Le web est obsédé par l’innovation. Ces dernières années, celle-ci s’est trouvée essentiellement du côté du social: de nouvelles applications permettant de "collectiviser" tel ou tel aspect de nos vies ont fait florès, de Foursquare à Pinterest, en passant par Waze. Mais cette logique semble atteindre un plateau, et certains se demandent désormais si "le son ne serait pas le nouvel espace à conquérir sur le web", le nouveau pôle de la créativité sur internet...
 
Jusqu’à peu, le son (entendu comme "non musical")  était le grand oublié du web. Mais un article paru dans Wired et que l'on doit à Clive Thompson nous apprend que de nombreux projets sont en train d’émerger sur cette question, partant du constat que le bruit est le vecteur d’une "information" irremplaçable. Que l’on songe à un coucher de soleil sur la mer, une promenade en forêt, ou un verre en terrasse d’un café : la richesse émotionnelle et esthétique de ces moments est inséparable de leur "bande-son" (vent, ressac, passants…). 
 
Depuis peu, les initiatives se multiplient donc pour pallier cette carence et investir ce nouvel espace. Un chercheur anglais, Ian Rawes, a par exemple enregistré plus de 1000 extraits de bruits urbains à Londres, et analysé les tendances émergentes. Sur le site d’échange de photos Cowbird, de plus en plus d’utilisateurs choisissent d’illustrer leurs clichés de prises de sons ambiantes. Une photo vaut milles mots, mais pour décrire l’ambiance d’un feu de camp, cent mille mots ne valent pas le bruit des bûches craquant dans le foyer… À une plus large échelle, des services, comme SoundCloud permettent d’uploader n’importe quel son et de le partager. C’est d’ailleurs là que l’astronaute Chris Hadfield à mis en ligne des enregistrements du bruit de la Station spatiale internationale
 
Des initiatives précieuses lorsque l’on sait que le son est souvent le point aveugle de la recherche historique : la rumeur du Paris de 1800 nous est à jamais perdue, comme celle des grandes foires médiévales ou des jeux du cirque…