Evelyne Lever réédite un petit livre sur son idole à l’occasion de l’exposition sur Marie-Antoinette au Grand Palais.

Marie-Antoinette. La dernière reine présente, en peu de mots, une image contrastée de la souveraine la plus branchée du moment.  On y trouve les qualités communes à la plupart des livres publiés chez Découverte Gallimard : concision, simplicité, pertinence de l’iconographie. D’abondants portraits de la reine et images de son environnement illustrent judicieusement l’ouvrage. Les légendes détaillées permettent un approfondissement de certains points précis ; si on a l’esprit chagrin, on dira qu’elles tombent souvent dans l’anecdote. Voyons plutôt cela comme un intermède récréatif et agréable.

En vérité la formule reste bonne, car elle distingue clairement deux niveaux de lecture, qui facilitent un parcours rapide de l’ouvrage, très suffisant pour en retenir l’essentiel. La même idée préside à l’intégration de documents à la fin de l’ouvrage, où sont rassemblés des témoignages qui donnent une image nuancée de l’"Autrichienne", dont quelques incontournables – Mémoires de Madame Campan, pamphlet violent, interrogatoire de la "veuve Capet". On apprécie d’ailleurs qu’Evelyne Lever ne se laisse pas charmer par son personnage, et s’efforce toujours de garder la mesure. À cet égard, l’étonnant portrait qui ouvre le livre, extrait des Mémoires d’Alexandre de Tilly, donne le ton.

Cent fois sur le métier la très médiatique historienne a remis son ouvrage, s’imposant comme la plus célèbre spécialiste en France de Marie-Antoinette : ce fascicule n’est donc que la synthèse de très nombreuses monographies bien plus conséquentes sur son sujet de prédilection. On ferme pourtant l’ouvrage avec quelques regrets. Il est notamment dommage que la bibliographie ne soit pas plus à jour. Certes, le libellé "Principales biographies de Marie-Antoinette et de Louis XVI" est un paratonnerre efficace, mais on peut contester le choix de l’auteur pour qui, visiblement, rien de notable n’a été écrit depuis 1991. C’est par exemple faire peu de cas de l’intéressant ouvrage que M. Jean-Christian Petitfils a consacré à Louis XVI – pour ne citer que lui. 

Par ailleurs, ce livre est destiné à un public large et non spécialiste ; il répond par conséquent à des visées éminemment didactiques. C’est pourquoi on peut regretter qu’une place plus importante n’ait pas été faite à ce que signifiait réellement être "reine de France". L’idée semble pourtant questionner l’auteur, qui titre "La dernière reine". Mais sans doute l’historienne n’a-t-elle pas voulu supprimer quelques anecdotes attendues pour pouvoir développer longuement cette problématique tout en respectant le format de la collection.

Reste que ce petit livre réussit quand même à poser en peu de pages les principaux jalons de la vie d’une "reine de tragédie". Il affiche un réel sérieux, mais sans austérité : les fans de Sofia Coppola sont aussi dans leur élément. Evelyne Lever propose au lecteur profane une première approche du personnage finalement assez équilibrée. Pendant qu’essaiment les publications sur la reine devenue la plus people de l’histoire de France…


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Crédit photo : mharrsch / Flickr.com