Au 53 rue de Verneuil, jeudi 19 mai, la question de la mort du critique littéraire a été posée par Frédéric Martel à Robert Maggiori (philosophe et critique à Libération), Lauren Malka (journaliste au Magazine Littéraire, myboox.fr, evene.fr et animatrice de réseaux sociaux), Rémi Mathis (conservateur à la BnF et vice-président de Wikimédia France), Olivier Postel-Vinay, (fondateur et directeur du magazine Books) et Jean-Baptiste Soufron (directeur de Think Digital, think tank de Cap Digital).


A l’ère du buzz, des blogs et des réseaux sociaux, au moment où explose le livre numérique, toute la chaîne du livre est affectée, jusqu’à la prescription. Et plus les technologies avancent, plus le spectre des menaces qui pèsent sur le critique s’élargit. À la démocratisation et la désintermédiation du web, qui mettent à mal l’autorité du critique, s’ajoute la prescription automatique des sites de vente en ligne d’une efficacité redoutable. Ce n’est plus le critique, un bloggeur ou un ami qui me recommande un livre mais un algorithme qui déduit du livre que j’ai acheté le prochain que je vais aimer. Pourtant ces évolutions ne peuvent être entendues comme risques que si l’on pense que le rôle du critique littéraire est de vendre. Se pose alors la question de la fonction du critique. Elle ne se résume pas au « j’aime/j’aime pas » facebookien. Refusant l’opinion, le critique est du côté du savoir. Mais dans ce monde de l’instantanéité, il devient de plus en plus difficile d’échapper aux "réacteurs". La plus grand menace pour le critique littéraire serait donc la disparition, non pas la sienne mais celle de son lecteur.


Un débat organisé par le Centre national du livre et nonfiction.fr à réécouter sur le site du CNL.