Selon l'ACLU   , la liste de surveillance antiterroriste américaine a dépassé le cap symbolique d'un million de suspects fichés au sein du Centre de Surveillance du Terrorisme (CST), instance fédérale américaine dirigée par Barry Steinhardt. Ce dernier nie l’ampleur d’un tel chiffre et se défend de toute instrumentalisation liberticide ou frauduleuse de cette base de données que l’Administration Bush mit en place durant la rupture sécuritaire post 11-Septembre, symbolisée par le Patriot Act. Pourtant, selon un rapport de l'Inspecteur général du Department of Justice (ministère américain de la justice), le CST "avait plus de 700 000 noms dans sa base de données en avril 2007 et la liste grossit de plus de 20 000 fiches par mois en moyenne".
 
Au-delà du symbole, révélateur d’une époque, c’est bien l'utilisation discriminatoire, intrusive mais surtout obscure de cette liste qui pose problème. En cela, l'absence d'une structure instituée de "checks and balances" (contrepoids) est le (mauvais) signe d'une dérive sinon autoritaire, tout du moins voyeuriste et répressive du système pénal américain. Des personnalités publiques comme la Sœur McPhee ou encore Cat Stevens (chanteur et compositeur britannique) ont dénoncé leur présence sur cette liste. La première estime que sa présence sur la liste a entraîné une surveillance abusive de la part des services américains, et Cat Stevens, converti à l'Islam sous le nom de Youssouf Islam, s'est vu interdire de territoire.
 
La protection des libertés civiles a valeur constitutionnelle aux États-Unis. L'existence de cette liste, qui induit le risque d'une administration incontrôlée pouvant en tirer profit ou causer du tort, conduit à s'interroger sur son usage et rappelle l'affaire des fiches militaires franc-maçonnes et le fameux "VALM" ("va à la messe")  
 
Toujours est-il que pour éviter de créer des ennemis publics numéro 1, 2, 3..., la circulation publique des principaux noms suspectés de terrorisme est très contrôlée par l'administration américaine. En clair, garder le secret afin de ne pas perdre l'effet de surprise dans la guerre contre le terrorisme. Le silence est-il vraiment l'arme des forts quand la violence est l'arme des
faibles ?


* À lire également sur nonfiction.fr :

- l'article traitant du fichier de recensement français EDVIGE, par Victor Joanin.