Hier, un ami sud-africain, fraîchement arrivé en France pour une période de six mois, m'anonce sa déception : notre pays a encore à l'étranger la réputation d'être l'un des derniers bastions de la culture face à l'économie, résistant de toujours, l'éternel berceau des Lumières, et dans les rues de Paris il ne voit que boutiques, opérations commerciales, une vie réglée par les flux de monnaie, la séduction faussée qu'elle exige, jusqu'à au final perdre le nom de vie (il faut dire qu'il arrive pendant les soldes). Lui-même voit sa ville du Cap perdre en richesse et charme au fur et à mesure qu'elle gagne en équipements touristiques et sens du commerce.

Plus loin que cette constation de café, éprouvée jusqu'à la dépression par les plus sensibles, raillée jusqu'au mépris par les moins complexés, Antoine de Baecque, critique de cinéma, historien et auteur d'un livre à paraître chez Bayard intitulé Crises dans la culture française. Anatomie d’un échec   , livre sur rue89 une première analyse sur le traitement politique de la culture nationale sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Evoquant d'abord, à travers la mobilisation croissante des acteurs culturels (intermittents du spectacle, diffuseurs de films d'art et d'essai...), les symptômes d'une "panne" de la culture française, dénonçant ensuite les coupes dans les subventions  "à hauteur d’un tiers des investissements de l’Etat" touchant tous les domaines culturels   , il s'intéresse à la personnalité même du président, homme "profondément méfiant vis-à-vis de la culture, peu cultivé lui-même et fier de l’être, [...] affichant les signes extérieurs d’un clinquant existentiel et d’une réussite matérielle de parvenu qui ne peuvent que choquer tout véritable homme de culture". Il cite Pierre Encrevé, linguiste, interrogé sur le parlé talk show du Président (Libération), ou encore Alain Badiou   , et décrit longuement la peur que la culture suscite chez Nicolas Sarkozy comme principal moteur d'une politique culturelle frileuse, voire désengagée.

Il pointe par ailleurs une tendance plus profonde de la politique culturelle française, qui consiste à transférer les pouvoirs de décision aux collectivités locales, avec son cortège de "plaies" pour un financement désintéressé de la culture, les "dérives du populisme municipal et du clientélisme régional".


> lire l'article.
> lire le compte-rendu par Pierre Lungheretti de Crises dans la culture française.

Pour aller plus loin :
> êtes-vous culturellement omnivore, univore, paucivore ou inactif ?


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