Alors que la Coupe du monde au Qatar fait couler beaucoup d'encre, François da Rocha Carneiro propose une histoire de la France par son équipe nationale.

Année après année, l’équipe de France de football défraye la chronique médiatique, autant pour les performances sportives de ses joueurs que pour des questions dépassant les 90 minutes d’un match et les aspects purement sportifs. L’historien François da Rocha Carneiro présente une histoire de France par les Bleus dans laquelle le cadre compétitif rejoint les enjeux sociaux du pays, les menaces politiques et militaires. Dans le fond, une histoire-miroir, qui rflète l’attitude de chacun face à des mouvements structurels ou des événements marquants et traumatisants.

Les grands événements sportifs (Jeux Olympiques, Coupes du monde) sont souvent utilisés pour aborder les relations entre grandes puissances. François da Rocha Carneiro évoque ici sur des matchs de l’équipe de France, dans et en dehors des grandes compétitions, pour nous amener à une histoire au ras-du-gazon.

 

Nonfiction.fr : Vous êtes un spécialiste de l’histoire de l’équipe de France, à laquelle vous aviez déjà consacré un ouvrage (Les Bleus et la Coupe. De Kopa à Mbappé, Éditions du Détour, 2020). Comment est né votre dernier projet et sur quelles sources vous êtes-vous appuyé ?

François da Rocha Carneiro : Ce projet résulte d’un héritage historiographique multiple. La question du temps sportif et de son historicisation constitue une des premières pistes envisagées par un champ relativement récent, puisque l’histoire du sport ne se constitue guère qu’au tournant des années 1970-1980. Georges Vigarello a ainsi montré que le sport crée ses propres temporalités, ce qu’il résume merveilleusement dans Histoire (Carnets Nord, 2018). Pour autant, le chantier reste ouvert, en particulier sur l’historicité de la rencontre sportive, et cet ouvrage entend y participer en s’attaquant au match de football.

Par ailleurs, ma réflexion se nourrit des nouvelles écritures de l’histoire. C’est d’abord le récit national, envisagé désormais sous d’autres angles, qu’il s’agisse d’une lecture mondiale avec l’Histoire mondiale de la France qu’a dirigée Patrick Boucheron, ou populaire avec les travaux de Gérard Noiriel   ou Michelle Zancarini-Fournel   . C’est aussi les formes même du récit qui sont bousculées. L’Histoire mondiale de la France rassemble ainsi de courts articles qui permettent de sortir de la linéarité et de la tentation d’exhaustivité pour s’arrêter sur des points plus précis, pas toujours les plus connus, et proposer une écriture très novatrice de l’histoire du pays.

Il y a également l’idée qu’on peut faire feu de tout bois en histoire. S’il n’a pu m’inspirer dans l’écriture de cet ouvrage, puisque je ne l’ai lu qu’après avoir fini la rédaction de mon texte, Tous ceux qui tombent de Jérémie Foa me parle évidemment par l’usage des archives notariales qui disent tant de la Saint-Barthélemy et dont ce n’est pas du tout l’objectif. Il s’agit de documenter autrement l’histoire, par des sources ignorées, et cette Histoire de France en crampons ambitionne de faire du match de l’équipe de France non pas un événement, mais un document utile à l’historien.

En cela, le match est la première de mes sources. Pour certains, je dois évidemment me fonder sur les récits de la presse d’époque, d’autres bénéficient d’images, en particulier télévisées. D’autres archives m’aident à saisir ces rencontres, venues de fonds familiaux de joueurs, par exemple. Les témoignages recueillis lors d’entretiens accordés par certains anciens internationaux ou par leurs proches permettent ainsi de revenir sur un match ou d’en comprendre le contexte à l’échelle de la carrière de ce joueur.

