Impopularité record du président, débats autodestructeurs au sein de la majorité, chômage endémique ou encore menace de la dette : la situation pour le moins difficile de la France de Nicolas Sarkozy devrait être particulièrement favorable pour le principal parti d’opposition. Vu d’outre-Rhin, pourtant, "l’effondrement de Sarkozy n’aide pas les socialistes à sortir de leur crise".

Pour D. Kallinich et T. Nentwig du quotidien hambourgeois Die Zeit, les socialistes n’ont pas ménagés leurs peines pour préparer 2012. Depuis l’automne 2009, les "socio-démocrates" français se sont d’abord profondément réorganisés en programmant des primaires, et en instaurant le non-cumul des mandats, la parité et la représentation des minorités dans ses instances. Et dernièrement, le PS s’est rassemblé derrière un programme dont le titre (Le changement) annonce sa volonté d’initier "une rupture avec la politique de Sarkozy" et de redonner des forces au pays. "Renouvelé dans son contenu et ses structures, le Parti socialiste devrait donc être en bonne position pour l’élection présidentielle décisive de 2012. Pourtant, aucun changement de tendance ne semble se profiler ni dans les sondages, ni dans les commentaires."

Pour les deux auteures, ce paradoxe s’expliquerait d’abord par le rôle excessif dévolu à l’Etat dans le programme socialiste, par des mesures irréalistes comme le retour à 60 ans de l’âge légal de départ à la retraite ou encore la création de 300 000 "emplois d’avenir", et en définitive, par l’absence d’une véritable vision d’avenir pour le pays. Ensuite, les idées (superficiellement) renouvelées des socialistes souffriraient de l’absence d’un candidat désigné qui pourrait les incarner, tandis que la perspective des primaires recèlerait d’importants risques de conflits internes destructeurs. Enfin, le PS pâtirait également de la concurrence, à gauche, d’Europe Ecologie – les Verts et du Front de Gauche, aussi bien rivaux que partenaires potentiels.

Certes, lit-on, les socialistes pourront tout de même espérer certains succès de leur rapprochement avec les travailleurs et de leur fort ancrage au niveau local. Mais, comme le rappellent  D. Kallinich et T. Nentwig, le pouvoir local est loin de constituer en France le contrepouvoir qu’il représente en Allemagne. Ainsi même si, à court terme, les ressources du futur candidat pourront assurer la victoire socialiste en 2012, la pérennisation du partage du pouvoir devra passer par un abandon d’au moins certaines des structures les plus jacobines de la Ve République.

•    Daniela Kallinich & Teresa Nentwig, "Sarkozys Tief hilft den Sozialisten nicht aus der Krise", Zeit Online, 5 mai 2011