Si la bande dessinée a désormais gagné sa place dans les rayons des bibliothèques, les bibliothécaires ne disposaient pas encore d’un livre pour les aider à l’appréhender, l’acquérir et la valoriser.

La bande dessinée est un secteur extrêmement porteur en bibliothèque. Les différents baromètres du prêt du Ministère de la Culture montrent la même dynamique depuis plus de dix ans : un taux d’emprunt devançant la fiction adulte et un ratio entre les acquisitions et les emprunts extrêmement favorable. Les résultats des différentes enquêtes sont d’autant plus parlants qu’ils ne concernent parfois pas la bande dessinée jeunesse, laissant imaginer des chiffres globaux encore plus impressionnants. Des statistiques auxquelles il faudrait ajouter la lecture sur place, très importante, de bandes dessinées.

Malgré un succès public, et si la vision d’un secteur méprisé ou réservé aux enfants a disparu des discours des bibliothécaires, le domaine de la bande dessinée reste cependant largement méconnu. Un problème d’autant plus criant que de multiples représentations peuvent implicitement guider les choix des professionnels : de la bande dessinée comme pis-aller vers les autres livres à l’offre de productions riches de spécificités et d’une pertinence artistique, historique ou sociale particulière. Face à cette complexité, la bande dessinée a souvent été laissée comme un secteur presque autosuffisant, ne nécessitant pas un travail de médiation particulièrement important puisque moteur quoiqu'il en soit.

Le paradoxe entre un secteur dynamique et majeur en bibliothèque et l’absence de toute boite à outils pour les bibliothécaires n’en était que plus criant. D’autant que le succès auprès du public ne rend pas automatiquement aisée la politique documentaire à mettre en œuvre. Ce vide à combler est à l’origine de Bande dessinée en bibliothèque, premier livre à se consacrer entièrement à ce seul sujet, et jusqu’ici uniquement exploré à travers des articles, revues ou mémoires universitaires. Pensé et rédigé par des bibliothécaires, documentalistes et médiateurs, cet ouvrage ne se veut pas une thèse ou une analyse du milieu, mais bien un outil apte à répondre à différentes questions que se posent quotidiennement des professionnels en charge d’un fonds bande dessinée.

Pour ce faire l’ouvrage comprend quatre parties. La première, la plus historique, présente les origines, conditions et évolutions du secteur. Elle permettra de bien comprendre l’objet bande dessinée et de le replacer dans un contexte plus large. La deuxième vise à dresser un panorama du secteur en termes de perception, de marché et d’offre disponible, afin de se retrouver dans la jungle éditoriale. La troisième étudie concrètement les aspects techniques de la bande dessinée en bibliothèque, en présentant les questions de classification, d’espaces, de fonds spécifiques, etc. La quatrième se consacre aux questions de médiation en s’appuyant sur de nombreux exemples concrets.

Comme tout ouvrage voulant faire le tour d’un sujet, a fortiori le premier à le faire, il comporte sans doute des manques. Il offre toutefois de manière synthétique un objet pouvant se lire en intégralité, ou en partie, afin de piocher des réponses ici où là en fonction des besoins. À cet effet, les contributeurs se sont fondé sur les données et les ressources les plus récentes et ont ponctué l’ensemble d’entretiens, d’exemples et de textes offrant un retour d’expérience sur des expérimentations concrètes.

 

Un ouvrage dirigé par Maël Rannou avec des contributions de Julien Baudry, Benjamin Caraco, Pierre-Laurent Daures, Muriel Desvoix, Mikaël Pengam, Annaïg Plassard, Antoine Torrens et Delphine Ya-Chee-Chan.