Si le lecteur devine aisément votre passion pour ce sport, c’est bien l’historien et non le supporter qui a écrit ce livre. Le football est bien sûr un objet d’histoire comme les autres mais il suscite des passions difficilement comparables. Comment écrit-on une histoire du football, de celles et ceux qui pratiquent ce sport, en vivent ou qui y consacrent une partie de leur vie en tant que passionnés ?

Je n’ambitionne pas d’écrire une histoire du football, du moins dans cet ouvrage, mais bien plus une histoire par le football. Il s’agit bien pour moi d’un objet que je me dois de refroidir, même si mon goût pour le football me permet sans doute de saisir un certain nombre d’éléments plus rapidement que si le ballon rond m’était étranger. La question d’ailleurs ne se pose pas que pour le sport. L’historien du religieux peut ainsi être interrogé sur son potentiel rapport à la foi. Avec un peu de provocation, on peut aussi se demander s’il est nécessaire d’aimer la guerre pour être historien du militaire. Le fait est néanmoins que je suis amateur de football, et même supporter d’un club. Dans ma lecture du fait sportif, je dois donc prendre cela en compte, et avoir moi-même conscience d’où je parle. Mais finalement, cela ne diffère en rien du travail des autres historiennes et historiens : se méfier toujours de ses émotions face à l’archive.

Comment donc, avec cet atout et ce handicap d’être en immersion constante dans le monde du football, écrire l’histoire de ses acteurs ? Comme n’importe quelle histoire ! Par des archives croisées, par des réflexions portées sur les temporalités, par le recul face à la source bien plus que face au temps. Rien de très exceptionnel en cela, me semble-t-il.

L’équipe de France joue en mai 1914, contre l’Autriche-Hongrie, en janvier 1940, contre le Portugal, et même en 1942. Certes, le contexte n’est pas le même mais comment se préparent des matchs dans un tel contexte. Vous montrez que l’équipe de 1942 relève du bricolage.

Le match de mai 1914 n’est évidemment en rien comparable aux autres. La guerre n’a pas encore éclaté et l’adversaire du jour est l’ennemi du lendemain. Etudier ce match permet de faire un tableau de la jeunesse française au printemps 1914 et de mesurer le bouleversement d’une guerre qui, en quelques semaines, écrase tout. Ce déplacement en Hongrie ne se prépare donc guère différemment d’un autre, si ce n’est qu’il est un peu plus éloigné que ce à quoi est alors habituée l’équipe de France, puisque le trajet en train dure plus de 30 heures. Pour participer à ce match, il faut des joueurs libres d’autres occupations, familiales ou professionnelles, voire sportives avec leur club, mais aussi prendre en compte les contraintes militaires pour les conscrits qui doivent obtenir une autorisation spéciale et équilibrer autant que possible les sélections entre les différentes fédérations qui composent alors le Comité interfédéral qui est à la tête de l’équipe de France.

Le match France-Portugal de 1940 a une tout autre importance, car là, il s’agit véritablement d’un match de propagande. Pour l’équipe de France, il faut ce jour-là à la fois montrer la nature du pays et motiver une armée française où l’ennui commence à peser dans une « drôle de guerre ». La composition de l’équipe ce jour-là pourrait très bien se résumer par une chanson du moment : « Et tout cela, ça fait d’excellents Français, d’excellents soldats qui marchent au pas, en se disant que la République, c’est quand même le meilleur régime ici-bas ». Elle intègre ce jour des internationaux autrichiens, anciens joueurs d’un pays disparu, annexé par le Reich, naturalisés français et qui sont mobilisés au même titre que les autres joueurs dans l’armée française. La diversité du recrutement est en elle-même un plaidoyer face à un nazisme qui fait reposer l’idée de nation sur celle de race. La presse française d’extrême-droite ne s’y trompe d’ailleurs pas en dénonçant ce qui lui apparaît comme la marque du cosmopolitisme à la fin des années 1930.

