Le tout-payant à la Murdoch est arrivé. Depuis quelques jours, il faut payer 1£ par jour pour accéder aux articles en ligne du Times et du Sunday Times, deux titres phares de News Corporation, le groupe du magnat australien. Un prix qui semble bien bas pour justifier une volonté d’harmoniser les coûts de la presse en ligne avec ceux de sa grande sœur usée, la presse papier.

C’est la première fois au Royaume-Uni que le contenu d’un quotidien généraliste devient payant en ligne. Et il n’y aura pas un seul article gratuit pour mettre l’eau à la bouche du lecteur récalcitrant, comme c’est le cas pour le Financial Times ou The Washington Post. The Sun et News of the World, deux tabloïds de News Corp. devraient suivre la voie du tout-payant également. Car Rupert Murdoch n’aime pas la gratuité et le dit : "We are going to stop people like Google or Microsoft or whoever from taking stories for nothing … there is a law of copyright and they recognise it. [Nous allons empêcher des gens comme Google ou Microsoft ou je ne sais qui de nous prendre des informations pour rien… il y a une loi sur le copyright et ils la reconnaissent]."   .

Pour autant, News Corp. sait bien qu’il tente un pari osé. "La plupart des sondages réalisés ces dernières semaines estiment qu’entre 5 et 10 % des 21 millions de visiteurs qui s’inscrivaient jusqu’ici chaque mois sur les sites gratuits seraient prêts à payer", écrit Sonia Delessale-Stolper. D’après la correspondante de Libération, le Times aurait baissé son budget éditorial de 10 % et licencié 50 salariés. Le passage au payant apparaît donc comme l’expérimentation d'un nouveau modèle économique. De quoi initier une tendance lourde dans les médias en ligne ?

 

* Sonia Delessale-Stolper, 'Tout-payant : Murdoch veut le salaire du labeur', Libération, 24 juin 2010.