Europeana est enfin lancé aujourd'hui pour une phase test de trois mois. Ce nouveau trésor devrait rassembler des biens culturels des quatre coins du continent et compter d’ici 2010, 10 millions d’objets numériques issus du patrimoine culturel européen. Une nouvelle étape dans la numérisation des contenus et l'accès à tous à la culture sur Internet ?

Cette bibliothèque numérique d’un genre nouveau se présentera sous la forme d’un portail multilingue (22 langues) et sera accessible gratuitement avec une simple connexion Internet. Initié en 2007, c’est la concrétisation d’une contribution de tous les pays d’Europe pour créer une gigantesque base de données sur la toile, qui permettra par exemple de réunir des volumes jusqu’alors physiquement séparés. Selon Viviane Reding, la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Europeana pourra faire bénéficier d’une "grande visibilité tous les trésors enfouis au fin fond de nos bibliothèques, musées et centres d'archives".
Dans les faits, la France représente tout de même plus de la moitié des contributions (52%) en raison de l'importante participation de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Tous les pays ont malgré tout tenu à y participer, certains en marge, compte tenu des œuvres disponibles mais surtout du coût important de la numérisation qui était, pour les États membres, l’un des défis majeurs à relever.


Une médiathèque européenne virtuelle

Souvent présentée comme une bibliothèque, Europeana se veut en réalité une véritable médiathèque en ligne. En effet, le site donnera accès à diverses données numériques : des manuscrits, des livres, mais aussi des images, peintures, cartes, ou autres sons et documents audio-visuels, notamment par un partenariat avec l'INA. Le site Europeana pourrait donc permettre la découverte et la mutualisation des cultures des différents États jusqu’à, peut être, participer à la construction d’une identité européenne commune ? À destination des étudiants, des chercheurs, mais surtout du grand public, Europeana a donc une visée bien plus large que la mise à disposition d’ouvrages numérisés déjà largement engagé par Google Books, souvent présenté comme son concurrent direct.

Une autre différence majeure se trouve dans les œuvres choisies, Europeana ne contenant, pour le moment uniquement, que des œuvres tombées dans le domaine public. Pas de problème donc pour les droits d’auteur, mais par ce choix, Europeana se privera de tout contenu récent, ce qui risque d'en réduire son intérêt. Car de son côté, Google a signé récemment un accord avec l'Authors Guild et de grands éditeurs américains de l'Association of American Publishers (accompagné du versement de l’impressionnante somme de 125 millions d’euro à destinations des auteurs), qui l’aidera au développement de son e-bibliothèque déjà forte de 7 millions d’ouvrages numérisés entièrement ou en partie numérisés.

Avec quelques 2 millions de documents pour sa version expérimentale, qui a rencontré un succès immédiat et pour cause est déjà rendue inaccessible jusqu'à la mi-décembre (dix millions de visites par heure après le lancement), la première version d’Europeana devrait être en place pour le printemps 2009 après une période test. Des aspects sont déjà à améliorer, notamment la nécessité d’une traduction du site au-delà de l’interface d’accueil


*À lire également sur nonfiction.fr :

- l'article de Simon Bannes sur la numérisation des livres.
- notre dossier sur le Livre 2.0.