Bruno Le Maire expose sa vision de la politique agricole française et européenne, et un peu de lui-même.

Dans ce livre-interview, en collaboration avec la journaliste Véronique Augier, Bruno Le Maire, actuel Ministre de l'agriculture, nous dévoile son parcours politique, sa vision de l’avenir de l’agriculture française et européenne ainsi que sa vision du monde agricole dans les années qui viennent. Bruno Le Maire présente aussi sa vision sur la façon dont l’humanité affrontera sa croissance et les défis alimentaires qu’elle impose. À travers l’entretien, on a l’impression que le ministre parle souvent en toute sincérité et spontanéité, employant des formules de réponses toute prêtes mais aussi des réactions sincères à des questions parfois gênantes de la journaliste.

Dans l’interview, le lecteur trouvera par forcément les réponses à des questions précises sur ce qu’il faut faire. Cela pourrait frustrer certains lecteurs moins avertis, du fait d'une impression de ne plus suivre parfois le raisonnement de l'interviewé. Bruno Le Maire présente davantage les positions politiques de la France sur l’agriculture européenne et mondiale, tout en exposant également les positions des autres pays qui différent de la vision française, sans en expliquer vraiment les tenants et aboutissants.

Le livre commence par le parcours de Bruno Le Maire, les raisons de son arrivée au Ministère de l’Agriculture, son attachement à ce secteur, et comment son expérience dans la diplomatie l’a aidé à mieux comprendre et faire face aux enjeux de ce porte-feuille ministériel.

 

Pourquoi l’agriculture ?

Dès le début, Bruno Le Maire explique son attachement à l’agriculture. En effet, malgré une vie personnelle plutôt urbaine, son parcours professionnel étant lié à la diplomatie, le Ministre dit avoir gardé un fort attachement au monde rural et agricole, par le biais de sa famille, notamment. Un tel attachement, dit-il, lui permet d’être plus proche du monde paysan et d’en comprendre le point de vue sur les questions du développement agricole. Quant à son parcours diplomatique et à sa connaissance des négociations européennes, ces deux compétences sont jugées être une nécessité cruciale pour ce Ministère. Selon Bruno Le Maire, si la France veut préserver son agriculture, c’est à travers l’Europe qu’elle doit le faire. Se revendiquant un Européen convaincu, le Ministre porte l’idée que les questions agricoles doivent être traitées à Bruxelles en collaboration avec ses homologues européens, plutôt qu’au niveau national. C’était d'ailleurs, selon lui, l'une des raisons pour lesquelles Nicolas Sarkozy l’a nommé au Ministère de l’Agriculture.

 

Les premiers pas en tant que Ministre

Bruno Le Maire revient également sur ses premiers pas en tant que Ministre, notamment sur la difficile décision, à la suite de l'injonction de la Commission européenne, de procéder au remboursement des aides contraires au droit de l'Union européenne et versées par la France aux producteurs des fruits et des légumes. Bien que cette décision ait provoqué le mécontentement des agriculteurs, Bruno Le Maire explique que cette mesure était nécessaire afin de ne pas enfreindre les règles européennes. Or, insiste-t-il, la France bénéficie énormément des aides européennes (environ 9 milliards d’euros par an en aides directes) ; il ne serait pas normal de ne pas respecter les normes européennes en la matière.

Un autre dossier urgent que Bruno Le Maire a eu à traiter en arrivant à l'Agriculture fut la crise du lait. En 2009, les cours du lait ont drastiquement chuté, provoquant des énormes pertes pour les agriculteurs. Face à cette crise, Bruno Le Maire s’est confronté au refus de la Commission européenne d’intervenir. La Commissaire de l’époque croyait que le marché allait régler le problème de lui-même. Le Ministre fit alors le tour des capitales européennes afin de négocier avec ses homologues européens une sortie de crise qui touchait l’ensemble des Etats membres.

 

Pourquoi faut-il continuer avec la PAC ?

Pour Bruno Le Maire, préserver la PAC est une priorité absolue. Le Ministre vante les avantages qu’elle apporte aux pays européens, notamment la sécurité alimentaire qui est, selon lui, toujours un sujet d’actualité. Il cite l’exemple des crises de la chute de production de viande dans les pays tiers et pose la question : que se passerait-il si l’Europe n’avait pas eu ses propres moyens de production et avait été totalement exposée à l’importation de produits agricoles ? En effet, la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de la disponibilité de l’alimentation, mais aussi de qualité de celle-ci. Or, dit-il, manger bien a un coût qui doit rester certes raisonnable, mais qui existe tout de même. Il en ressort que la PAC est le prix à payer par les Européens pour se nourrir correctement et pour ne pas être dépendants de l’importation des produits alimentaires.

Bruno Le Maire insiste toutefois que la PAC ne doit pas se faire au détriment des agricultures des pays en voie de développement, qui doivent devenir autonomes en matière alimentaire et pourvoir satisfaire les besoins de leurs populations croissantes.

 

Comment alimenter la population mondiale en pleine croissance ?

Un autre point important abordé dans cette interview est le marché des produits alimentaires, dont Bruno Le Maire dénonce la volatilité. Tout en reconnaissant que les prix augmentent en grande partie à cause de la demande croissante, le Ministre parle de la nécessité de règlementer et d’encadrer la spéculation. Cette dernière provoque de vraies catastrophes humanitaires dans les pays les plus pauvres, particulièrement sensibles à la moindre croissance des prix.

Evoquant les négociations au niveau mondial portant sur la définition d'une sorte de nouvel ordre mondial en matière agricole, Bruno Le Maire soulève un point important : la solidarité des pays de l’Union européenne dans les négociations internationales. Il cite l’exemple du G20 où les Etats membres qui participent à ces rencontres défendent les intérêts européens.

On pourra regretter au final que Bruno Le Maire ne rentre pas plus dans le détail des problématiques abordées. Toutefois, le lecteur aura quand même une première compréhension des enjeux posés à l'agriculture française et européenne