Le philosophe Jean Baudrillard n’est pas très optimiste sur notre capacité à imaginer, aujourd’hui. Selon lui, la faute en incombe à une réalité envahie par un monde virtuel, hyperréel : « Ainsi avons-nous investi la réalité de tout notre imaginaire, mais c’est cet imaginaire qui est en train de s’évanouir, car nous n’avons plus l’énergie d’y croire. [...] C’est le trop de réalité qui fait qu’on y croit plus. Saturation du monde, saturation technique de la vie, excès de possibilités, d’actualisations des besoins et des désirs. Comment y croire, dès lors que la production de réalité est devenue automatique ? Le réel est asphyxié par sa propre accumulation. Plus moyen que le rêve soit l’expression d’un désir, puisque son accomplissement virtuel est déjà là. »   . Ecrit il y a dix ans, ce constat visionnaire est aussi désolant que déterminant. Mais est-il vrai ?

Pour répondre à cette question, nous avons rencontré différents intervenants, chacun susceptible d’apporter des réponses particulières à nos questions: qu’est-ce que l’imagination ? Evolue-t-elle avec les époques ? Est-elle en péril aujourd’hui? Si oui, alors peut-on apprendre à être davantage imaginatif ?

 

I. Entretien avec Olivier Schefer : l'exploration de l'imagination chez les romantiques allemands

II. Entretien avec François Taddeï : le développement de l’imaginaire dans les apprentissages

III. Entretien avec François Jost : le Culte du Banal