Les Irlandais ont voté non au traité de Lisbonne qui devait mettre un terme au processus de réformes institutionnelles démarré il y a 10 ans. 53,4% pour le non et 46,6% pour le oui. Avec une surprise : le taux de participation est plus important que prévu à 53,13 % soit presque vingt points de plus qu'en 2001 pour le traité de Nice. Sur les 43 circonscriptions de l'île, 33 rejettent le texte.
Après la France et les Pays-Bas en 2005, c'est le troisième État à rejeter la réforme des institutions européennes. A Marseille où se tient le forum des européens de lancement de la présidence française, l'ambiance est morose. Les résultats des circonscriptions arrivent au fur et à mesures et le résultat ne varie pas. Philippe Herzog, ancien député et président de Confrontations Europe, a déclaré qu'il souhaitait une poursuite du processus de ratifications et que l'Irlande doit être mise devant ses responsabilités. Des déclarations qui confirment celles du premier ministre britannique selon lesquelles la Grande-Bretagne ratifiera le traité quelque soit la réponse irlandaise. Il est vrai que la campagne électorale du oui a repris tous les maux de celle de 2005 en France : rhétorique défensive, déclarations molles et dramatisation du résultat se sont ajoutés à un traité compliqué, difficile à lire, loin des citoyens et de leurs préoccupations. Une nouvelle difficile pour l'Europe et pour la présidence française. Et, malgré les déclarations rassurantes, le flou domine sur l'avenir du traité. François Fillon avait déclaré jeudi sur France 2 que si "le peuple irlandais décide de rejeter le traité de Lisbonne, naturellement il n'y a plus de traité de Lisbonne, sauf à reprendre le dialogue avec le peuple irlandais". On sent bien le malaise et l'incertitude qui dominent partout. Plusieurs possibilités : arrêter les ratifications (peu probable), amender le traité pour la seule Irlande, repartir pour de nouvelles négociations ou faire revoter l'Irlande, une option qui avait été rejetée par les responsables irlandais avant le vote. Personne n'avait vraiment prévu qu'un des pays qui avait le plus profité des fonds européens et, a priori, un des moins inquiets de la mondialisation, rejette un traité déjà, en lui-même, un plan B.