fait de la multiplicité des tâches à faire en même temps ; or ces difficultés sont souvent peu visibles dans le bureau du praticien lors du test de QI, où le contexte de passation est très éloigné du contexte de travail habituel.

L’auteur aborde ensuite la triade psychologique souvent évoquée pour les élèves : confiance en soi, estime de soi et anticipation anxieuse, expliquant concrètement que celle-ci peut être d’origine cognitive et non psychologique. Dans ce cas, il préconise de ne pas chercher à développer la confiance en soi et l’estime de soi, mais plutôt de réduire les difficultés cognitives qui les produisent.

Enfin, il examine la question du Haut Potentiel Intellectuel dans le test de QI sous l’aspect de l’avancement de développement (« précocité ») par rapport aux tranches d’âges des tests de QI.

 

Un panorama des profils cognitifs

La seconde partie de ce livre est consacrée à l’analyse détaillée d’une vingtaine de tests de QI, allant de l’âge de 2 ans 8 mois avec le WPPSI 4, jusqu’à 52 ans au WAIS 4, en passant par le WISC 4 et le WISC 5. Chaque test y est analysé à partir du QI, des indices et des notes standards. Quand cela est possible et utile, il propose une évaluation du « niveau maximum de difficulté résolue » en complément des notes standards pour affiner l’analyse neuropsychologique. Enfin, il indique des préconisations de bilans complémentaires et prises en charges possibles pour remédier aux difficultés observées.

La diversité des tests présentés est très large, avec des tests de personnes ayant un développement inférieur à la norme de leur tranche d’âge, d’autres dans la norme, et certains au-dessus avec le Haut Potentiel Intellectuel. L'ouvrage présente aussi des tests de patients ayant des troubles « dys » déjà diagnostiqués ou en cours de diagnostic (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie), tout comme des troubles neurovisuels / oculomoteurs. Le cas échéant, et en lien avec l’anamnèse du patient, les éléments faisant des suspicions de Trouble du Déficit de l’Attention sont relevés, tout comme ceux évoquant un éventuel Trouble du Spectre Autistique de type « syndrome d’Asperger ».

Enfin, deux tests de QI d’adolescents (WISC 4 et 5) diagnostiqués TDA/H et mis sous traitement par méthylphénidate sont proposés, avec la découverte des difficultés attentionnelles qui peuvent subsister malgré la mise sous médicament.

 

Ainsi, ce « guide pratique » destiné aux familles et aux enseignants s’attache à expliquer ce qu’est un test de QI, comment il est construit, ce qu’il permet de mesurer et d'observer, et ce que l’on peut concrètement faire après l’avoir passé. Les exemples sont clairs et précis, tous appuyés sur des exemples de tests de QI. Il est préfacé par le Dr. Alain Pouhet, spécialiste du développement neuropsychologique de l’enfant, formateur et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.