Un court essai plaidant en faveur d'un nouveau cosmopolitisme, pour penser un autre avenir que celui promis par la globalisation néolibérale.

Dans un monde marqué par la peur, voire la haine, de celui qui vient bouleverser nos repères familiers, chercher à penser une politique qui fasse de l’accueil une valeur centrale revient à s’exposer, au mieux, à la raillerie, au pire, à l’hostilité. Il faut en prendre le risque tant le règne de la barbarie est à nos portes.

La barbarie sait s’accoutrer pour tromper. Elle sait emprunter d’autres visages, se parer d’autres noms : ceux de la sauvegarde de « notre » identité, de la préservation des valeurs et des principes qui font notre singularité, tant le risque serait grand que les « passants », pauvres et démunis, ne viennent mettre en péril notre modèle social auquel nous proclamons un indéfectible attachement.

Le choix du cosmopolitisme ici défendu tient à ce qui peut être considéré comme un propre de l’humanité, soit le fait de vivre exposés les uns aux autres, et non enfermés dans des cultures et des identités. Notre essentielle vulnérabilité justifie que nous tissions des solidarités, que nous montrions de la considération à l’égard d’autrui. Considération qui est au fondement de l’exigence cosmopolitique comme de l’idéal démocratique.

A travers trois courts chapitres, à propos de l'origine de la solidarité et de la citoyenneté sans frontières, des liens entre anthropologie et politique et d'une esquisse d'une philosophie politique de l'accueil cosmopolite (en tant que communautés de destin), l'ouvrage propose en définitive de réinventer un cosmopolitisme pour résister aux forces identitaires qui ont actuellement le vent en poupe, la globalisation néolibérale encourageant avant tout une circulation internationale des capitaux qui n'empêche en rien (voir encourage) la construction de murs pour empêcher celle des personnes. Puisant ses références dans la doctrine philosophique (Kant, Hannah Arendt, Raymond Aron, Jacques Derrida, Etienne Balibar, Francis Wolff...) et les sciences sociales (Zygmunt Bauman, Achille Mbembe, Sophie Wahnich...), sans négliger toutefois la littérature (Amin Maalouf, Patrick Chamoiseau, Edouard Glissant...), il s'agit autant d'un programme de recherche que d'un essai au sens classique du terme. 

Alain Policar est chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Agrégé de sciences sociales et docteur en science politique, il a enseigné durant 26 ans à la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges. Ses thèmes de recherche sont principalement le racisme, le libéralisme politique et le cosmopolitisme. Plusieurs de ses ouvrages ont été recensés sur Nonfiction.