Le 19 octobre prochain, à la fin de la Foire du livre de Francfort, l'artiste Anselm Kiefer recevra le "prix de la paix des libraires allemands", ainsi qu'en a décidé mercredi 4 juin le jury de ce prix. Il s'agit de la première fois, depuis 1950 où i a été créé, qu'un tel prix ne sera pas remis à un écrivain mais à un plasticien. Ce prix vise à récompenser une personne investie dans des problématiques relatives à la paix. Il avait été remis l'année précédente à l'historien Saul Friedländer.

Élève au début des années 70 du célèbre artiste d'après-guerre Joseph Beuys, Anselm Kiefer déploie dans son travail un important travail de réflexion sur l'Allemagne et son passé, confrontant celle-ci à ses symboles culturels, son patrimoine historique et littéraire, pour l'amener à une réflexion sur ses errances passées, notamment au temps du nazisme.

Ses œuvres, souvent monumentales, se singularisent par un important travail sur la matière, tant la matière concrète que la matière culturelle, entremêlant ainsi de nombreuses références pour favoriser un travail de mémoire qui, selon le jury du "prix de la paix des libraires allemands", "fait du spectateur aussi un lecteur". S'il fait du spectateur un lecteur, Anselm Kiefer est lui-même lecteur, convoquant régulièrement dans ses œuvres de grandes bibliothèques ou faisant référence aux écrits des poètes Ingeborg Bachmann et Paul Celan.

Ses travaux sont ainsi le lieu d'une représentation du passé, où la recherche esthétique est indissociable d'une réflexion historique, culturelle, politique et métaphysique. Il confronte ainsi son temps aux préoccupation morales que ne peuvent manquer de lui indiquer le passé et ce qui en lui fut ruineux, porteur de perte et de destruction.


À voir également :

- les articles des journaux Die Zeit et Frankfurter Allgemeine Zeitung à propos d'Anselm Kiefer

- notre dossier sur le nazisme et le fascisme


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Crédit photo : dalbera / flickr.com