Loin de proposer un livre partisan, Nicole Guedeney (pédopsychiatre) nous expose de façon claire et synthétique la théorie de l’attachement.

Si la théorie de l’attachement a été développée par le psychanalyste John Bowlby après la seconde guerre mondiale au moment où se posait la question de la sécurité entre les personnes, cette théorie vieille d'un demi siècle n’en est pas pour autant devenue une approche théorique complémentaire de la majorité des psychanalystes français. Souvent ignorée à tort par ces derniers, elle constitue pourtant une approche théorique très intéressante du lien vital d’un enfant à une figure d’attachement.

Et si elle est aujourd’hui une référence chez les professionnels de la petite enfance dans le champ des institutions qui s’occupent d’eux, que ce soit en crèches, dans les services d’hospitalisation pédiatrique, les pouponnières etc., il faut souligner que l’Education Nationale qui voit passer quasiment tous les enfants de 3 ans dans ses classes de maternelle gagnerait à s’y référer pour la première scolarisation des enfants en toute petite section et petite section de maternelle afin de rendre ce début de vie d'élève plus sécurisante et faciliter leur entrée dans les apprentissages. Car, nous souligne Nicole Guedeney dans ce petit ouvrage, le type d’attachement de l’enfant a des effets sur son intégration scolaire et sur son entrée dans les apprentissages. On peut donc faire l'hypothèse que prendre en compte à l'école les apports de la théorie de l'attachement dès l’entrée en maternelle pourrait avoir des effets positifs pour les enfants les plus vulnérables.

Pour ce qui est des cliniciens, la théorie de l’attachement est une référence pour des psychologues, psychiatres, et mêmes pour certains psychanalystes. En effet, la psychanalyse s’intéresse à l’intrapsychique alors que l’attachement s’intéresse à l’interpersonnel, la psychanalyse s’intéresse à la symbolisation de l’objet absent et la théorie de l’attachement à l’objet présent. Or, le bébé passe par des phases durant lesquelles il est en présence de l’objet et des phases où l’objet est absent. Freud le souligne déjà en 1920 dans Au-delà du principe de plaisir quand il parle de l’observation de son petit fils âgé de 18 mois, lequel invente un jeu avec une bobine   pour "supporter sans protestation le départ et l'absence de la mère"   , laquelle était précédemment présente… Par ailleurs, la psychiatrie du bébé montre qu’il y a des liens entre la théorie de l’attachement et la psychanalyse car l’intrapsychique des parents d’un bébé organise l’interpersonnel qu’ils mettent en place avec celui-ci, qu’ensuite le bébé intériorise des représentations internes, des représentations d’attachement et des représentations d’interactions qui vont venir constituer ses propres représentations intrapsychiques. Ainsi, ces deux théories que sont la psychanalyse et l’attachement s’articulent naturellement. C’est la réflexion menée par Peter Fonagy dans son livre intitulé Théorie de l'attachement et psychanalyse
    .

Aussi, avant de découvrir dans le détail cette théorie de l’attachement avec la lecture des trois ouvrages de Bowlby   , la lecture du petit livre de Nicole Guedeney L’attachement, un lien vital qui sortira en mars prochain   offrira aux psychanalystes curieux et autres autres lecteurs, dans un langage accessible à tous, une présentation claire et concise de la théorie de l’attachement.