Dans un article du 4 novembre dernier sur le site Telos, Zaki Laïdi pose une question d’actualité : "L’Amérique décline-telle ?". La réponse argumentée qu’il apporte tranche de façon rafraîchissante avec les idées reçues sur le déclin étasunien, périodiquement annoncé depuis les début des années soixante-dix.
Pour évaluer la place et la puissance des États-Unis dans le monde, Zaki Laïdi analyse l’interaction entre puissance matérielle et puissance politique et constate la stabilité de la puissance matérielle étatsunienne face à la montée de la Chine. Cette dernière se fait donc au dépend de l'Europe et des autres pays émergents. Cette redistribution de la puissance matérielle est le principal marqueur d'un processus de "multipolarisation" qui suscite étonnamment peu de tensions politiques, si l'on se place dans une perspective historique.
Le monde, Chine et Japon en tête, continue d’injecter ses colossaux surplus d’épargne aux États-Unis, dont l’intérêt pour les investisseurs étrangers n’a pas diminué malgré le ternissement important de son prestige depuis les années 2000. Le Japon vieillissant et pacifiste, tout comme l’Europe, a besoin de la domination stratégique et de la protection des États-Unis. La Chine n’est pas exempte d’intérêts stratégiques, mais souhaite avant tout préserver le statu quo garantissant la stabilité dont elle a besoin pour parachever sa mutation économique.
Reste l’inconnue russe que Zaki Laïdi n’aborde pas, ce qui laisse le lecteur un peu sur sa faim. En creux, sa convaincante démonstration sur le maintien de la puissance étasunienne dans un monde multipolaire globalement stable semble indiquer que la Russie risque d’être une source majeure des tensions internationales à venir
* Zaki Laïdi, "L’Amérique décline-telle ?", Telos, 04.11.2008.
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