Stéphane Rozès, politologue et sondeur d’opinion, publie ce mois-ci dans la revue Le Débat une analyse de la nouvelle période politique inaugurée avec la campagne présidentielle de 2007.

Dans cet article, Stéphane Rozès insiste sur l’absence de thème précis ayant animé la présidentielle. En 2007, ni fracture sociale, ni obsession sécuritaire. Pour autant, l’intérêt des citoyens pour cette élection a été particulièrement fort, comme en témoignent notamment le taux de participation et l’importance de la politique dans les conversations des Français. Sans thème particulier, la préoccupation de cette élection présidentielle semble avoir été d’un tout autre ordre : selon l’auteur, c’est la redéfinition de l’identité politique commune qui était en jeu.

On trouvera quelques réflexions intéressantes pour expliquer la cristallisation des votes sur trois candidats, évinçant ainsi les petits partis de la compétition électorale. Pour Stéphane Rozès en effet, les électeurs ont eu avant tout le souci de "remettre le pouvoir sur son piédestal" et de "faire primer l’incarnation du pouvoir" : "les électeurs n’ont pas jugé les candidats (...) au travers d’une grille d’analyse économique et sociale qui structure l’axe horizontal gauche/droite, mais au travers d’un axe vertical de cohérence de la personnalité du candidat, ses valeurs, ses solutions". Un vote utile donc, mais également un vote qui renseigne sur la conception du pouvoir politique qu’ont les citoyens actuellement.

On pourra également lire dans cet article une analyse de la stratégie électorale des trois candidats principaux. Ainsi, la démocratie participative proposée par Ségolène Royal est présentée comme un mode de résolution de la traditionnelle contradiction du parti socialiste entre conquête et exercice du pouvoir. Par ailleurs, l’échec de François Bayrou est expliqué par l’incapacité du leader centriste à passer de la critique aux propositions concrètes : en se cantonnant à la dénonciation de l’opposition droite/gauche, il ne parvint pas à accéder au second tour – malgré sa "simplicité" et son "authenticité". Enfin, Stéphane Rozès décrit le "style Sarkozy", dont une des principales caractéristiques est le volontarisme politique : "face à chaque problème, il y a une alternative", quelle que soit la manière d’y parvenir. L’ouverture du gouvernement à l’opposition en est une bonne illustration.