Le texte est historique, il a été et est lu par de nombreux commentateurs, sa (re)lecture est indispensable de nos jours, qu’on y adhère ou qu’on le critique.

Les étudiants en sociologie, les chercheurs, et une partie du grand public sont habitués à relier le sociologue Max Weber (1864-1920) aux concepts de domination légitime, de domination des partis de masse, de statut et de classe, ou encore de domination charismatique, lesquels structurent encore largement tout un pan de la sociologie contemporaine. Ces concepts pouvaient être analysés en langue française dans des ouvrages signés Weber mais dont aucun ne donnait un aperçu un peu vaste de ses analyses : développement complet, étude d’exemples, conceptualisation. L’édition critique des œuvres complètes de cet auteur, en langue originelle (allemande), entamée en 1984 et encore en cours en 2013, offre les moyens de rencontrer ses livres et articles avec plus de cohérence, et une compréhension plus large des ambitions et projets de Weber. C’est ainsi que son œuvre maîtresse Economie et société (Wirtschaft und Gesellschaft) est rendue à son entièreté, alors que les éditions les plus courantes jusqu’à nos jours (publiées entre 1921 et 1972 en Allemagne, et entre 1971 et 2006 en France), fréquentées par les lecteurs de ce côté-ci du Rhin proposaient plutôt des compilations. Il ne faut pas oublier que les textes recueillis dans le volume ainsi intitulé devaient constituer la contribution de Weber à un ouvrage collectif qui ne verra jamais le jour (9 tomes et 44 collaborateurs prévus).
   
Le présent recueil publié en France et en français se fonde sur le volume 1/22-4 de la Max Weber Gesamtausgabe. Encore ne disposons-nous pas, dans notre langue, d’une édition complète, seule la première partie de l’édition allemande étant traduite ici (par Isabelle Kalinowski) et publiée.

Relations de pouvoir et domination

En introduction à cette édition, Yves Sintomer brosse d’abord le contexte de la rédaction de ces textes : description du monde intellectuel allemand de l’époque, place de Weber, type de travail conceptuel, rapports entre l’abstraction et les enquêtes, émancipation des sciences sociales... Ainsi le lecteur peut-il progressivement se familiariser ou se familiariser derechef avec l’approche des différents types de domination : bureaucratique, patrimoniale, féodale, charismatique. Sintomer insiste en particulier sur la différence entre domination (Herrschaft) et pouvoir (Macht), comme il retient la distinction fortement nécessaire entre pouvoir et autorité (le pouvoir de donner des ordres, et non pas l’authority anglaise). C’est même cette autre distinction qui permet d’aboutir à l’étude de l’autorité symbolique, impliquant, elle, un devoir d’obéissance (consistant à faire de l’ordre donné la maxime de son action). Et l’on voit se profiler alors une réflexion sur la discipline, laquelle se déploie à partir d’une disposition inculquée à l’obéissance acritique et sans résistance. La domination consiste donc bien en une relation verticale alors que le pouvoir institue une relation horizontale (pas nécessairement symétrique). Et surtout, en dernier ressort, insiste Sintomer, à juste titre, tous ces concepts sont relationnels et ne renvoient pas à une qualité propre à un individu particulier (comme la force par exemple). Cependant la domination est plus relationnelle que le pouvoir en ce qu’elle implique un acquiescement en retour de la personne dominée. Tout ceci nous conduisant alors à poser le problème de la légitimité, en tout cas dans la sphère politique, plus que dans la sphère économique (que Weber réfère, qu’il définit même, par exemple p. 281, mais dont il ne fait pas l’étude dans cet ouvrage).

