Après Borders (1998), son premier documentaire, et La Fiancée syrienne (2004) et Les Citronniers (2008), les deux fictions lui ayant offert une reconnaissance internationale, le cinéaste israélien Eran Riklis poursuit son questionnement sur ce qui relie, et en même temps sépare, Israël des territoires occupés.
Au cœur de paysages sublimes, de champs d’oliviers et de citronniers irradiés par la lumière éblouissante du Proche Orient, les hommes tracent des frontières, installent des barbelés et des miradors. Avec Zaytoun, qui signifie "l’olivier" en arabe, Eran Riklis revient sur la première guerre du Liban, déjà présente dans son film Cup Final (1991).
Beyrouth, 1982 : un enfant, réfugié palestinien, d’une douzaine d’années, voit son père mourir sous les bombes lâchées par un aviateur de l’armée israélienne. Il ne lui reste plus que son grand-père et, pour tout héritage, un petit olivier en pot. Rongé par le ressentiment, il déserte l’école et se laisse embrigader dans un camp d’enfants soldats palestiniens. Chargé de surveiller un pilote israélien fait prisonnier, il développe à son égard, contre toute attente, une amitié presque filiale. L’enfant palestinien le libère mais exige de l’Israélien qu’il l’aide à passer la frontière qui sépare le Liban d’Israël afin de se rendre dans le village de ses ancêtres. Au gré des péripéties, les deux personnages finissent par oublier que la guerre les oppose et tentent de passer ensemble cette frontière.
Sans atteindre la beauté des Citronniers, de facture plus classique (notamment du fait de la reconstitution historique), ce film sensible a le mérite de s’emparer d’une matière délicate : l’histoire, sans fin, d’une guerre pour la terre. On peut toutefois regretter qu'en se polarisant sur la naissance d’une complicité entre les deux personnages qui tentent de s’arracher à ce contexte, Zaytoun offre une lecture simplifiée du conflit, élaguant la complexité politique sous-jacente. Ce passé cauchemardesque, qui continue de hanter le présent, trouve ici sa limite dans une fable, certes émouvante, mais trop douce pour être vraiment pertinente.
On attend toujours la proposition de cinéma qui pourra renouer avec la puissance du film d’animation israélien Valse avec Bachir d’Ari Folman (2008) sur les horreurs que connut le Liban de 1982 et les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila perpétrés par les milices chrétiennes