A l'occasion de la sortie du rapport Schuman sur l'Europe 2010, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, a livré sa vision de la construction européenne et des défis à venir lors d'une conférence de presse, tenue le 2 mars, au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) à Paris. Si le chemin accompli est considérable depuis la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950 scellant la réconciliation franco-allemande, il faut prendre conscience de "l'immense rendez-vous qui attend l'Europe. Car "nous avons changé de monde", a-t-il-dit.
L'Europe est entrée dans une phase radicalement nouvelle, celle de la mondialisation. Pour Pierre Lellouche, les gouvernements européens "même les plus atlantistes et ultralibéraux" ont pris conscience "d'un changement de monde" dans lequel "il n'est pas évident que l'Europe soit la mieux placée dans la compétition qui s'ouvre". Car le temps ne joue pas nécessairement pour l'Europe, a-t-il averti. La mise en place du Traité de Lisbonne, par exemple, a nécessité plusieurs années. Cette lenteur, "n'est pas adaptée à la rapidité du monde". Elle amène à se demander si l'Europe est capable de prendre en main son destin, alors même que "la crise agit comme un accélérateur du changement". Le Secrétaire d'Etat a appelé l'Europe à prendre conscience du risque de déclassement dans un contexte où "la foi européenne n'est plus là". "Ayons la lucidité de le reconnaître. La paix n'est plus le moteur fondamental. Le taux de participation aux européennes montre également que l'attachement européen n'est plus si fort".
Ce nouveau moment de la construction européenne est toutefois porteur d'opportunités "si l'Europe change de braquet". Il faut continuer à nous battre pour promouvoir notre modèle, nos valeurs qui sont universelles", a insisté Pierre Lellouche. "L'Europe doit s'approprier l'extérieur, et se réapproprier la géopolitique, la géo-économie. Nous avons été les sujets de l'histoire: redevenons acteurs". La sortie de crise et l'affirmation de l'Europe sur la scène internationale nécessitent la mise en place d'une politique industrielle et d'une politique énergétique communes. Il faudra aussi sauver l'agriculture européenne, "un domaine stratégique" en plus de représenter un instrument de gestion du territoire. Le débat, qui sera lancé par les discussions autour de la révision du budget européen, tourne autour de deux options : la renationalisation de la politique agricole ou la conservation de la PAC.
Pour que les citoyens s'approprient l'Europe, autre enjeu fondamental, il faut lancer un message de volonté et d'espoir. "Nous serons les avocats infatigables d'une Europe qui s'assume, qui prend des décisions politiques" a déclaré le Secrétaire d'Etat satisfait que "l'esprit intergouvernemental ait retrouvé un élan certain".