À l'heure où les raccourcis se multiplient sur les années 1930, Jérémy Guedj propose d'analyser l'attitude des Juifs en France dans les années 1930, au seul prisme de l'histoire.
De 1933 à 1939, les Juifs français observent, pensent et agissent face aux menaces et mesures antisémites qui se déploient depuis Berlin. L’historien Jérémy Guedj retrace cette histoire sans jamais lire les années 1930 au prisme de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Il en ressort une histoire complexe et plurielle puisque, si la France est d’abord perçue comme un rempart, la IIIe République est affaiblie par des divisions internes et les secousses qui parcourent les pays voisins. Une partie des Juifs français comprennent alors le danger qui se profile de l’autre côté de la frontière et les menaces qui pèsent sur l’ensemble de l’Europe.
Nonfiction.fr : Votre ouvrage porte sur les Juifs français entre l’arrivée d’Hitler au pouvoir et le début de la Seconde Guerre mondiale. Pour conduire ce propos, sur lequel le lecteur pourrait penser que tout a été dit, vous souhaitez écrire cette histoire en fuyant une lecture téléologique qui pense les années 30 au prisme de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale. Sur quelles sources vous êtes-vous appuyé et quelles précautions méthodologiques avez-vous pris pour y parvenir ?
Jérémy Guedj : J’ai moi-même longtemps pensé que tout, du moins beaucoup, avait été dit sur le sujet ! Si des travaux pionniers ont analysé les réactions des Juifs français à la politique antisémite allemande, une étude sur le nazisme dans la culture politique et l’imaginaire des Juifs français restait à entreprendre. Quelques jalons historiographiques existaient, notamment sur la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA, future LICRA) ou sur des parcours biographiques. Dans mon cas, il ne s’agissait pas d’étudier un groupe militant ou une trajectoire individuelle, mais de proposer une approche d’ensemble et comparée des « Juifs français », que j’ai envisagés, comme Pierre Aubéry en son temps, en termes de milieux .
Ce qui posait effectivement d’importants problèmes méthodologiques, outre la difficulté première consistant à définir, non pas dans l’absolu, mais à des fins historiques, ce que l’on entend par juif, c'est qu'il fallait encore déterminer différents « milieux » de Juifs français et se demander comment les saisir. Pour certains, c’était évident, à l’image des institutions communautaires ou des associations et, s’il est toujours intéressant de se demander quelle définition du judaïsme et de la judéité elles proposaient, il n’y avait pas grand risque d’assignation identitaire abusive à en faire la base de mon corpus. Pour d’autres, les choses étaient plus épineuses.
Emmanuel Levinas, dans un texte de 1947, disait que le nazisme avait eu un rôle de révélateur d’auto-identification parmi les Juifs, avec ce terrible constat : « Ne pas pouvoir fuir sa condition. » Beaucoup de Juives et de Juifs français ont donc couché ces troubles sur le papier et nous orientent dans la compréhension de la manière qu’ils avaient de se penser. Certains se découvrent juifs dans les années 1930, à l’ombre menaçante du nazisme ; d’autres voient ce pôle d’appartenance parmi d’autres se renforcer. Mais rien n’est simple : des intellectuels ou militants qui ne font aucun mystère de leur appartenance au judaïsme s’efforcent dès l’époque de rappeler qu’ils ne s’expriment pas en tant que juifs. On peut penser à Raymond Aron, Victor Basch ou encore, parmi bien d’autres exemples, Jean-Richard Bloch.
Le climat d’antisémitisme des années 1930 doublé du modèle assimilateur français explique sans doute ces précautions dont on ne peut exclure une sincérité née de la prétention à l’universel. Enfin, que faire de certains Juifs déjudaïsés, comme André Suarès ? J’ai pris le parti de les intégrer avec prudence pour multiplier les voix qui s’exprimaient face au nazisme, car elles contribuent à la mosaïque que formaient les Juifs de cette époque. Quant à ceux qui ne s’exprimèrent pas ou ne laissèrent pas de trace de leurs avis ou émotions, ils laissent tout un pan de l’histoire dans l’ombre, un silence que j’ai parfois essayé d’interroger en me heurtant à de rapides obstacles.
Les traces de leurs perceptions et actions se trouvent principalement dans la presse juive, les archives des instances communautaires nationales et internationales – car les Juifs français tinrent un rôle de choix au sein du Congrès juif mondial – ou de structures comme la SDN, auprès de laquelle des Juifs tentèrent de combattre le nazisme par un chemin diplomatique feutré. Le résultat est, comme toujours, tributaire de ce que les sources nous offrent. Leur ampleur et leur variété montrent que le nazisme constituait bien pour eux une préoccupation historique et globale.