Quant aux matchs de 1942, ils prennent place dans une France occupée, dont le territoire a été explosé par l’armistice. L’organisation est alors un savant jeu d’équilibre puisqu’il faut tenir compte de la ligne de démarcation comme des nécessaires démarches pour la franchir. Autant dire que Gaston Barreau, le sélectionneur, n’a pas là la mission la plus facile qui soit.

Vous consacrez de belles pages à la sociologie de l’équipe de France qui « ne cesse de se nourrir du talent des fils d’immigrés »   . Polonais, Italiens et Algériens, parmi d’autres, ont permis de construire les plus belles victoires de cette équipe. Pourquoi l’équipe de France ne peut se penser sans l’immigration ?

L’équipe de France n’est qu’un miroir, certes déformant parfois, du pays dans son ensemble. Je comprends votre question comme étant « pourquoi la France ne peut se penser sans l’immigration ? » et on saisit alors que la question dépasse très largement le seul football. Ce sport recrute plutôt parmi les élites économiques et sociales au début du XXe siècle (même si Julien Sorez a bien montré pour le football parisien l’importance de ce qu’on pourrait appeler rapidement des classes moyennes, faites de commerçants et d’employés), ce qui fait qu'on retrouve dans l’équipe de France des premières années des fils des patrons étrangers qui se sont installés en France, comme Emile Sartorius, fils d’un industriel allemand, qui marque le seul but français face au Danemark lors de la pire défaite de l’histoire de l’équipe de France en 1908. Dès lors que la pratique du ballon rond s’ouvre davantage aux catégories populaires, celles-ci se trouvent un peu plus représentées encore dans l’élite nationale dont la sélection est la partie émergée. Peu à peu délaissé par les élites politiques et économiques, le football devient alors le lieu de fabrique d’une autre élite, issue de milieux populaires, mais perçue comme l’aristocratie de ce sport. Il devient donc volontiers l’un des rares espaces de visibilité des populations issues de l’immigration parmi les élites.

Les joueurs de l’équipe de France sont devenus peu à peu des professionnels, avec des syndicats et une volonté de défendre leurs droits ainsi que leurs salaires. Il est d’ailleurs particulièrement intéressant de voir que cette période coïncide avec le Front populaire. Quels sont les enjeux de cette professionnalisation ?

Cette professionnalisation oblige à dépasser un paradoxe apparent, si on s’en tient aux mots : jouer, c’est travailler ! Le premier des enjeux est donc, pour les footballeurs, de faire accepter l’idée que le football peut-être un métier dont ils sont les travailleurs et que, à ce titre, ils doivent défendre des intérêts communs. Il est intéressant, me semble-t-il, de noter que les tournants de la professionnalisation du football français s’inscrivent tous dans un contexte social favorable à ces mutations. Le premier est évidemment celui de la création du championnat professionnel en 1932 qui met fin aux pratiques hypocrites de l’amateurisme marron. Dès lors qu’il est autorisé officiellement de rémunérer les joueurs, ils deviennent des employés de clubs et non plus seulement des adhérents. Ils peuvent prétendre à une syndicalisation qui n’est pas immédiate mais qui se fait jour à l’issue de l’été 1936, dans ce qu’il convient d’appeler le « moment Front Populaire ». Ils utilisent aussi l’outil de la revendication qu’est la grève, même s’ils le font tardivement et qu’ils ne vont pas au bout de leur menace.

