Une démonstration du psychologue canadien Steven Pinker qui articule faits et arguments en faveur d’une réhabilitation du progrès et de la raison.

Steven Pinker est professeur de psychologie cognitive à Harvard. En 2011, il a publié The Better Angels of our Nature, traduit en 2017, qui montrait, de façon rigoureuse et passionnante que toutes les formes de violence physiques – des guerres aux meurtres en passant par les châtiments – avaient diminué fortement depuis les origines de l’humanité. Il récidive en 2018 avec Enlightenment Now qui met en lumière les progrès de l’humanité depuis les Lumières dans un grand nombre de domaines ; le livre paraîtra en français en novembre aux éditions Les Arènes, sous le titre Le triomphe des Lumières.

Il s’appuie sur de très nombreuses recherches et sur des bases de données de grande qualité, dont le site Our world in data qui documente toute une série d’évolutions sociales dans la plupart des pays du monde. On accuse parfois les sciences humaines de payer leur rigueur par un intérêt pour de petits objets et de laisser ainsi aux abonnés des plateaux télé le monopole des grands récits sur notre monde. Or, ce livre réussit le tour de force de s’appuyer sur un très grand nombre de ces travaux minutieux, obscurs, souvent inventifs et concrets pour nous délivrer un grand récit, lumineux, tendu sur notre monde.

Quel est ce récit ? Que les vertus combinées de la raison, de la science et de l’humanisme, l’application de la science à l’épanouissement des êtres humains, ont permis des progrès considérables sur toute la planète dans à peu près toute les dimensions de la condition humaine, en deux temps pour la plupart d’entre elles : à partir du XIXème siècle en Europe et en Amérique du Nord, puis, à la fin du XXème siècle et au début de celui-ci, dans le reste du monde. Ce récit n’est pas pour autant « optimiste » comme les commentaires en France l’ont dit. D‘une part, il reste de la violence, de la misère et du malheur. D’autre part, le progrès selon Pinker n’est ni linéaire, ni même, au sens mathématique du mot, monotone (sans retour en arrière), ni, surtout, garanti. Son livre vibre d’une colère froide contre ceux – parmi les producteurs d’idées – qui ont dénigré ou relativisé ce progrès, et contre les régimes politiques qui ont organisé des régressions atroces. Cette colère se nourrit de ce que ce dénigrement, non seulement, a pu retarder le progrès, mais le menace aujourd’hui où reviennent des forces intellectuelles et politiques contraires. Pinker montre en quoi le programme de Trump menace toutes les facettes du progrès abordées dans le livre. Il exprime une vraie angoisse de ce qui veut aujourd’hui nous éloigner des Lumières : des formes totalitaires de religion, une idéologie politique – le « populisme autoritaire» – qui ne met plus au centre de ses promesses l’amélioration de la condition des individus mais la défense de l’identité et la recherche de la puissance nationales. Le message du livre est qu’il dépend de nous, aujourd’hui, que cette belle histoire continue ou s’inverse.

 

Des oppositions anciennes au progrès

Le progrès est d’autant moins garanti, dit Pinker, qu’il est intellectuellement combattu, et depuis longtemps. C’est un des mérites de ce livre que de faire prendre la mesure de l’ampleur et de la diversité de cette opposition. Parmi ses premiers adversaires figure le romantisme, dans lequel Pinker range Rousseau et certains romantiques allemands (Herder, Schelling). Le romantisme méprise la paix et la prospérité comme but du gouvernement, tient que la raison ne peut être séparée des émotions, que le plus grand bien est le combat héroïque et surement pas de résoudre les problèmes de la vie ordinaire. Autres adversaires du progrès : les intellectuels, « révulsés à l’idée que les gens ordinaires semblent apprécier de vivre en paix et en prospérité »   ; la foi religieuse, logiquement contradictoire avec la raison ; l’idée que nous sommes d’abord les membres d’une entité dont le destin importe plus que celui des individus qui la composent ; le « romantisme vert » (la capture de l’énergie n’est pas un moyen de résister à l’entropie, mais un crime contre la nature) ; les contempteurs de la modernité, qui avancent deux types de critique : (1) elle porte des dangers majeurs (nucléaires, écologiques) et (2) « la santé, la paix et la prospérité sont des diversions bourgeoises par rapport à ce qui importe vraiment »   . Selon Nietzsche, une des têtes de turc favorites de Pinker, il faudrait privilégier, face à une civilisation décadente, la violence aristocratique des héros.