Vous battez en brèche l’idée de Juifs français passifs face au cours des événements, fuyez l’essentialisme et montrez, à travers la presse notamment, qu’ils se préoccupent très tôt du nazisme. Avant d’arriver en 1933, peut-on dire que depuis l’affaire Dreyfus il y aurait un particularisme des Juifs français face à la montée du nazisme en Allemagne ?
Il y aurait un paradoxe, voire une certaine incohérence, à éviter tout essentialisme – ce qui a été un des objectifs méthodologiques que j’ai tenté de poursuivre – tout en concluant à un particularisme de leurs perceptions. On est là sur une ligne de crête où l’on ne tient l’équilibre qu’au prix d’une double rigueur : ne jamais couper les comportements d’un environnement politique, social et culturel plus large ; ne jamais oublier que l’appartenance à une minorité influence aussi le rapport au monde et introduit des spécificités qui ne proviennent pas d’une quelconque essence, mais d’une situation. Tout cela se vérifie dans le cas du nazisme. S’y ajoute une crainte liée à l’avenir, qui est aussi un des marqueurs du fait minoritaire.
Comme vous le soulignez, dès le début des années 1920, la presse commence à s’intéresser au national-socialisme et à alerter ses lecteurs sur son danger. Ce n’est que progressivement que l’on saisit la particularité de ce mouvement, immédiatement pris au sérieux. Si les Juifs sont à ce point préoccupés par le national-socialisme, ce n’est pas par prescience, mais en raison du très fort antisémitisme qu’il manifeste. Or l’objectif de la presse communautaire est avant tout d’informer sur le monde juif. En tant que français, l’Allemagne, si liée aux destinées de leur pays, les intéresse ; en tant que juifs, ils se soucient du sort de leurs coreligionnaires d’outre-Rhin. En mars 1923, dix ans avant l’avènement d’Hitler, on pouvait lire dans Paix et Droit, organe de l’Alliance israélite universelle (AIU) : « Ces déments antisémites veulent la guerre : qu’on la leur fasse sans attendre que leur cruauté ait causé plus de ravages. » L’extrait n’est sans doute pas représentatif d’un sentiment largement partagé, surtout à ce moment, mais il traduit un émoi précoce.
Une série d’ouvrages a récemment réexploré les « confrontations au national-socialisme » et renouvelé notre vision de la période. Y est rappelée une réalité qui ne va pas de soi aujourd’hui : à l’époque, la « question juive » ne constitue qu’un des prismes, quand il n’est pas inexistant, vers la compréhension du nazisme.
Dans ces conditions, les Juifs ont donc insisté avant d’autres sur cette dimension fondamentale. Un passionnant ouvrage, celui de Frédéric Keck, étudie pour sa part, à travers le cas de Lucien Lévy-Bruhl , le sens particulier de la vigilance développé chez nombre de Juifs, dont la fragilité de la condition aiguisait la sensibilité aux inflexions de l’histoire.
Après 1933, plusieurs événements de la vie politique nazie alertent particulièrement les Juifs français. Les lois de Nuremberg semblent en ce sens marquer un jalon particulier ?
Sans vouloir trop forcer le trait, je dirais que les lois de Nuremberg non seulement marquent un tournant, mais transforment le mode de perception de l’Allemagne nazie. Tout d’abord, on saisit bien sûr l’ampleur du basculement vers la mise au ban systématique des Juifs allemands, même si la sidération freine encore une nette compréhension. Léon Blum lui-même, dans Le Populaire du 17 septembre 1935, ne demande-t-il pas : « Doit-on en croire ses yeux ? De quel cauchemar s’éveille-t-on ? […] N’est-on pas le jouet d’une hallucination en constatant qu’en plein xxe siècle une société puisse résolument rejeter tous principes d’égalité ? » On habillait de textes un « crime collectif », soutenait un journal juif. À partir de ce moment, il n’était donc plus question de se perdre en gloses et en projections savantes, puisque la réalité donnait le ton. Il fallait donc passer à l’action. Nuremberg marquait donc la fin des derniers doutes possibles et le passage à une action directe que retardaient trop de réflexions.
Il s’agissait aussi de commencer à compter ses forces et ses soutiens. Nombre de représentants et d’organes de presse juifs, convaincus que la lutte contre le nazisme et sa politique antijuive ne les concernait pas seulement, se faisaient fort de rappeler l’ampleur des réprobations.
Bien avant le voyage d’intellectuels français en Allemagne à l’automne 1941, les nazis bénéficient en France de relais et de soutiens. Quels groupes et personnalités agissent parmi les premiers pour le compte de Berlin en France ?
D’excellents ouvrages, dus à Pascal Ory et Philippe Burrin ou plus récemment à Frédéric Sallée , en plus d’études biographiques variées, montrent la précocité des liens entre de nombreux Français et l’Allemagne nazie. Pour ma part, je ne les ai étudiés que par ricochet, sous l’angle de ce qu’en disaient les Juifs français, même si j’ai consulté des dossiers aux Archives nationales comportant des rapports très précis sur de telles relations.
