Un aperçu inédit de la vie privée de François Mitterrand à travers sa correspondance et son journal destinés à sa maîtresse Anne Pingeot.

L’année 2016 marque le centenaire de la naissance de François Mitterrand. A cette occasion, Gallimard, après avoir publié en 2015 une biographie écrite par l’historien Michel Winock, rassemble en deux livres inédits les lettres et le journal que l’ancien Président a écrit pour celle qui fut sa maîtresse du début des années 1960 jusqu’à sa mort, Anne Pingeot. Celle-ci s’était livrée pour la première fois à un journaliste britannique Philip Short, auteur d’une biographie récente de Mitterrand   .

Les plus de mille deux cents lettres qui composent Lettres à Anne ont été rédigées de 1962 à 1995. La majorité d’entre elles date des années 1960, où Mitterrand est épistolier assidu : « Si je me laissais aller je vous écrirais chaque jour car chaque jour j’ai quelque chose à vous dire. […] Je ne manque pourtant ni d’amis ni de travail. Je n’ai besoin ni de meubler une oisiveté ni d’élargir mes échanges. Au surplus – le croiriez-vous ? – je n’ai jamais eu la patience de noter quotidiennement, à l’usage de qui que ce soit, mes observations et mes sentiments.    » Les deux septennats ne sont quasiment pas couverts par leur correspondance ; plus généralement, il s’agit avant tout de lettres d’amour et le politique n’y occupe qu’une place secondaire. Certaines années, Mitterrand écrit presque quotidiennement, alors qu’ils se voient quasiment tous les jours. Le rythme de leur correspondance reflète celui de sa carrière politique : les années 1970 marquent un premier ralentissement   , entériné à la fin des années 1970 par un début de vie commune clandestine et confirmé, au début des années 1980, par son élection en tant que Président de la République. Mitterrand continue d’affectionner l’écrit ; les voyages présidentiels sont pour lui l’occasion de reprendre la plume, parfois le temps d’une carte postale laconique   . Et cela jusqu’à la fin de sa vie, puisque malade et en séjour à Belle-Ile en septembre 1995, il lui écrit à nouveau : « Il y a si longtemps que je n’avais repris cette correspondance : méfie-toi, j’y goûte ce quelque chose d’unique dont on ne se défait pas aisément !    » Leur correspondance se substitue longtemps à une potentielle vie commune comme en témoigne le tarissement de celle-ci une fois arrivé à un modus vivendi leur permettant de se voir plus souvent.

En sus d’une abondante correspondance entamée dès les premiers mois de leur relation, Mitterrand se lance assez rapidement dans la rédaction d’un Journal pour Anne, qui s’étend de 1964 à 1970. Objet atypique, ce journal se compose à la fois d’entrées manuscrites – souvent entrecoupées d’extraits découpés –, de collages, de revues de presse – comprenant notamment ses discours et articles –, de cartes postales de lieux visités ensemble ou de reproductions de sculptures et des dessins offerts par Anne Pingeot. Le députe de la Nièvre qu’il est alors revient sur sa carrière politique, ses centres d’intérêts éclectiques et entretient une connivence amoureuse avec la destinataire de ce journal, écrit sur 22 blocs de papier à lettre bleu. Se distinguant des lettres, véritables déclarations d’amour quotidiennes, le journal tient lieu de chronique : « Ce journal était fait pour cela : transcrire au moment même mes pensées et mes sentiments. Lis-le, mon Anne bien-aimée, avec tendresse.   […] Mais raconter, pour que notre mémoire s’enrichisse des détails, est la mission de ce journal de notre vie    ». Il contribue à incarner une relation épistolaire, entrecoupée de nombreuses absences et séparations. La majorité des entrées se concentre sur les années 1964 et 1965 et livre donc un témoignage rare – et presque quotidien – sur les tractations et les hésitations autour de sa candidature tardive à l’élection présidentielle de 1965 contre le Général de Gaulle. En conséquence, le journal s’interrompt le 18 octobre 1965, vraisemblablement en raison de l’intensité de la campagne, pour ne reprendre que le 1er janvier 1966 avant de s’arrêter à nouveau en mai 1966 et cela pour trois ans. Un abécédaire poétique vient clore le journal en 1970.

