La foire du livre de Leipzig s’est ouverte comme chaque année par la remise du prix européen du livre. Avec Terreur et rêve, Moscou 1937, l'ouvrage primé de Karl Schlögel édité chez Hanser, une certaine idée de l’Europe est fêtée, celle qui s’ouvre sur l’Est ; une année est consacrée : 1937 ; une façon de faire de l’histoire est plébiscitée : l’écriture si particulière de Karl Schlögel. Interviewé par le journal de la culture d’Arte, l'historien allemand revient sur son projet, que le titre synthétise parfaitement : "Terreur et rêve". Il s’agit de rendre compte de l’état d’esprit à Moscou dans l’entre-deux-guerres, qui associe "euphorie du Grand Soir" et "réalité des purges staliniennes".

Littéralement, Karl Schlögel raconte des histoires   . Le soin qu'il porte à l'écriture explique en partie le succès populaire et critique de ses ouvrages. L'historien a reçu un grand nombre de prix, consacrant successivement la qualité de sa prose (prix Lessing en 2005) et la valeur scientifique de son travail (prix Sigmund-Freud en 2004).

Utilisant des témoignages d’époque, des objets du quotidien comme des livres d’enfant, Karl Schlögel fait de l’entreprise historique une aventure littéraire. Le lecteur est emporté dans des descriptions minutieuses, qui reprennent chronologiquement les faits et gestes des Moscovites de 1937. Dans une atmosphère paradoxale, la terreur du régime totalitaire et les rouages du pouvoir stalinien se mêlent avec subtilité à l’enthousiasme des premières vacances estivales, aux innombrables spectacles, aux fêtes, à l’espoir en un monde meilleur.

L’ancien militant communiste, à présent professeur d’Histoire Est-européenne à l’université de Viadrina, a connu un parcours universitaire atypique. Son œuvre de vulgarisation - au bon sens du terme -, dépasse le cercle des chercheurs pour défendre auprès du grand public l'amitié entre les peuples, qui passe selon Schlögel par une connaissance approfondie de l'Europe de l'Est et de l'Est de l'Europe, jusqu'à Moscou