Outre ces oppositions frontales, l’idée de progrès rencontre l’obstacle de deux biais de perception, le biais de négativité (nous avons davantage la crainte de perdre que l’espoir de gagner) et le biais de disponibilité (nous estimons la probabilité d’un évènement à la facilité avec laquelle il nous vient à l’esprit, et surestimons donc la fréquence des évènements négatifs rapportés par les média).

Certains progrès (longévité, santé, richesse) sont connus, mais Pinker montre leur ampleur, et, contre les arguments de type « oui mais », il montre leur signification profonde pour les individus et aussi que la situation des pays, et des individus au sein des pays, s’est souvent rapprochée. Les progrès dans d’autres dimensions sont moins connus (la paix, la sécurité, la démocratie, les droits de l’homme) et le livre établit leur réalité. Il répond ensuite aux discours sur les méfaits du progrès (l’environnement), sur les menaces dont il serait porteur (les connaissances maléfiques, la destruction par le nucléaire et les autres menaces sur l’humanité, le terrorisme) et sur ses limites (il n’aurait pas d’effet sur la qualité de la vie et sur le bonheur des individus). Enfin, dans les trois derniers chapitres, il revient sur les idéaux des lumières (Raison, Science, Humanisme), les défend de façon virulente contre leurs détracteurs, montre les raisons de leur puissance aujourd’hui et demain.

 

Les progrès

L’espérance de vie à la naissance mondiale était de 30 ans en 1760 et en 1860, de 50 ans en 1960. Elle est de 71 ans aujourd’hui. Les inégalités entre pays se réduisent, surtout depuis le début de ce siècle. Bref, vers 1800, elle était de 40 ans dans le pays le plus riche (les Pays Bas) tandis qu’elle est aujourd’hui de 44 ans dans le pays le plus pauvre (la République Centrafricaine).

Nous sommes plus riches. Pinker en montre la valeur humaine en documentant la pauvreté généralisée et terrifiante des siècles passés, la disparition récente des famines. Il montre ce que cette richesse a d’improbable. La richesse mondiale a stagné jusqu’en 1400, elle a été multipliée par 100 depuis 1820, le PIB par tête mondial est passé, en monnaie constante, de 2000 $ en 1900 à 18 000 $ en 2010. La proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté, soit moins de 1,9 $ d’aujourd’hui par jour, est passée de 90 % en 1820 à 10 % aujourd’hui. Le niveau de vie moyen de 7 milliards d’habitants du monde est aujourd’hui celui de l’Europe occidentale en 1964. Conclusion, inspirée du principe de différence de Rawls : sans connaître à l’avance leur place dans le monde, des individus soucieux de minimiser le risque d’avoir une vie mauvaise choisiraient le monde d’aujourd’hui plutôt que celui de toute autre période.