 

L’amoureux

Les lettres de Mitterrand témoignent d’un amour fou, qui évoque certaines pages de Belle du seigneur, mais aussi dérangeant compte tenu de la différence d’âge entre les deux amants (presque trente ans). Cette honnêteté laisse à croire à une absence de caviardage par la destinatrice. Mitterrand est charmé par cette dernière, par sa curiosité, son intensité et son goût du travail, autant de traits de caractère qu’ils partagent. Leur correspondance prolonge leurs entrevues du vendredi à l’angle des Blancs-Manteaux   . Elle reflète la passion de Mitterrand pour la jeune Anne : « Eh bien, c’est simple : j’ai envie de vous voir. Faut-il inventer une formule plus diplomatique pour vous exprimer cette modeste évidence ?    » Mais aussi leurs anicroches passagères comme lorsqu’il déplore la rareté de leurs entrevues, qu’il exprime clairement sa jalousie ou reproche l’absence de lettres ou de trop courtes missives. S’il lui écrit de très beaux poèmes   , il doit également la rassurer par moment sur la vigueur de ses sentiments : « Anne, ne t’y méprends pas, je t’aime de toute mon âme ! Je ne me raconte pas un roman. Tu n’es pas un personnage-objet dans une histoire close quand le livre est fermé.    »

Plus tard, cette passion épistolaire atteint également sa fille Mazarine à qui il écrit dès son plus jeune âge   ; ce que celle-ci ne manque pas de lui rendre en brossant son portrait à treize ans   . Ses lettres d’amour écrites à la fin de sa vie, alors qu’il est physiquement affaibli par la maladie, sont émouvantes et conservent de leur intensité des premiers jours de leur amour. Ainsi, en septembre 1995, alors en vacances à Belle-Île : « Je n’arrive pas à comprendre comment un amour peut à ce point vaincre le temps. […] Tu m’as toujours apporté plus. Tu as été ma chance de vie. Comment ne pas t’aimer davantage ?    »

Anne s’impose rapidement comme la confidente attitrée de cet homme réputé pour son goût du secret. Mitterrand écrit ainsi en novembre 1963 : « Et j’aime être avec vous. Tandis que je n’ai qu’un goût modéré pour ces échanges avec le public, toujours inconnu, qu’il faut convaincre avec des discours et des idées, tâche absurde quand on sait que seuls l’amour, les actes et l’exemple ont une force conquérante.    » A son contact, celui qu’elle surnomme le « coquillage » se livre : « l’un des attraits que je découvre à nos rencontres est l’extrême facilité avec laquelle nous dépassons le seuil des conversations convenues pour atteindre une sorte de vérité intérieure, qui est précisément le contraire de la solitude. C’est, croyez-moi, un rivage où l’on aborde rarement.    » Mitterrand s’interroge d’ailleurs sur le danger que représente cette franchise mise par écrit : « Est-ce raisonnable en effet ? Je m’y exprime à ma guise et sans précautions. Bref, le type même de ce qu’il vaut mieux garder pour soi.    » Néanmoins, en dehors de quelques commentaires peu amènes sur ses contemporains politiques – et qui ne révèleront des inimitiés que pour ceux qui ignorent l’histoire de la Ve République –, le futur Président de la République se montre peu prolixe en commentaires et confidentialités politiques.

Cet amour démesuré sur le papier serait à nuancer en réalité, selon d’autres sources, dont Anne Pingeot elle-même. Si ses mots disent indéniablement son amour pour Anne, ils expriment aussi un grand narcissisme, ce que sa maîtresse ne manque d’ailleurs pas de relever : « Vous m’avez dit que mes lettres vous donnaient souvent l’impression de s’adresser à moi-même.    » Les lettres oscillent entre sincérité et mise en scène : « Mais ces lettres n’auraient pas de sens si elle n’étaient pas le récit, sur le vif, de mon histoire intérieure    ». Leur style littéraire (par)achevé (« Mes lettres sont “trop belles” et j’en prends pour mon hiatus !   ) » donne le sentiment que la correspondance semblait destinée, tôt ou tard, à une publication   .