Un deuxième tournant se situe à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il s’agit de la véritable professionnalisation du travail sportif. Jusque-là, le plus souvent, le footballeur professionnel arrive par hasard dans le métier et en ressort sans garantie de reconversion. Le premier dossier que porte l’UNFP, le nouveau syndicat créé au début des années 1960, est celui du pécule de fin de carrière, qui permet aux anciens joueurs de disposer d’une somme aidant à leur sortie du monde professionnel. La question de la durée du contrat qui lie le joueur au club cristallise le débat à un moment où les résultats sportifs font douter du système français. La grève cette fois a lieu, à l’occasion d’une journée de championnat en décembre 1972, obligeant toutes les parties à se mettre autour de la table pour aboutir à une Charte du football professionnel adoptée l’année suivante. C’est une véritable convention collective qui voit le jour, conforme à la politique sociale menée dans les premières années de la présidence Pompidou, et qui inscrit dans le marbre le pécule de fin de carrière, le contrat à temps mais aussi l’organisation de la formation. Désormais, dans la majorité des cas, on n’est plus footballeur professionnel par hasard, on le devient, en étant formé à jouer autant qu’à ne plus jouer.

Enfin, on peut distinguer un troisième tournant à la fin du siècle. Lorsque la Cour de justice des Communautés européennes rend sa décision connue sous le nom d’arrêt Bosman, elle ouvre le marché européen du travail sportif. Quelques joueurs français fréquentaient exceptionnellement les championnats étrangers jusqu’alors. Désormais, les clubs européens deviennent des employeurs possibles pour un nombre accru de footballeurs. L’été 1996 apparaît comme celui de la bascule, avec une fuite des crampons, prioritairement vers les quatre championnats voisins, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en Italie.

La reconnaissance du football féminin amène les joueuses à être confrontées aux mêmes défis que leurs homologues masculins. Une histoire de France en crampons suivant seulement l’équipe féminine est-elle possible ?

Une première remarque : j’évite autant que possible de parler de « football féminin », expression à laquelle je préfère « pratique féminine du football ». En effet, c’est bien, à mes yeux, le même football qui est joué, le même sport qui est pratiqué, qu’on soit homme ou femme, et je trouve toujours dévalorisant pour les joueuses de qualifier ainsi le football selon le genre.

Pour mon livre, j'avais envisagé un chapitre consacré aux femmes en prenant quelques matchs des « Bleues ». Malheureusement, et on entre là dans les secrets de fabrique du livre, l’ouvrage a été rédigé pendant la crise sanitaire, qui a limité mes déplacements et rendu difficile l’accès à certains centres d’archives. Travaillant jusqu’alors presque exclusivement sur l’équipe de France masculine, je disposais du matériau pour analyser les matchs de cette dernière. En revanche, je n'avais que trop peu de choses sous la main pour me lancer dans un chapitre spécifique sur le droit des femmes à partir des rencontres de la sélection féminine, ou même pour intégrer quelques matchs aux chapitres écrits à partir des confrontations masculines. Je suis historien, il me faut des sources, même lacunaires : je ne me suis pas autorisé à me passer d’archives que je ne connaissais pas suffisamment. Néanmoins, cette histoire de France en crampons n’est qu’une étape et une invitation à se saisir de la rencontre sportive comme d’un document d’histoire nous disant bien plus que le seul score final.

Pour répondre plus complètement à votre question, je pense qu’une telle histoire peut évidemment être écrite avec les matchs de l’équipe de France féminine. Elle aura bien sûr quelques particularités liées au genre mais aussi à la chronologie, cette sélection ne voyant le jour que tardivement, mais beaucoup de thèmes envisagés sous l’angle des Bleus pourraient se retrouver sous les crampons des Bleues.

La coupe du monde au Qatar place sur le devant de la scène des enjeux environnementaux et sociaux qui ne sont certes pas nouveaux mais dépassent pour la première fois les enjeux sportifs. Que pensez-vous de cette compétition à venir et de la pression qui est mise sur les joueurs ? On ne peut occulter la puissance des petits gestes de certains joueurs à l’image de Cristiano Ronaldo qui lors du dernier euro a remplacé des bouteilles de soda par de l’eau.

La question est … d’une actualité brûlante et complexe. Le geste même de l’attaquant portugais peut ainsi être compris de plusieurs manières, aussi bien comme une alerte éducative, préférant l’eau à une boisson sucrée nocive, que comme une volonté de ne pas voir son nom associé à un tel sponsor.

