Pierre Monteil revient sur les 80 clichés les plus célèbres de l'histoire.

Où s'arrête la frontière entre la mythologie, la légende historique et la vérité de l'histoire ? Comme n'importe quel autre avatar des jugements a priori, les préjugés historiques ont la vie dure. A cette différence près qu'ils s'objectivent avec le temps et deviennent des faits avérés dans l'inconscient collectif. L'historien Pierre Monteil revient sur 80 poncifs qui, dans les représentations communes ou dans les médias, peuvent passer pour des vérités universelles.

Cet ouvrage vulgarisateur est destiné à un très large public et se veut accessible à tous : enfants, adultes, experts et néophytes. A travers ses 80 exemples, dont chacun n'excède pas trois pages, il interroge entre les lignes l'essence même du métier d'historien(ne). Le chercheur se veut toujours le plus objectif possible, sans pouvoir se démettre d'une certaine subjectivité. L'historien quant à lui écrit certes "à l'aune de sa propre culture, de ses propres valeurs, mais aussi de sa propre époque", mais il doit se reposer sur des sources objectives pour étayer ses thèses et ses propos.

Plus que de s'interroger sur "les mensonges de l'Histoire" – car l'Histoire ne ment pas, sauf à considérer avec Napoléon Ier que "L'Histoire est une suite de mensonges sur lesquels tout le monde est d'accord", et donc à argumenter sur l'acception même du terme Histoire –, il s'agit donc plutôt de s'intéresser à quelques clichés : Christophe Colomb a découvert l'Amérique, le manioc était une plante africaine, la machine à vapeur fut inventée au XIXe siècle, Hitler était le fondateur du Parti nazi... qui se révèlent être des contre-vérités historiques. L'auteur ne s'intéresse donc pas aux énigmes historiques (comme par exemple la trahison de Jean Moulin ou le mythe de la reine vierge Élisabeth I) qui restent "irrésolues". En effet, nombre de sources (tangibles, archéologiques ou écrites) démentent tant d’idées préconçues du recueil – idées voire apocryphes qui ont été fabriquées par les hommes eux-mêmes.
   
Si certains 'mensonges' sont plus évidents que d'autres (il est assez connu qu'Alexandre Dumas n'écrivait pas des romans fidèles à la réalité historique, qu'Albert Einstein n'était pas nul en mathématiques), d'autres mensonges semblent plus auréolés d'un halo d'authenticité. L'auteur n'hésite pas à aussi jouer sur l'ambiguïté des dates, des faits ou de s'attacher à des détails. Aussi Mozart n'est-il pas Autrichien mais Allemand (la ville où est née Mozart n'appartenait pas à l'Autriche des Habsbourg), le drapeau noir des pirates n'est pas seulement une tête de mort sur deux tibias entrecroisés...

D'autres assertions attristeront les adeptes d'Uderzo et de Goscinny ou les férus de légendes régionales et folkloriques : avant le combat, les gladiateurs ne déclamaient pas : "Ave Caesar, morituri te salutant." En réalité, cette sentence a été déclamée une seule fois lors d'une naumachie organisée par l'empereur Claude. Guillotin n'a pas inventé la guillotine ; Parmentier n'a pas importé la pomme de terre mais a seulement facilité sa diffusion ; Guillaume Tell et Robin des Bois n'ont jamais existé...

Cet ouvrage, qui n'a pas la prétention d'être un essai à thèse, a l'avantage de faire en quelques centaines de pages le tour du monde et de traverser des millénaires tout en nous permettant de réviser nos "classiques", que ce soit sur la période de la guerre de 30 ans, du Directoire ou des Carolingiens, et de piquer notre curiosité sur des sujets moins abordés dans les manuels scolaires : l'expansion musulmane ou le XV e siècle en Transylvanie, les conquistadores du XV e siècle...