 

L’homme politique

Bien qu’il s’agisse principalement d’une correspondance amoureuse, la vie politique de Mitterrand transparaît inévitablement, en particulier quand il décrit son quotidien pour satisfaire la curiosité d’Anne, partager des moments où elle est absente ou encore pour l’amuser. Ce récit d’une journée de janvier 1964 l’illustre à merveille :

« Pour votre édification, Mademoiselle des Métiers d’art, voici la journée d’un député-conseiller général de la Nièvre. […] Le conseil général (vous pouvez l’ignorer sans honte) est une assemblée sérieuse, confite dans ses adductions d’eau, son électricité, ses routes, ses hôpitaux et qui gère un budget de 4 milliards pour les 260 000 habitants de ce département. […] Que font 3 Français (ou 25) dès qu’ils sont réunis ? Des discours. […] Après quoi la commission des finances l’a absorbé – mais je n’en jurerais pas : on l’a vu griffonner des papiers sans rapport apparent avec les questions traitées – jusqu’à l’heure du déjeuner. […] Ce que se sont dit ces honorables messieurs était certainement très intéressant. Mais la rumeur n’en est pas venue jusqu’à moi. Je supposerai que, selon la coutume, ce fut un mélange de considérations sentencieuses et de gauloiseries. Peu importe, au demeurant. La face du monde n’en sera pas changée. […] des maisons qui sentent le style notaire. Quelle peine d’avoir à vivre en retenant le souffle de peur de respirer la contagion de la petitesse, de l’avarice, de la jalousie, du cœur sec !    »

Mitterrand donne ici dans la description balzacienne où pointe le mépris derrière la mise en scène du détachement. De nombreuses lettres relatent des visites de sa mairie, de sa circonscription et de son département, entre meetings, réunions et repas avec des amis ou soutiens (le « turf politique »). Avec « pantoufle », le surnom qu’il donne à sa DS, il avale les kilomètres entre Paris, Nevers, Château-Chinon, Hossegor et Latche   Ces lettres font état d’un emploi du temps bien rempli   entre définition de programmes, intrigues politiciennes ou questions plus courantes d’un élu local (réunion de syndicats de collectivités territoriales, projets architecturaux locaux, gestion de la bibliothèque municipale, etc.).

A la description du quotidien, Mitterrand adjoint l’art du portrait politique. Quelques phrases suffisent, comme celles consacrées à un baron local : « A Luxeuil j’étais l’hôte d’un sénateur radical, ancien ministre de l’Air, Maroselli. Corse implanté en Franche-Comté, il règne sur son département depuis trente ans. Important, il ne sait rien. Sûr de lui, il ne bouge que du vent. Mais c’est un brave homme qui aime sincèrement les gens de son petit pays.    » Les grandes figures de la politique de la IVe République bénéficient – ou pâtissent – aussi de portraits pénétrants : Guy Mollet   et Pierre Mendès-France   par exemple.

Ces descriptions d’hommes politiques sont bien sûr colorées selon l’affection qu’il leur porte. Et, dans les années 1960, les socialistes avec leur héritage marxiste en bénéficient peu : « Je discerne le défaut de l’armure et je me désole de tant d’élans sincères vers la justice rongés par l’acide du sectarisme verbal.    » Le jugement de Mitterrand sur les hommes est fortement lié au langage et à l’importance qu’il lui accorde ; ce qui explique peut-être, avec la maîtrise des émotions, sa domination sur la Deuxième Gauche, par rapport à un Rocard plus soucieux de l’exposition de la raison   . Ainsi, à propos du Club Jean Moulin : « Contact intéressant. Mais comment pourrait-il être productif ? Leur langage ne connaît pas autre chose que l’abstraction juridique. Il leur faudrait aller plus souvent par les petites routes du Berry et respirer le soir doré qui tombe sur les cimes de la forêt de Tronçais. Mais leur chemin ne passe pas par là.    » Loin des portraits, l’on retrouve le carré des fidèles qui se constitue dès les années 1960 : les frères Dayan, Roland Dumas, Charles Hernu ou encore André Rousselet, ancien directeur de cabinet et partenaire de golf de toujours.