Cela dit, au-delà de cette introduction, le lecteur se confronte à l’ordonnancement du livre. Le manuscrit original étant resté inachevé, on peut se demander si, au-delà de la typologie construite par Weber, l’ordre du développement est rigoureux. S’il manque une articulation générale claire à l’ensemble, il n’en reste pas moins vrai qu’il se distribue ainsi : Première partie : Sur la domination ; Deuxième partie : La domination bureaucratique ; Troisième partie : La domination patrimoniale ; Quatrième partie : La domination féodale ; Cinquième partie : La domination charismatique ; Sixième partie : L’Etat et la hiérocratie. Nous ne décomposons pas plus, Weber propose parfois des intertitres, finalement bien commodes pour suivre la démarche et, lorsque le manuscrit le laisse sous-entendre sans les donner, l’éditeur a inséré des intertitres favorisant la lecture, voire des notes expliquant que les renvois de Weber ("nous l’avons vu ", "nous avons déjà rencontré ") ne sont pas toujours aussi "évidents " à nos yeux qu’aux siens. 

"La domination au sens tout à fait général du pouvoir"

Proposons quelques repères au lecteur de l’ouvrage.
Le premier texte de cet ensemble s’intitule De la domination. Il a été laissé par Weber dans un état d’achèvement avancé, et devait constituer l’introduction des développements sur la domination. Attardons-nous sur lui. Des configurations de domination sont d’abord répertoriées (langue, école...) afin de poser, en sociologie, le principe selon lequel la domination est un cas particulier du pouvoir, et pas uniquement du pouvoir économique : "La domination au sens tout à fait général du pouvoir, à savoir la possibilité de contraindre d’autres personnes à infléchir leur comportement en fonction de sa propre volonté, peut se présenter sous les formes les plus diverses." Faut-il la confondre avec une position dominante ? Ce n’est pas certain. En tout cas, même si la réalité est plus fluide que l’exposé ne le laisse croire, il faut distinguer la domination en vertu d’une configuration d’intérêts induisant une contrainte à adopter une attitude (position sur un marché qui permet d’influencer l’action des dominés qui doivent alors s’adapter) et la domination en vertu d’une autorité (père de famille, pouvoir administratif, ou pouvoir princier, impliquant qu’on exige purement et simplement un devoir d’obéissance). De cette distinction découle que "Par domination, nous entendrons donc ici le fait qu’une volonté affirmée (un "ordre ") du ou des "dominants " cherche à influencer l’action d’autrui et l’influence effectivement ", au point que l’action des dominés adopte pour maxime le contenu de cet ordre (p. 49).
   
Le champ de réflexion ouvert est par conséquent immense. Il porte d’abord sur l’acceptation ou non de l’ordre comme valide (empathie, inspiration, persuasion, conviction, habitude bornée, préjugé personnel). Il s’élargit ensuite à l’analyse de la "personne d’autorité " qui ne s’entend ainsi qu’à la condition de renvoyer à une obéissance pour elle-même. Il se poursuit par l’analyse des rapports entre domination et administration : toute domination fonctionne comme une administration et toute administration a besoin de la domination. Le cas de l’administration démocratique directe est alors exposé par Weber, qui glisse du même coup vers la question de la domination des notables (ancienneté, prestige de l’expérience, expertise), tout autant que vers le cas de l’administration de masse. Ce qui clôt cette section est la question de la légitimité de la domination, par conséquent aussi celle des légendes fondatrices (expliquant la "supériorité " d’un groupe social sur un autre) : invocation d’un principe, tradition, charisme...

