Richard C. Holbrooke était un des diplomates les plus importants de ses quarante dernières années. Major de sa promotion d’histoire à Brown University, il rejoignit dès 1962 l’appareil diplomatique américain. Attaché à toutes les administrations démocrates depuis la fin des années 1960, il était le représentant spécial de l’administration Obama en Afghanistan et au Pakistan. Le fait d’armes de sa longue carrière fut d’avoir conduit les négociations qui mirent fin à la guerre en Bosnie en 1995. 

 

Les observateurs l’affublaient des qualités et défauts qu’on associe habituellement aux diplomates hors pair : la ruse diplomatique et l’habileté rhétorique, autant que l’autoritarisme et l’usage immodéré de l’intimidation. Bill Clinton reconnut que son action en Bosnie "a aidé à arrêter le carnage, et lors des négociations à Dayton, la force de sa détermination fut décisive pour assurer la paix, restaurer la sécurité et sauver des vies."

 

Richard Holbrooke commença son parcours de diplomate au Vietnam, où il resta six ans pendant la guerre. Il tenta d’abord au sein de la United States Agency for International Development de rallier la population civile à la cause américaine dans le delta du Mékong. Il fut ensuite en poste à Saigon, avant de participer aux négociations de paix qui eurent lieu à Paris en 1968-1969, aux côtés de W. Averell Harriman et Cyrus R.Vance. 

 

En tant qu’adjoint du secrétaire d’Etat aux affaires d’Asie de l’Est et du Pacifique, il joua un rôle clé dans le rapprochement des Etats-Unis et de la Chine au cours des années 1970, y compris lors du voyage historique de Richard Nixon en République populaire en 1972. 

 

Sous la présidence Clinton, il fut ambassadeur en Allemagne en 1993-1994, adjoint au secrétaire d’Etat aux affaires européennes pendant la crise des Balkans puis représentant des Etats-Unis à l’ONU de 1999 à 2001. 

 

S’il fut reconnu pour cette brillante trajectoire de diplomate, Richard Holbrooke n’obtint jamais le secrétariat d’Etat qu’il convoitait en 1997 quand Madeleine K. Albright fut nommé, ou en 2009, lorsque Hillary Clinton accepta ce portefeuille. Néanmoins, son avis fut toujours écouté et respecté, qu'il fût rédacteur en chef de Foreign Policy de 1972 à 1977, éditorialiste au Washington Post, ou auteur de To End a War (1998)- mémoire de son expérience bosniaque. 

 

Il amassa également une fortune conséquente à Wall Street puisqu’il fut banquier d’affaires, notamment chez Lehman Brothers, le Crédit Suisse et l’American International Group. 

 

Récemment, il aida Hillary Clinton, dont il était proche, à convaincre le président Obama d’envoyer plus de troupes en Afghanistan tout en plaidant pour l’élaboration de nouveaux programmes d’aide et de développement afin d’améliorer l’image des Etats-Unis sur place. 

 

Barack Obama a salué "l’un des géants de la politique étrangère américaine." Richard Holbrooke est mort le lundi 13 décembre à l’âge de 69 ans. 

 

 

* Robert McFadden, "Richard C. Holbrooke, 1941-2010. Strong American Voice in Diplomacy and Crisis", New York Times, 13 décembre 2010. 

 

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- Richard Holbrooke, To end a war, par Aurélien Lechevallier. 

- 'Biographie de Richard C.A. Holbrooke', par Vassily Klimentov.