Les passages politiques des lettres et du journal révèlent aussi bien la fragilité de l’homme d’Etat que sa capacité à faire preuve d’autodérision. Il partage ainsi ses hésitations à se porter candidat à l’élection présidentielle de 1965   . Le rythme ralenti de la correspondance témoigne d’ailleurs de l’emballement qui suit sa candidature ; les lettres reprennent à l’été 1966 lorsque Mitterrand retrouve un peu de temps libre. Plus généralement, Hossegor puis Latche, ses maisons de vacances, constituent des lieux privilégiés d’écriture, de sa correspondance mais aussi de ses livres et programmes. Le député de la Nièvre sait souvent se faire drôle – ou cynique, c’est selon   – même à ses dépens. Il écrit ainsi alors qu’il bloque sur l’écriture d’un livre : « J’étais plus intelligent à l’époque du Coup d’Etat ou de Ma part de sournoiserie.    » Dans son journal, il aime coller les caricatures que le Canard Enchaîné fait de lui   .

D’autres passages témoignent de son ascension personnelle ou de l’évolution des méthodes politiques. L’année 1971 est décrite fidèlement et ces lettres constituent une source supplémentaire pour l’historien compte tenu de son importance déterminante dans la refondation du socialisme : « Le chant du départ !... pour Epinay-sur-Seine où commence ce matin le congrès socialiste dont je pense, tu le sais, qu’il peut changer toute la politique française.    » Mitterrand évoque aussi l’effet des nouveaux médias : « Je t’ai ensuite parlé de mon projet d’apprendre la technique de la parole à la télévision, moyen numéro 1 d’atteindre désormais l’opinion, l’éloquence étant redevenue comme au temps de Démosthène l’instrument majeur de la démocratie directe.    ». Il faudra cependant chercher ailleurs des envolées lyriques sur le combat pour plus de justice et d’égalité qui aurait pu guider sa carrière politique. Plusieurs passages   confirment d’ailleurs les doutes qui ont toujours plané sur la sincérité de son engagement à gauche. Par bien des points, Mitterrand apparaît satisfait de la vie telle qu’elle est.

 

L’épicurien

Et finalement, comment en aurait-il pu aller autrement pour l’épicurien qu’il était ? Là encore, ses lettres confirment sa réputation d’amoureux de la vie.

Sans surprise, son amour des lettres transparaît presque à chaque ligne. Les premiers échanges avec Anne ont pour prétexte les livres : une édition suisse de Socrate que Mitterrand essaie de lui procurer, des rendez-vous donnés dans les librairies parisiennes (La Hune ou le Divan) ou des propositions de balades chez les bouquinistes. Les lettres offrent un remarquable aperçu de l’étendue de ses lectures : des classiques (Mémoires d’Outre-Tombe, Lucien Leuwen), le théâtre shakespearien, la poésie de Paul Eluard, les romans conservateurs de Maurice Barrès et Drieu La Rochelle côtoient des livres plus originaux comme ceux d’Albert Cohen ou Le Mont Analogue de René Daumal. Mitterrand relit Rousseau lorsque sa fille Mazarine commence à l’étudier en classe et, tout au long de sa vie, lit les bandes dessinées de France Soir. Au sein de cet éclectisme, les livres d’histoire occupent une place importante, que cela soit par curiosité, ou pour l’aider à préparer la rédaction de ses propres ouvrages (Le Coup d’Etat permanent ou des projets qui ne verront finalement pas le jour, comme au sujet de Laurent de Médicis ou sur le 2 décembre). Anne est d’ailleurs associée à l’écriture de certains de ses livres et joue parfois le rôle de muse politique   .