Concernant le Qatar, la situation me rappelle évidemment celle de 1978, lorsque la Coupe du monde trouvait place dans l’Argentine du général Videla. Un mouvement de boycott avait alors été lancé par quelques mouvements d’extrême-gauche qui trouvaient là l’occasion de s’opposer surtout aux partis de gauche dominants qu’étaient le PCF et le PS et qui ne trouvèrent guère comme seuls appuis que quelques représentants de l’intelligentsia installée dans le Quartier latin. Que les choses soient claires : qui peut se satisfaire que le Qatar ait obtenu l’organisation de cette compétition ? Je trouve ce choix déplorable, mais ce choix n’est pas nouveau, il date de 2010 ! Attribuer la Coupe du monde à un petit pays par la taille, ne figurant pas parmi les nations du football les plus évidentes, ne disposant que de la rente pétrolière pour attirer les vedettes sportives, condamnant la planète ronde à bouleverser ses calendriers habituels pour que les matchs puissent être disputés dans des conditions anormales mais moins difficiles en apparence qu’en plein été, et obligeant à construire des enceintes promises au plus grand gâchis écologique possible, tout cela aurait dû suffire à alerter depuis longtemps les bonnes consciences.

Pour autant, les cris d’orfraie des dames patronnesses qui se font jour depuis quelques semaines ne m’inspirent guère plus de respect. J’écarterai les habituels dénonciateurs de la chose sportive qui semblent n’avoir que leur fiel et leur mauvaise foi comme seule raison d’être : heureusement que la Coupe du monde de football est là pour leur permettre d’exister une fois tous les quatre ans. Je m’amuse des élus qui s’engagent fortement en annonçant qu’ils n’installeront pas d’écrans géants vers lesquels se seraient sans doute précipitées les foules en plein hiver, et à un moment où il faut faire preuve de sobriété et d’économie : pourquoi ces personnalités politiques ne choisissent-elles pas de boycotter systématiquement depuis douze ans le PSG, à domicile ou à l’extérieur ? Je m’étonne que le président « en titre » du jury du festival de Cannes appelle au boycott de cette Coupe, alors qu’une dizaine de films financés par le Doha Film Institute, dirigé par la propre sœur de l’émir du Qatar, concourraient en 2022 pour la Semaine des réalisateurs ou pour Un certain regard. Que n’a-t-il alors démissionné plutôt que d’exiger des joueurs de renoncer à réaliser là le sommet espéré de leur carrière ou des supporters de prendre un peu plaisir dans un monde de déplaisir. Je regrette qu’on entende si peu de tels appels à propos d’autres compétitions, tel que le Grand Prix automobile d’Arabie Saoudite ou le Global Champions Tour de saut d’obstacles dont Doha constitue une des étapes…

Faudrait-il y voir là un réflexe de classe de grandes consciences qui dénoncent les goûts du bas peuple et épargnent ceux de l’élite ? Je comprends que les amoureux sincères du football se posent des questions, et regarder cette Coupe n’est pas sans me poser de cas de conscience bien sûr, mais le réflexe du boycott me semble bien souvent trop insincère et hypocrite pour que j’y souscrive. Il me semble préférable de profiter de l’occasion qui nous est donnée pour dénoncer les abjections, sans nous priver et sans priver les joueurs. Grâce à cette Coupe du monde de la honte, l’Europe sait comment le Qatar traite ses ouvriers, ses immigrés, les populations LGBTQI+, les opposants, la planète… Ce pays voulait reconvertir la manne pétrolière en image de marque, dorer son blason par l’argent du pétrole dépensé dans le sport et la culture, et qu’a-t-il gagné avec cette Coupe du monde ? Il devient l’un des pays les moins séduisants peut-être du monde aujourd’hui. Faut-il pour cela détourner les yeux du ballon et ne pas voir ou bien regarder et dénoncer ?