Pinker tient que les inégalités, à la différence de la pauvreté, ne posent pas de problème moral, ce qui, sans doute, peut se discuter. Cependant, il montre que les inégalités de revenu disponible se sont réduites, mais depuis peu, dans le monde. Mesurées par l’indice de Gini   , elles ont fortement baissé de 1875 à 1975 aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.. Elles y ont augmenté depuis, tandis qu’elles restaient stables en Europe occidentale. Entre l’ensemble des individus de la planète, les inégalités se sont creusées depuis 1820, elles diminuent depuis, environ, 1975, selon le travail de l’économiste Branco Milanovic. Ces inégalités sont réduites par les dépenses sociales, dont Pinker tient la croissance pour une tendance lourde, favorisée par notre aversion pour l’extrême pauvreté. On a calculé que, de la Renaissance au début du XXème siècle, 1,5 % du PIB allait à l’aide aux pauvres, tandis que les pays développés dépensent aujourd’hui 22 % de leur – bien plus grande – richesse en dépenses sociales (éducation, santé, transferts sociaux), la France, pays où cette part est la plus forte, 33%, et les Etats-Unis avec tout de même 19 % malgré, dit Pinker, tous les efforts des Républicains et des Libertariens pour la réduire.

Le monde est plus paisible. Le nombre de morts par faits de guerre a augmenté depuis 2012 à cause de la guerre en Syrie, mais la fréquence des guerres, des génocides a diminué, de même que celle des annexions violentes de territoires, du type de celles de la Russie en Crimée.

Le monde est plus sûr. Le nombre d’homicides a fortement baissé ces dernières années dans la plupart des pays, y compris aux Etats-Unis. La mortalité par accidents domestiques, accidents du travail, accidents de la route est aussi en forte baisse. Aux Etats-Unis, les crimes contre les noirs, la violence contre les femmes déclinent depuis 1995. Le terrorisme fait objectivement peu de victimes et Pinker pronostique son échec.

La scolarisation progresse, les inégalités entre filles et garçons en ce domaine régressent.

Les pays du monde sont plus démocratiques, les théories réservant la démocratie aux riches pays d’occident ont été démenties. Lorsqu’on tient sous contrôle l’exigence croissante à leur endroit, les Droits de l’Homme sont mieux respectés depuis la fin des années 1970. Les « valeurs émancipatrices », selon les sondages internationaux, progressent régulièrement dans toutes les régions du monde depuis les années 1960, y compris dans les pays musulmans.

 

Les méfaits et les limites du progrès

Le réchauffement climatique est une menace très sérieuse, il est bien d’origine humaine, dit Pinker, mais il faut s’appuyer sur le progrès – y compris sur l’énergie nucléaire – pour le réduire, et non sur le projet vain de « retrouver » une harmonie ascétique avec la nature, qui n’a jamais existé.

Le progrès économique nous rendrait plus riche, mais nous plongerait dans un consumérisme abrutissant, dans un individualisme désocialisant. Pinker fait justice de cette antienne, en montrant dans la perspective de Sen, que les possibilités de jouir des « délices esthétiques, intellectuels, culturels, naturels » du monde se sont infiniment accrues (nous avons plus de temps libre, les productions culturelles sont plus facilement accessibles, etc.). Bref, la qualité de la vie s’est améliorée.

Nous sommes, selon les enquêtes à ce sujet, dont Pinker montre la solidité, plus heureux. Les données récentes s’inscrivent en faux contre le célèbre paradoxe d’Easterlin : on est plus heureux dans les pays plus riches que dans les pays pauvres.

Du tableau dressé par Pinker me semblent se dégager trois leçons : le progrès ne se réduit pas à celui de la richesse, il conduit à un monde moins inégal, beaucoup de progrès sont récents (la si vilipendée mondialisation, à l’œuvre depuis les années 1980, ne les a pas arrêtés, mais plutôt accélérés).

 

La raison

Le plaidoyer pour la raison de Pinker – et des Lumières – ne prétend pas que les hommes se comporteraient toujours de façon rationnelle. Les psychologues, les économistes, ont étudié l’irrationalité de nombreux comportements, y compris chez les plus instruits. Les Lumières nous disent seulement que nous devons être rationnels et que nous pouvons l’être – rien de plus. En revanche, l’irrationalité, souligne-t-il avec le philosophe Thomas Nagel, est indéfendable. Le discours des romantiques (la supériorité des émotions sur la pensée) et des post-modernistes (la raison n’est que le masque du pouvoir) se réfute lui-même puisque ces auteurs ne peuvent que faire appel à la raison de leurs lecteurs pour les persuader de leurs positions anti-raison.

