Dans son deuxième hors-série, la revue Books propose un panorama de la bande dessinée contemporaine au niveau mondial et présente sa place à part dans le monde des livres. Loin d'être uniquement destiné aux enfants, le "neuvième art" dispose de nombreux attraits pour montrer "un autre regard sur le monde". A travers des interviews de dessinateurs ou de scénaristes et des présentations d'ouvrages, la revue défend ainsi l'originalité de la bande dessinée.

Dans une interview, Benoît Peeters (auteur du Monde d'Hergé et de Lire la bande dessinée), expose la créativité de la bande dessinée aujourd'hui : "Tous ceux qui se disent lassés par le nombrilisme du roman français découvriraient là un monde parmi les plus vivants de la création contemporaine". En présentant l'histoire de la bande dessinée et de ses différents styles (BD intimistes, BD de reportage, BD historiques...), il en explique ainsi la spécificité et l'importance qu'elle a prise au cours du temps et dans différents pays. Liant récit et graphisme, la bande dessinée propose une vision complexe du monde contemporain.

 

La bande dessinée, illustration de la société

Deux grandes parties de la revue sont consacrées aux bandes dessinées de reportages "Vivre à Rangoun, Zagreb, Yopougon....  et aux bandes dessinées historiques "Dessine-moi l'histoire". On y voit des auteurs comme Guy Delisle qui présente la vie quotidienne en Corée du Nord dans Pyongyang et en Birmanie dans Chroniques birmanes, Marguerite Abouet qui raconte dans sa série Aya la vie quotidienne de son enfance en Côte d'Ivoire ou Shaun Tan qui dessine – sans une seule parole – une chronique de l'émigration dans Là où vont nos pères (prix du meilleur album au festival d'Angoulème en 2008).

La bande dessinée peut également être utilisée pour caricaturer et critiquer une situation existante. La revue sud-africaine Bitterkomix, créée en 1992 par deux dessinateurs afrikaners, est ainsi devenue un symbole de la lutte contre l'apartheid. De la même façon, Magdi Al-Chafei, dessinateur égyptien, critique le régime corrompu de son pays et présente la vie quotidienne des gens simples représentés par son personnage Chéhab (son livre Metro fut d'ailleurs censuré un mois après sa sortie pour « atteinte aux bonnes mœurs »).

 

Les mangas loin des stéréotypes

Books critique la vision stéréotypée des mangas en présentant les œuvres de plusieurs mangakas japonais, notamment Yoshihiro Tatsumi et Jirô Taniguchi.Y.Tatsumi présente les Japonais pauvres de l'après-guerre exclus de la croissance économique et J.Taniguchi est célèbre pour ses histoires de vie quotidienne au Japon, dessinées avec un graphisme très détaillé, proche de la "ligne claire" de la bande dessinée franco-belge. 

Avec ce hors-série, Books permet aux novices de la bande dessinée (les "aniconètes" - "analphabètes de la bande dessinée" tels qu'ils sont nommés dans l'Edito) de comprendre l'univers complexe de cet art souvent méprisé ou laissé de côté, et propose aux adeptes du "neuvième art" de nouvelles pistes de lectures, notamment avec la présentation de la "bibliothèque idéale de Books" allant d'ouvrages de références sur la bande dessinée aux albums de légende et séries mythiques de celle-ci

 

* 'Bande dessinée. Un autre regard sur le monde', Hors-Série Books, avril-mai 2010.

 

A lire sur nonfiction.fr :

- Thierry Groensteen, Un objet culturel non identifié, par William Foix.