Il faut se garder de l’image d’un basculement de toute l’extrême droite française, à commencer par les ligues, dans l’orbite nazie ; l’Italie fasciste conserve longtemps sur celle-ci un magistère qui s’écorne toutefois dans les années 1930. Un exemple en vaut mille : quand la LICA contribue à la traduction de Mein Kampf en français, afin d’alerter les Français – tant les décideurs et « faiseurs d’opinion » que l’ensemble des citoyens – elle le fait en association avec Fernand Sorlot, qui dirigeait les Nouvelles éditions latines fondées en 1931. Or Sorlot appartenait au Francisme de Marcel Bucard, situé à l’extrême droite. Certes, l’entente – provisoire – entre une ligue de gauche et un homme de cette tendance politique a de quoi surprendre, mais l’on pouvait alors être d’extrême droite, admirateur du fascisme italien et germanophobe. À mesure toutefois que l’on s’avançait dans les années 1930, une partie importante de l’extrême droite bascula dans le « champ magnétique » du nazisme pour parler comme Philippe Burrin, à l’image d’un François Coty, d’abord convaincu qu’Hitler était l’ennemi de la France avant d’en faire une source d’inspiration et de pousser au rapprochement avec l’Allemagne. Les errements d’un Marcel Bucard, clamant d’abord son philosémitisme avant de faire complètement volte-face, en est un autre exemple.
Au-delà de ces admirations – du jour ou de la veille – certains furent des relais actifs, stipendiés par l’ambassade d’Allemagne à Paris, de Céline à Jean Boissel en passant par les Coston ou Darquier de Pellepoix. Otto Abetz, entre autres, s’efforça de nouer ou renforcer les liens franco-allemands. Les Juifs, en particulier, car la grande presse s’en est aussi faite le relais, s’estomaquaient de l’existence à Paris d’une Maison Brune inaugurée en 1936 – un 30 janvier ! – où défilaient nombre de nazis, rue Roquépine dans le 8e arrondissement. Des Français en fréquentaient les réunions ou réceptions…
Votre chapitre 6 s’avère passionnant et offre l’une des clés de lecture majeure de votre travail : « les Juifs de France furent divisés, bien plus qu’ils ne pouvaient se le permettre, et tous d’ailleurs en avaient conscience » . Pourriez-vous expliquer cette phrase ?
Les Juifs français étaient profondément divers, par leur niveau de pratique, leur rapport au judaïsme plus généralement, leur milieu social et leurs options politiques, en d’autres termes par tout ce qui fait la complexité d’un groupe humain. C’est pourquoi parler de « communauté » reflète plus une facilité de langage qu’une réalité. À cela s’ajoute un élément fondamental : nombre de Juifs vivant en France s’y étaient installé de plus ou moins longue date. La « deuxième génération » – avec tout ce que ce terme peut avoir de discutable – jouait aussi un rôle important et faisait entendre sa voix. Or sa conception de la judéité et de sa place dans la société différait radicalement de celle des « Israélites », qui prônaient la discrétion et la limitation du particularisme à la sphère publique essentiellement.
Les tensions anciennes étaient devenues des querelles, autour de deux sujets directement liés au nazisme : l’afflux important de réfugiés juifs venus d’Allemagne, et d’autres pays d’Europe centrale et orientale, ainsi que la riposte à mener contre l’antisémitisme et le nazisme. Les uns entendaient s’en tenir à un répertoire classique : accueil des réfugiés en stricte conformité avec les orientations de la politique française en la matière, lutte contre l’antisémitisme et le nazisme dans la limite des moyens traditionnels d’information et de récrimination officielle, ce qui n’excluait pas de discrètes interventions en coulisse.
Les intellectuels et l’élite cultivée cherchaient aussi le meilleur angle de riposte. D’une certaine manière, parfaitement affichée, il s’agissait de réactiver les méthodes du temps de l’affaire Dreyfus. Mais ce dreyfusisme convenait-il vraiment aux enjeux du temps ? Invoquer ces hautes heures du combat contre l’antisémitisme et pour la République revêtait aussi une forte dimension symbolique, tandis que Dreyfus disparaissait en 1935 : se souvenir d’un effort collectif éprouvait, mais, in fine, couronné de succès. Jean-Richard écrivait, lucide, dans Europe, en cette même année 1935 : « Les solutions précaires qui ont suffi à la France menacée pendant l’affaire Dreyfus ne suffisent plus à la société humaine menacée aujourd’hui par une barbarie de proportions planétaires. »
À l’opposé, d’autres Juifs, issus de milieux plus engagés et souvent plus jeunes, renvoyaient ces comportements au passé et proposaient de passer à une action bien plus offensive, comme le boycottage, prôné par la LICA. Surtout, il fallait accueillir les réfugiés et ne pas craindre ce que l’on était, s’affirmer et tenter de trouver tous les relais politiques nécessaires à une véritable riposte. Des historiens comme Simon Epstein ont contribué à nuancer l’idée d’institutions tétanisées et la réelle ampleur des oppositions ; il n’en demeure pas moins que les Juifs s’avançaient dans les années 1930 très divisés. Ils comprenaient que cette attitude leur en coûterait, mais ne parvenaient pas à dépasser leurs divergences de fond. Après les années noires, le traumatisme de leur division les accompagnerait encore longtemps.