Le premier adversaire de la raison est aujourd’hui moins la religion que l’idéologie, dont Pinker développe deux exemples, l’opposition au marché à gauche (Naomi Klein) et à l’Etat-Providence à droite (Friedrich Hayek). Il développe un savoureux exemple des méfaits de l’idéologie : les recherches sur la qualité des prédictions. Les pires prédicteurs se fondent sur de grandes idées. Les meilleurs mobilisent beaucoup d’informations et peu d’a priori, rejettent l’idée de fatalité et acceptent que les choses puissent arriver par hasard, ils raisonnent de façon bayesienne (ils mettent à jour continuellement leurs probabilités en fonction des nouvelles observations). Cela lui fait craindre le pire de la croissante polarisation politique des universitaires et surtout des politiques américains. Le monde, dit-il, est devenu plus rationnel mais les politiques ont évolué à l’inverse.

D’où une dérangeante critique du système électoral « qui fait ressortir le plus irrationnel des gens »   . Cette critique est dérangeante parce qu’il existe en effet aujourd’hui des pays, comme les Etats-Unis, où des élections ont porté au pouvoir des adversaires du progrès et d’autres pays, comme le Rwanda ou Singapour, dont le gouvernement n’est pas démocratique mais qui sont aussi parmi les moins corrompus, et où la santé, l’éducation des populations, mais aussi l’égalité hommes-femmes sont de haut niveau ou s’améliorent rapidement.

Comment s’assurer que les élections ne menacent pas le progrès ? Dans les années 1920, cette question s’est déjà posée aux Etats-Unis. Walter Lippmann y a alors répondu que, dans les périodes d’évolutions rapides, le peuple est privé de repères qui lui permettent de savoir où sont ses vrais intérêts et qu’il faut qu’une classe d’experts s’interpose entre le peuple et le gouvernement. John Dewey, lui, se refusait à limiter la participation des citoyens et avançait que l’existence d’un public éclairé est affaire d’égalité dans l’accès aux ressources intellectuelles, y compris par l’école, ce pourquoi d’ailleurs il attachait tant d’importance à la construction d’une école conforme à la démocratie américaine.

Que le populisme autoritaire fleurisse aujourd’hui dans des pays éduqués s’inscrit en faux contre les espoirs de Dewey. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Pinker semble se rallier plutôt à la position de Lippmann. Il observe en effet que la peine de mort a été abolie dans les pays où l’abolition a pu être proposée par une élite éclairée, tandis qu’aux Etats-Unis, son maintien dans de nombreux Etats et au niveau fédéral vient de ce que ce pays est en réalité trop démocratique pour l’abolir. Pourtant, Pinker défend une forme du politique (« traiter les sociétés comme des expériences continues et apprendre avec un esprit ouvert les meilleures pratiques ») proche de celle de Dewey   , cependant moins soucieuse que la sienne du rôle du public. Un débat se profile ici, entre ceux pour qui la perspective de Pinker, celle du progrès, l’amènerait à faire passer au second plan la question essentielle de la démocratie et ceux pour qui une démocratie qui ne favoriserait pas le progrès ne vaudrait pas grand-chose. Ce débat pourrait perdre de sa pertinence à partir de l’idée, peut-être trop optimiste, qu’un gouvernement qui se donne pour but premier d’améliorer la condition de sa population, ne peut ad vitam aeternam en exclure la liberté, et même la liberté politique.

