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Si le couple "étudiants - entreprises" était un oxymore il a quelques années, tisser des liens entre eux est maintenant devenu une nécessité pour notre société. C'est en tout cas l'avis de Julie Coudry et de Laurent Bérail qui ont choisi de relever ce défi en lançant la MANU. La naissance de cette agence indépendante a attiré plus de 400 personnes hier à la Villette, qui fut, pour une matinée, le théâtre d'une rencontre inédite entre étudiants, professionnels, pouvoirs publics, et acteurs du monde socio-économique.


"Rendre possible ce qui est nécessaire"


Et la symbolique de cette rencontre est déjà très forte. Car c'est un premier pas vers la confrontation de deux mondes qui jusqu'à présent s'ignorent, dans un but de "construire les ponts d'un avenir en commun" selon Laurent Bérail. Malgré des initiatives en marge, l'Université est en effet encore loin de jouer ce rôle de tremplin, en particulier pour ceux qui ne se destinent ni à une carrière de professeur ni à celle de chercheur. Les a priori réciproques et la concurrence avec d'autres formations ont creusé un fossé entre universitaires et entreprises qu'il est maintenant nécessaire de combler, pour palier un taux d’emploi des jeunes français le plus faible d’Europe.
Pourtant, chacun de leur côté, monde étudiant et monde de l’entreprise ont des aspirations fortes l'un envers l'autre, comme en ont témoignées les interventions des participants réunis lors de l'événement. Une envie de "prendre leur avenir professionnel en main" pour les premiers, de mieux se connaître et de se valoriser, mais aussi de découvrir le monde du travail et ses codes pour pouvoir s'y épanouir pleinement. Pour les entreprises, c'est une volonté de diversité, de recruter un profil et non plus seulement un diplôme, ou encore "de rechercher des compétences nouvelles et de les faire évoluer" pour Nathalie Rauhoff du Crédit Agricole, notamment dans le contexte de renouvellement démographique.


L'exigence de passer à l’action


Depuis longtemps, Julie Coudry vit ces questions. Pendant son mandat de présidente de la Confédération étudiante, elle s'engage contre le Contrat Première Embauche (CPE) jusqu'à obtenir son retrait. En 2007, elle va même plus loin, en œuvrant pour faire entrer l'insertion professionnelle comme nouvelle mission de l'Université.
La MANU incarne la continuité de sa bataille, dont la nouvelle directrice générale a dévoilé le plan. L’agence a donc trois objectifs clairs : développer une culture partagée, organiser un lien étudiants - entreprises solide et direct, et enfin donner la possibilité aux étudiants de se construire et d’entretenir un réseau professionnel, par des rencontres régulières et organisées directement sur les campus. Pour cela, elle s’est déjà entourée de 12 entreprises partenaires (Crédit agricole, SFR, La Poste, Danone,...) qui s'engageront financièrement mais également humainement, comme des acteurs à part entière du projet. Elle a aussi ciblé Paris, Bordeaux et Lyon pour installer ses trois premières antennes pour l’année à venir, avec l’objectif d’un total de 10 implantations pour 2012, dont Grenoble et Strasbourg. Pour ce faire, l’agence bénéficie enfin du soutien des pouvoirs publics tels que celui du Haut commissariat aux solidarités actives. Le secrétariat d'État chargé de l'emploi a également annoncé un chèque d’1 million d’euro.

 

La MANU ne se veut donc pas un énième guichet d'aide ou de placement, mais une démarche de l’engagement volontaire des étudiants, des entreprises, et des autres acteurs qui la feront vivre ensemble. Et pour Dominique Reynié, membre du comité de parrainage, c’est le signe de "l’émergence d’une nouvelle génération, de nouveaux concepts, d’un nouvel acteur" qui n’a pas juste eu lieu aujourd’hui, mais qui ne fait que commencer. C’est aussi l’avis de certains étudiants qui, du célèbre slogan encore dans toutes les têtes, ont manifesté leur engagement en dédicaçant le mur symbolique dressé pour l’occasion : "Avec la MANU, yes we can !"