La France est d’abord perçue comme un refuge pour les Juifs menacés en Allemagne et en Europe centrale. À partir de quel moment, certains Juifs pensent-ils ne plus y être en sécurité ? Au sein de la IIIe République, quels sont les partis politiques français et les personnalités qui prennent le plus rapidement conscience du fait que le nazisme incarne une menace pour les Juifs français ?
Il y a quelque chose de terrible dans ce retournement. En 1932, alors que 21 parlementaires Juifs avaient été élus en France, les Archives israélites (12 mai), ne pouvaient s’empêcher de procéder à des comparaisons et de conclure : « Quel contraste avec l’Allemagne ! » Pendant toute la période que je traite, qui s’arrête en 1939, les Juifs ont une foi inébranlable en la France, envers et contre tout. L’antisémitisme les inquiète fortement et ébranle l’édifice de leurs certitudes ; certains y voient d’ailleurs souvent une importation allemande, en oubliant le vieil héritage français en la matière. Mais ils conservent une confiance aveugle dans l’État et la République. Les nombreuses marques de sympathie et les efforts, certes insuffisants, mais existants, pour contrer la haine des Juifs leur prouve que le vieux proverbe yiddish « Heureux comme un Juif en France » s’émousse sans perdre de sa vérité.
En revanche, la timidité des réactions de la diplomatie française face à l’antisémitisme allemand sème la consternation, voire la réprobation, comme le formule la LICA, peu coutumière des demi-mots, en 1936 : « Aucun ministre des Affaires étrangères n’a bougé jusqu’à présent. […] Cette indifférence, si elle devait se perpétuer prendrait un autre nom : elle serait de la lâcheté. » Certaines voix s’élèvent, encore rares, pour avertir que les Juifs seraient les victimes directes de l’Allemagne. Tous pensaient, d’une manière ou d’une autre, être cependant les victimes indirectes ou potentielles d’Hitler, tout simplement parce que juifs… En janvier 1939, Samedi, un hebdomadaire juif, reconnaissait : « L’Allemagne a déclaré la guerre à nous, à toute la race juive. Elle fait une guerre à mort à nous, tous les Juifs, par tous les moyens. »
Un terrain vient nuancer ce qui précède : l’Alsace. Là, les Juifs – qui avoisinaient les 30 000 – se sentirent directement visés et y voyaient la marque du nazisme. En forçant quelque peu le trait pour susciter l’émoi et alerter les consciences, Bernard Lecache, qui présidait la LICA, demandait : « L’Alsace est-elle à Hitler ? » C’était en 1936 déjà. Et en juillet de cette même année, lors d’un voyage à Mulhouse, il rapportait ce sentiment glaçant : « L’air que je hume, actuellement, a un arrière-goût de pogrome. » Les proximités entre autonomistes locaux, sections alsaciennes, et lorraines, des ligues puis partis d’extrême droite, et les envoyés du IIIe Reich achevaient de convaincre de ce constat classique, mais qui n’est pas sans vérité : quiconque s’en prenait à la République et à la France s’en prenait aux Juifs. Et inversement. Des hommes politiques et militants locaux firent tout leur possible pour convaincre les responsables nationaux de réagir : l’adjoint au maire de Strasbourg, Marcel-Edmond Naegelen, intervint auprès de Léon Blum, qui se montra sensible au problème. Marc Bloch s’en inquiéta aussi, lui qui enseigna jusqu’en 1936 à l’université de Strasbourg et dont la famille avait des origines alsaciennes. Souvenons-nous de ce qu’il écrivait dans L’étrange défaite : le triomphe de l’Allemagne fut aussi et peut-être « essentiellement une victoire intellectuelle »…
En somme, l’une des questions que tente de poser cet ouvrage, c’est qu’est-ce que comprendre son temps. Et en quoi le présent laisse-t-il percer des « prédispositions particulières de la sensibilité collective » (là encore, l’expression est de Marc Bloch) qui permettent de penser le changement historique ou, au contraire, entraînent une forme d’aveuglement. Les Juifs français figuraient majoritairement parmi ceux qui ont vu, sans toujours savoir l’interpréter et s’armer face à un tel bouleversement, tomber le « monde d’hier ».