La lecture constitue une forme de méditation pour Mitterrand, de contre-point à l’action politique : « Tard, je lis et cela me met au point. Rien de tel que les livres pour donner du recul : on voit de loin les hommes et les passions du jour.    » ou encore : « L’équilibre de l’action et de méditation, de l’amour et du don de soi, de la liberté et de l’ascèse est le premier secret d’une vie féconde.    » Bibliophile, il se décrit souvent en train de ranger les livres qu’il vient d’acheter. La lecture est associée au plaisir de la solitude : « Après dîner j’ai récupéré ma solitude avec joie.    »

Outre la lecture, Mitterrand goûte de nombreux plaisirs et autres petits bonheurs « Dira-t-on jamais l’importance des menus faits quotidiens, cette bonne et nombreuse petite troupe sans laquelle les plus grands sentiments ne gagnent pas de batailles ?    » A Hossegor comme à Saint-Cloud, Mitterrand pratique avec régularité le golf, en compagnie de ses amis, dont Pierre Pingeot, le père d’Anne. Dans les Landes, il jardine et supervise les plantations de son domaine ou la rénovation et la décoration de Latche. Dans ses lieux de villégiature, la paresse et le sommeil ont toute leur place. Au cours de leurs voyages   , il dit son amour de la France, de son patrimoine, de sa gastronomie – le « graillou » dont il détaille la composition et apprécie à chaque fois la qualité   – et des paysages naturels. Cet amoureux des arts et de la culture, multi-actif de la politique, donne l’impression d’une maîtrise pleine et entière de son temps et d’une capacité à apprécier la vie et à en jouir.

A plusieurs reprises, Mitterrand livre à Anne sa définition d’un bonheur commun : lire et écrire côte à côte, dans un idéal presque monastique : « Cette illustration veut donner l’image de ces jours dont je rêve avec toi pour le reste de ma vie : une bibliothèque, des beaux livres, le visage clos de la méditation, la présence de l’art […] un feu dans la cheminée, la lecture – et toi, Anne ma bien aimée, dont le regard parfois, et le silence, approfondissent ma joie qui ressemble aussi à ce que l’âme espère.    » Il l’aide d’ailleurs autant pour ses études de droit qu’en histoire de l’art, s’occupant même de tâches plus ingrates comme son inscription.

 

Au terme de cette correspondance et de ce journal, une impression surprenante – parmi d’autres – saisira peut-être le lecteur : que l’auteur de ces textes vivait en ermite, ou du moins en célibataire, sans épouse ni enfants, même si ces derniers font parfois des apparitions. Ce sentiment aurait sûrement été autre si le choix avant été fait de proposer une préface ou une introduction, ainsi que davantage de contextualisation et d’explicitations sur leur vie commune. La destinatrice, qui intervient quelquefois comme éditrice, reste dans la discrétion qu’elle a adoptée tout au long de sa vie. En conséquence, ses rares précisions ajoutent parfois plus au mystère qu’elles n’aident à l’élucider. Anne Pingeot insère quelques-unes de ses lettres, mais rarement ; parmi elles figure une lettre de rupture, jamais envoyée, mais très significative.

Faut-il finalement lire ces inédits de François Mitterrand ? Oui, pour la passion, la tendresse mais aussi l’humour   dont ils font preuve. Oui, pour le témoignage sur la période couverte par cette correspondance : du début des années 1960 au début des années 1970, années cruciales pour Mitterrand avant sa métamorphose en socialiste. Oui, parce qu’elles attestent d’une autre temporalité de la politique et de l’accélération de celle-ci, et plus généralement de notre société. Qui de mieux placé pour en parler qu’un homme qui sait prendre le temps de vivre ? Enfin, oui, rien que pour son style littéraire – digne d’un grand écrivain – dont le pouvoir de séduction – aussi bien amoureux que politique, pour le meilleur et pour le pire dans les deux cas – ne s’est pas encore évanoui