L'arrivée  des nouveaux ebooks sur le marché, qu'il s'agisse de ceux d'Amazon ou de Sony, ne doit pas être considérée comme une menace mais plutôt comme un signal d'alarme. C'est en tout cas la thèse que défend Fabrice Epelboin, consultant en stratégie web 2.0, dans un entretien accordé à Cécile Zanirato. Il est important et même vital pour l'avenir du livre que les éditeurs acceptent enfin d'entrer dans l'ère numérique, considérée à tort comme une menace pour l'édition.

Du fait de certaines faiblesses techniques, le ebook n'a pas encore su se démarquer ni même s'imposer. En effet le hardware n'est pas encore au point : le prix, la distribution, la communication, les contenus, l'utilisation de DRM ou encore les possibilités d'annotations sont les principaux points à améliorer. Par ailleurs, l'édition scolaire, qui pourrait être un marché très bénéfique pour le livre numérique, est très mal exploitée, du fait, notamment, d'une opposition très forte de la part du syndicat national de l'édition (SNE). Mais si le Kindle et le SonyReader émergent encore difficilement sur le marché de la consommation numérique, l'amélioration de certaines caractéristiques techniques pourrait très vite changer la donne.

"Il est capital pour le secteur de l'édition de réaliser que, qu'il le veuille ou non, l'arrivée du ebook va radicalement transformer le secteur, tout comme l'arrivée de l'imprimerie l'a par le passé métamorphosé". Dès lors, il est inutile de s'obstiner à s'interroger sur le bienfondé de cette nouvelle technologie, déjà installée dans le paysage éditorial. Aller à l'encontre du numérique ferait courir l'édition à sa perte.

Il est donc dans l'intérêt des éditeurs d'établir une stratégie dans laquelle il "pense" le livre numérique. "Il faut anticiper, prévoir, imaginer comment les restructurations à venir vont [...] changer la façon de travailler autour d'un livre, de son idée à sa promotion et au-delà". L'entrée dans l'ère du numérique implique des changements notoires : du point de vue de la communication, il est indispensable, selon Fabrice Epelboin, de se tourner vers des réseaux sociaux tels que "des clubs du livre en ligne" ; l'ebook doit également être envisagé du point de vue strictement logiciel afin qu'il puisse s'adapter à des appareils tels que les PC ou les IPhone.

Enfin, affirme Fabrice Epelboin, le piratage ne doit plus être considéré comme un fléau : le monde de l'édition est "le seul acteur de la culture en mesure aujourd'hui de tirer parti du piratage, plutôt que de se lancer dans une bataille perdue d'avance". Les pirates pourraient d'ailleurs être de très bons alliés et permettre, par le biais du numérique, d'augmenter les ventes de livre papier... La véritable menace, précise t-il, se situe davantage du côté d'Amazon ou de Google. "Pas convaincu ? qui a causé le plus de tord à l'industrie du disque ? Orange, Apple ou les Pirates ?"

 

À lire :

eBook : un interview à l'envers (Read Write Web), 19.05.09.