Domination bureaucratique

Parcourons maintenant le champ de la domination bureaucratique (1909, puis 1912-1913) qui a rompu avec l’administration des notables, et donc un texte (Deuxième partie) qui, plus que d’autres dans ce volume, oscille entre la description et la prescription. Cette théorie de la domination et de l’exercice de l’autorité bureaucratique – dont l’essence réside dans la nécessité d’un maintien permanent à partir d’une compétence reconnue – est construite à partir de l’analyse de l’Egypte du Nouvel Empire, du Principat romain tardif, de la configuration de l’organisation de l’Eglise catholique romaine, de la Chine des Qin, et de l’Etat européen moderne. Une autorité bureaucratique (par définition non élue, p.68, l’élection impliquant des distorsions, p.69) requiert une définition des obligations de service pour une structure qui doit être pérenne, des pouvoirs de commandement, une qualification conforme aux règles prescrites. Ce n’est que dans l’Etat moderne que cette institution obtient son plein développement (cela ne vaut donc par pour l’Orient ancien, les mongols, les germains). La gestion administrative moderne implique une hiérarchie des fonctions, des scribes et des documents écrits, une séparation, chez le fonctionnaire, entre le privé (ses intérêts personnels) et le public (son bureau), une formation spécialisée approfondie, un savoir des règles et un savoir-faire (un "habitus " de la bureaucratie, p.72, une suspension des composantes émotionnelles, p.86). La profession de fonctionnaire exige alors un cursus de formation bien défini, acquis qui motive une aspiration à une certaine considération sociale ainsi qu’une protection de son savoir et de ses actions. Les postes sont occupés à vie sans constituer un droit de propriété, tout en pouvant évoluer sous la forme d’une "carrière ". Le fonctionnaire bénéficie d’un salaire. Et Weber de détailler la forte conscience de statut chez les fonctionnaires. Ce passage est à relire de près, d’autant qu’il comporte un insert extrêmement célèbre portant sur la rationalisation typique de l’Occident moderne (p.85sq), et par exemple de l’Eglise catholique (p.98), accompagnée de "l’instinct sûr de la bureaucratie qui cherche à créer les conditions d’un maintien de son pouvoir dans son propre Etat " (p. 91) et de la concentration de ses moyens de fonctionnement objectifs. La question de l’Etat bureaucratique vient clore cette exploration (auquel il oppose la démocratisation et la domination aussi directe que possible du démos).



Domination autoritaire prébureaucratique


Le troisième chapitre nous fait remonter vers une structure de domination prébureaucratique. Cette dernière repose sur des relations de piété personnelles. Elle a son germe dans l’autorité du maître de maison et dans des finalités couvertes par la "tradition ", qui lui donne un caractère intangible. Dans la domination patriarcale, c’est la soumission personnelle au maître ou au souverain qui garantit la légitimité des règles instituées par lui. Il y faut aussi de la croyance et une communauté de destin intérieure et extérieure (communauté de repas, d’habitation ou cercle). La femme, l’enfant, le serviteur, l’esclave, se plient à son autorité (et le maître peut acheter et vendre des/ses enfants, p.123). La domination domestique est d’ailleurs sans limite, elle ne se déploie pas à des fins de profit, mais pour couvrir les besoins personnels du maître. Les obligations imposées, pour variables qu’elles aient été, tournent autour de corvées, services, cadeaux honorifiques et redevances.  Pour autant, les relations de dépendance patrimoniale peuvent aussi fonctionner comme des structures politiques (l’Egypte est régie par le Pharaon sur un mode patrimonial). Ainsi vient en avant la notion d’Etat patrimonial, dont Weber montre aussi que ce régime peut glisser insensiblement sur la voie d’une administration bureaucratique. On retiendra de cette partie que les exemples y abondent, puisés dans les propos de spécialistes divers. Mais qu’il est dommage que Weber n’explicite pas toujours le contenu de ces exemples (sauf pour le cas des Seldjoukides, p.135). En règle générale, le chef patrimonial et ses dominés sont liés par une communauté de consensus indépendante de l’existence d’un pouvoir militaire (par exemple la loyauté). Ce qui n’empêche pas le chef de se lier à des groupes liturgiques garantissant au prince l’exécution des tâches prévues. Tout autant qu’il peut recruter des fonctionnaires (assuré qu’il est de leur obéissance) dont la position est le prolongement de la situation personnelle de soumission. 
   
Dans ce deuxième chapitre, des exemples reviennent, ou disons sont repris et réexaminés sous plusieurs angles, ce qui amplifie la connaissance que l’on peut avoir des faits et gestes cités. Ainsi en va-t-il pour l’Eglise du Moyen-Age qui fait l’objet d’un nouveau développement (p.159sq), autour de la question des prébendes foncières et monétaires, de celle des relations entre clergés locaux et papauté, et de la division des compétences entre différentes instances. Il en va de même, à d’autres égards, de l’exemple de l’Egypte, qui permet à Weber de décliner ses connaissances de la première administration bureaucratique patrimoniale. L’Egypte ancienne, rappelle-t-il, est un Etat de corvées, le pharaon compte parmi ses attributions le pouvoir de prendre des otages et de privilèges d’immunité, et constitue sa domination à partir de sa clientèle, avant d’être obligé de recruter aussi des fonctionnaires extrapatrimoniaux. L’étude de l’Empire chinois complète le tableau.

