Chaïm Soutine (1893-1943), peintre français né en Biélorussie, était jusqu'alors un paradoxe : un oublié de l'histoire de l'art mais aussi un de ses plus grands maîtres, inspirant les plus grands, de Francis Bacon à Willem de Kooning. Soutine, contradictoire aussi dans son art, traitant sempiternels natures mortes, paysages et portraits en déformant les traits jusqu'à l'excès. Du Lièvre au volet vert avec l'omniprésence de l'animal mort, au Chasseur de Maxim's avec le thème récurrent des jeunes gens en uniforme, en s’arrêtant au village de La Gaude, l'exposition Soutine et le modernisme au Kunstmuseum de Bâle redessine le portrait de ce précurseur traditionaliste. Parallèlement, un film documentaire, Chaïm Soutine, distribué par la Réunion des musées nationaux, rend grâce à ce peintre quelque peu oublié du grand public.


Orientation paysage ?

"Cette exposition révèle un autre Soutine que celui qui souffre et qui peint des bœufs écorchés et des natures mortes. On découvre un artiste plus équilibré à travers ses paysages de Cagnes et de Céret. D'habitude, on n'attribue ni l'équilibre ni la beauté à Soutine. Ses peintures peuvent provoquer un sentiment de répulsion chez le spectateur avec ses représentations d'animaux morts. Pourtant, son œuvre est plus facile à aborder que celle de nombreux peintres d'aujourd'hui." Nina Zimmer est conservatrice au Kunstmuseum de Bâle dont elle dirige les départements XIXe et XXe s. C'est elle qui a choisi de monter l'exposition Soutine und die Moderne, en s'appuyant sur 6 tableaux de la collection permanente du musée. Même si l'exposition vient peu après la rétrospective de la Pinacothèque de la Madeleine terminée en mars, les œuvres présentées diffèrent. Si Paris exposait de nombreuses pièces issues de collections privées, Bâle, avec pas moins de 60 tableaux, a pu s'appuyer sur des prêts de nombreux musées. Un nouveau visage plus souriant d'un artiste obscur semble se dessiner...


Orientation portrait ?

Il n'existait qu'un seul film documentaire sur Soutine et aucune fondation portant son nom. Même sentiment d'injustice que Nina Zimmer au sujet du peintre pour Murielle Levy, productrice. Avec la réalisatrice Valérie Firla, elle coécrit le film documentaire Chaïm Soutine, diffusé par France 3 Sud. Trois ans d'écriture, de synchronicités et d'enquête quasi-policière, de La Ruche (Montparnasse) au Midi de la France, pour retrouver les traces du peintre et de ceux qui l'ont connu, "des témoins vieillissants qu'il était urgent d'interviewer pour ensuite séparer le mythe de la réalité", précise Valérie. La peinture de Soutine provoque beaucoup d'émotions et inspirerait des légendes contradictoires, distordues ? Exemple : l'enfance de l'artiste à Smilovitchi, Biélorussie, heureuse ou malheureuse, selon le peu de renseignements obtenus. La réalisation illustre le travail d'un détective amassant et observant les indices pièce à pièce afin de reconstituer l’identité du peintre. L'étonnante technique du morphing permet de passer du paysage original au paysage peint. Car Soutine comme ses prédécesseurs peignait d'après nature.


La presse en parle :
> Bâle redécouvre Soutine, le Russe solitaire de Paris, sur Swissinfo.ch
> Soutine et ses contemporains, sur connaissancedesarts.com
> Une critique du DVD Soutine sur Froggy's Delights.


Liens :
> Exposition : Soutine et le modernisme, Kunstmuseum Basel (Suisse)
Actuellement, jusqu'au 6 juillet 2008
> Chaïm Soutine, film documentaire, 52 minutes produit par Les Productions du Golem
Edition DVD : Réunion des musée nationaux


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