Prix Nobel de littérature, Alexandre Soljenitsyne est mort dimanche soir, selon une information de l'agence AP, d'une attaque cérébrale. Il avait 89 ans.

Écrivain russe, il fut arrêté en 1945 pour avoir critiqué Staline dans une lettre et fut condamné à huit ans de bagne. Libéré en 1953, il dut rester en exil jusqu'en 1957, date à laquelle il fut réhabilité. C'est durant son exil qu'il écrit sa célèbre nouvelle sur un camp stalinien, Une journée d'Ivan Denissovitch. D'abord autorisées par Khrouchtchev, toutes ses oeuvres furent interdites à partir de 1964. En 1973, paraît à l'étranger L'Archipel du Goulag qui allait le rendre mondialement célèbre et contribuer à l'affaiblissement moral du communisme, surtout à l'Ouest où il comptait encore beaucoup de défenseurs. François Furet, dans son livre Le Passé d'une illusion, décrit minutieusement l'impact du livre en Europe et le considère comme un des livres majeurs du XXème siècle.

Mondialement célèbre à partir de son prix Nobel de littérature en 1970, le succès de L'Archipel du Goulag dérange grandement en Union Soviétique. Soljenitsyne est arrêté en 1974, déchu de sa citoyenneté soviétique puis expulsé. Il vivra à Zurich puis aux États-Unis, faisant notamment des conférences à Harvard.

Depuis la chute du communisme, il était revenu habité en Russie, rencontrant notamment le président Poutine, mais se montrant très critique vis à vis des évolutions du pays post-communiste. Il s'était fait le défenseur d'un retour aux valeurs traditionnelles de la Russie orthodoxe, suscitant à nouveau des critiques pour son néo-nationalisme et sa foi exacerbée.

En ce lundi 4 août, les quotidiens n’ont pas manqué de saluer la disparition de ce "monument de dissidence" selon Libération, "celui qui, tout seul, ébranla l’empire soviétique" (Le Figaro). Sur le blog hébergé par Le Monde La République des Livres, Pierre Assouline insiste sur "la place de son œuvre, (…) de la manière dont elle a pu infléchir le cours de l’histoire, peser sur la vie des idées et surtout aider les hommes à vivre."


> Voir le Portrait cette nuit dans le New York Times