Féodalisme et domination économique


En arrivant au quatrième ensemble, on constate, et l’éditeur le fait remarquer, que l’on entre dans une partie portant la marque de l’inachèvement. Elle a probablement été rédigée entre 1910 et 1914. Elle est composée de deux sections, dont l’une porte sur le féodalisme en général et l’autre sur la domination féodale et l’économie. Weber l’annonce d’emblée, la structure de domination féodale se différencie de la précédente d’abord par la moindre importance de son arbitraire et par sa stabilité. Elle repose sur la construction de statuts, de rangs sociaux ou d’états. Elle se mue bientôt en stéréotype et déploie une stabilisation des relations entre dominant et dominé. La compréhension du propos requiert évidemment une définition du féodalisme. En voici une : existence de relations de vassalité, alors que le fief  implique le droit d’exploitation du sol et la domination politique d’un territoire en échange de services guerriers ou administratifs. Définition à partir de laquelle Weber distingue des cas : par exemple la féodalité centralisée des Normands, et la république des nobles de Pologne. A cela s’ajoute la polis grecque de l’époque préclassique.

L’auteur s’attarde sur la constitution de ce type de domination (reprise aussi p.243), notamment à partir de la dépendance patrimoniale. Et pour ne nous arrêter qu’à l’essentiel, rappelons que Weber pose 3 caractéristiques majeures de la relation féodale : un féodalisme liturgique (obligations de défense), un féodalisme patrimonial (levées possible de colons, servage, ...), et un féodalisme libre (p.213). L’auteur cependant n’étudie que ce dernier, qu’il décompose alors en féodalisme de la suite, prébendiaire et du fief. Parmi les exemples remarquables étudiés : le féodalisme japonais (p.217), le système carolingien (p.222 et 228). Simultanément, la relation vassalique se stéréotypise. En France, par exemple, on peut suivre la manière dont la royauté a pu imposer l’hommage lige aux seigneurs féodaux, les soumettant ainsi au pouvoir royal. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Et surtout, ce type de domination a tendance à la bureaucratisation. Quant à savoir comment se type de domination se mue en domination capitaliste, Weber reprend un fil conducteur plus classique. En étudiant le règne des Stuarts, de Louis XIV, et de Frédéric II, il montre comment la forme de domination patrimoniale et féodale ont fini par représenter une entrave pour le capitalisme industriel privé (p.250).

Domination charismatique

La cinquième partie de la présentation de la domination concerne la domination charismatique. Cette partie est composée de plusieurs textes réunis ou séparés selon les éditions de référence. Ici, ils sont présentés en continu sous les titres de "charisme " (en général, 1912), "transformation du charisme " (1913) et enfin "préservation du charisme et discipline " (1913). Le fondement charismatique de la domination renvoie à des personnes qui ne sont ni mandatées, ni destinées à remplir une charge, mais qui exercent un don spécifique du corps et de l’esprit pensé comme naturel (p. 270). La personne exerce son art ou sa domination sans régulation d’une formation professionnelle et sans instance de contrôle possible. Le charisme ne relève pas non plus d’une institution. Le porteur du charisme endosse la tâche qui lui incombe et réclame obéissance et dévouement en vertu de sa mission. Mais si ceux auprès desquels il se sent envoyé ne reconnaissent pas sa mission, ses prétentions s’effondrent. S’ils le reconnaissent, en revanche, il est leur maitre pour longtemps. Cette domination a la particularité, justement, d’imposer la reconnaissance de l’individu doté de la qualité charismatique sous forme d’un devoir. Le charisme, en ce sens, est attaché à une qualité de la personne. Et une qualité qui est rarement référable à une volonté de muer le charisme en une source de profit. Encore le porteur du charisme peut-il perdre ce dernier ou finir délaissé par ses disciples.

