Voici un recueil de nouvelles qui présentent des histoires de vie variées, souvent bien étonnantes, dans une écriture qui se situe davantage du côté de la littérature que du récit clinique.

Avec ces huit nouvelles, Gisèle Harrus-Révidi, psychanalyste et directrice de recherche à l'Université de Paris 7, ose quitter le récit clinique pour écrire des "fictions psychanalytiques" afin de nous narrer des moments de vie de personnes qu'elle n'a pas reçues en analyse, mais dont elle a entendu le récit, ici ou là, raconté par des amis, des confrères, voire entendu dans l'autobus. Ainsi, bien loin de faire un exposé de "cas cliniques", elle nous entraîne, par la littérature, dans l'intime de ces personnes, au coeur de leurs blessures, de leur vie qui se répète, qui est mystérieuse, ou qui bascule sans crier "gare".

Ce recueil de textes aurait pu être publié dans une autre collection que celle-ci, tant le style est littéraire et sans références cliniques. Par ailleurs, Gisèle Harrus-Révidi s'attache à nous proposer des nouvelles ancrées dans notre société : une femme française mariée en France à un homme algérien et qui se retrouve enfermée dans un harem, une jeune femme juive très respectueuse de sa religion qui fait un écart le temps d'une semaine, un étudiant algérien plusieurs fois rescapé de massacres dus à la guerre civile... D'autres sont de l'ordre du familial : un secret qui hante une génération de cousins, des enfants qui cherchent leur mère, une jeune femme qui prend des décisions qui la mènent de façon répétitive à l'échec etc.

Quant au titre, il lui vient d'avoir pu observer un champ de coquelicots avant et après un orage. Malgré la fragilité apparente de ces fleurs, elles ont supporté l'orage sans s'abîmer. L'auteure trouve ici une métaphore de ce qui peut arriver à ces personnes, d'apparence fragile, et qui, une fois l'orage passé, semblent ne pas en avoir souffert.