 

La science

Le milieu intellectuel étant ce qu’il est, on peut penser que Pinker s’attirera les critiques qu’il détaille avec gourmandise : « déterminisme, réductionisme, essentialisme et, pire que tout, scientisme ». Que dit-il ? D’abord qu’il ne faut surtout pas donner le pouvoir aux scientifiques, qui sont d’une grave naïveté hors de leur domaine et qui ont besoin des multiples garde-fous qui encadrent la bonne recherche pour prévenir leurs tentations et leurs faiblesses. Qu’il n’y a pas une seule « méthode scientifique », mais plusieurs, qui reposent toutes sur deux idées simples : que le monde est intelligible et qu’il faut le laisser nous dire si nos idées sur lui sont correctes. Que la science a des vertus heuristiques, mais aussi politiques et morales. En montrant que les lois qui gouvernent l’univers n’ont pas de but, elle nous force à accepter la responsabilité de nous-mêmes, de notre espèce, de notre planète. Elle sape les fondements de tout système politique fondé sur des forces mystiques ou un quelconque messianisme. Pinker rejette l’idée que la science d’une part, les humanités et la religion d’autre part, portent sur des domaines distincts. Il critique, avec C.P. Snow, la coupure entre « les deux cultures », respectivement fondées sur la science (quantitative, utilitaire) et sur les humanités (qualitative, élevée, sans préoccupations matérielle immédiate).

D’où une ironie ravageuse contre l’indifférence philistine des institutions culturelles à l’égard de la science, contre la réfutation post moderne de l’idée trop simple qu’une chose peut être vraie ou non, contre les historiens des sciences (« la critique d’une partie de basket-ball par un critique de danse »   ) et, cerise sur le gâteau, contre la tentative d’élaborer une glaciologie féministe.

 

L’humanisme

La science nous dit ce qu’il est possible de faire. L’humanisme nous dit que nous devons rechercher ce qui favorise l’épanouissement humain – vie, santé, liberté, bonheur, connaissance, amour, richesse de l’expérience. Il se donne à voir dans les déclarations des droits de l’homme (1789, 1948) et dans un très beau « manifeste humaniste » de 2003. Pinker montre comment l’évolution elle-même rend l’humanisme possible, ce que ce dernier ajoute aux premières définitions laïques de la morale, fondées sur l’impartialité ou sur l’utilité. Il use toute sa verve contre ses alternatives : moralité théiste ou héroïsme romantique, lequel inspire la droite populiste moderne. De fait, les principales cibles de ce chapitre sont les fondamentalismes religieux de toutes obédiences et ces intellectuels qui se prétendent humanistes mais détestent l’idée que les hommes puissent rechercher un bonheur prosaïque – « les plaisirs immédiats ».

La critique des fondements religieux de la moralité nous vaut une démolition des arguments modernes en faveur de l’existence de Dieu (l’existence de constantes physiques, celle de la conscience) ainsi que la réfutation du prétendu « retour de la religion ». Les sondages montrent que l’incroyance progresse, même dans les pays musulmans ; la puissance des évangélistes aux Etats-Unis ne vient pas de leur nombre, mais de ce qu’ils votent plus que les autres ; l’histoire montre que les progrès de l’irreligion ne s’accompagnent pas de celui de l’anomie ou du nihilisme, mais du progrès de la civilisation.

La critique de l’approche romantique conduit à des pages assassines et irrespectueuses contre la philosophie de Nietzsche et contre ses suiveurs, ceux qui sont sensibles à son éloge de l’héroïsme (Heidegger, Carl Schmitt) ou ceux qui ont poursuivi dans sa veine relativiste (il n’y a pas de faits, seulement des interprétations), dont bien sûr, la plupart des idoles de la pensée française des années 1970.

Pinker conclut son livre par un récit resserré de l’histoire émouvante du progrès de notre espèce, apparue dans un monde sans pitié, vulnérable aux illusions et à la stupidité, mais en même temps capable de rédemption. Cette histoire, dit-il, appartient à tous. Pour participer au progrès, en effet, il suffit de penser que la vie vaut plus que la mort, que la liberté est préférable à la contrainte, le bonheur à la souffrance, l’abondance au manque. On a reproché à ce livre de ne pas proposer une philosophie de l’histoire. Il fait beaucoup mieux : il donne envie de vivre