La survie du charisme ne dépend que de la manière dont il est possible d’en faire la preuve. Ayant fixé les principes du charisme, Weber se lance dans deux directions. La première consiste à différencier cette domination des précédentes, citées ci-dessus. La seconde à étayer cette définition par des exemples : Eglises, royauté, meneur charismatique, ... Avec précaution, Weber relie le charisme au "communisme " (dans sa version non socialiste), et dans la mesure où ce dernier repose sur l’absence d’une comptabilité dans l’usage des biens (p. 283). Il y a de toute manière dans le charisme une domination par une croyance fortement émotionnelle : prophètes, héros, enseignants, chefs de parti, ... Mais un problème central se pose lorsqu’on veut muer une domination charismatique en une institution, disons encore lorsqu’on veut instituer les successeurs de ... (du prophète, de maitre, ...), par nomination ou par élection. De là un morceau d’étude sur le bouddhisme (p. 288sq). Mais aussi un autre genre de propos, concernant, cette fois, le rapport entre le chef de parti charismatique et l’appareil de parti (la bureaucratie) chargé de le soutenir. C’est d’ailleurs pas une analyse des rapports du charisme et de la discipline que se clôt la discussion, alors même que Weber rappelle que la discipline correspond à la chance de rencontrer chez une multitude déterminable d’individus une obéissance prompte, automatique et schématique à un ordre, en vertu d’une disposition inculquée (définition donnée dans l’ouvrage Economie et société).



À ce niveau, et ce n’est pas la première fois dans l’ouvrage, Weber prend la peine d’expliciter un point essentiel du débat soulevé par l’ordonnancement de son ouvrage : chacun de ces modes de domination est bien loin de n’exister que comme un stade d’une évolution générale qui irait d’un "primitivisme" à une étape supérieure. Les types de structure de domination décrits ne peuvent être simplement rangés les uns après les autres sur une ligne d’évolution. Ils se trouvent conjugués sur les modes les plus variés.
   
La sixième partie de cet ouvrage, portant sur "l’Etat et la hiérocratie", place surtout le lecteur devant la nécessité de relire et comparer le texte avec une version traduite antérieurement. Dans le volume en français, Sociologie des religions, il fait l’objet d’un chapitre de référence. Nous laissons donc le lecteur reprendre ce lien. Ceci pour terminer maintenant notre propos, en soulignant quelques points.

Ce bref rendu d’une lecture rapide ne saurait rendre compte des réseaux polémiques que l’on peut suivre tout au long de l’ouvrage : avec les économistes, avec certains historiens de l’époque, ... L’éditeur indique d’ailleurs brièvement en note les références requises pour celui qui souhaiterait soumettre l’ouvrage à de nouvelles discussions scientifiques.
   
Dans ce recueil, on voit constamment Weber utiliser les concepts qu’il a mis en place dans les textes connexes. Par exemple "la rationalité en finalité " (p.129), ou les rapports du protestantisme et du capitalisme, ou encore le monachisme, la notion d’ascèse, .... On voit non moins qu’il dispose d’une conception de l’histoire évitant les déterminations mécaniques. A deux titres. D’une part, il montre que des structures économiques (par exemple l’organisation de l’économie de l’eau) semblables ne débouchent pas nécessairement sur le même agencement de pouvoir (p.240, pour ce cas de l’eau). D’autre part, tout est affaire de fluidité et de passage transitionnel lent. De même que les idéaux types (les types les plus purs, par exemple, p.235) ne sont pas conçus comme des modèles indépassables. Ce sont des constructions qui n’existent pas de manière aussi simple dans la réalité, mais qui en donne la clef de compréhension.
   
Enfin une dernière remarque. Le point commun qui relie d’une manière ou d’une autre ces différentes formes de domination est la propension de l’humanité à se plier à des normes. Cela mérite qu’on s’arrête sur ce sujet. De même que le lecteur peut, suite à sa lecture, se replonger dans les textes de Michel Foucault, par exemple, sur les mêmes notions de pouvoir et de domination, alors qu’il a effectivement commenté les propos de Max Weber.
Simple ajout : L’éditeur prévoit de prolonger cette publication par la publication-traduction d’autres ouvrages de Weber : La Ville... en 2014, et celle de Communautés en 2015