Les intellectuels se font souvent fort de remettre en question ce que la masse prend pour acquis. En analysant la trajectoire des sociétés modernes, certes irrémédiablement vouées à une disparition du sacré qu’il nomme « secularity », mais dans lesquelles certaines manifestations de la foi persistent tout de même, le philosophe canadien Charles Taylor veut aller au-delà du présupposé que l’Occident s’est totalement débarrassé de la religion. La modernité ne saurait se réduire à l’évincement du religieux, mais offre au contraire une multitude de manières de penser, de variations autour de la croyance, de l’athéisme et de l’agnosticisme. Si les théocraties ne peuvent pas garantir l’adhésion complète de leurs populations à une religion donnée, l’Occident ne peut pas, lui non plus, garantir un abandon total de la chrétienté.

Boris Jamet-Fournier


A Secular Age, Charles Taylor, Belknap Press, 874 pages, USD 40 env.