Un livre de Marielle de Sarnez éclairant la personnalité et le parcours atypique de cette dirigeante du Modem ainsi que les divisions de la famille centriste.

Femme pour le moins particulière que Marielle de Sarnez. Issue d'une famille habituée aux ors de la République, elle est pourtant autodidacte (elle n'a pas le bac). Engagée depuis sa création à l'UDF, elle fait partie des (très) rares élus à être restés fidèles à François Bayrou après les élections présidentielles dont elle avait orchestré la campagne d'une main de maître.

Personnage controversé également. Peu connue du grand public, manquant cruellement de reconnaissance de la part des électeurs, elle est pourtant l'une des (très) rares cadres du Mouvement Démocrate à avoir droit de cité à la télévision où elle représente presque invariablement le parti de François Bayrou.

Les dernières élections municipales furent sans doute l'occasion de mettre un peu plus en lumière le personnage, encore énigmatique, de la député européenne. Et comme chaque élection entraine dans son sillage pléthore de livres politiques, des biographies enlevées aux plus arides livres programmatiques, la candidate du Mouvement démocrate à la mairie de Paris a sauté sur l'occasion et publié son premier ouvrage, Féminin Singulier : Journal.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le livre porte bien son nom, retraçant avec une pointe d'émotion le parcours d'une femme atypique, engagée en politique à une époque où celle-ci était encore très masculine. Dans cet ouvrage dont la forme est similaire à celle du journal intime, quoiqu'à mon avis plus proche de la forme d'un blog passé sur version papier, Marielle de Sarnez égraine, sur 175 pages, des éléments biographiques qu'elle mêle joyeusement à des réflexions politiques, à des anecdotes vécues ou même, parfois, à des axes de son programme pour la ville de Paris.

Écrites apparemment entre juillet et décembre 2007, les différentes notes, toutes datées, forment un ensemble confus, sorte d'Arlequin littéraire, un pot pourri sympathique sans véritable ligne directrice si ce n'est sans doute celle de révéler leur auteur et de faire passer Marielle de Sarnez de l'ombre à la lumière tout en distillant quelques scoops mineurs sur les arcanes de la vie politique et de la dernière élection présidentielle (l'organisation du débat Royal-Bayrou, l'annonce par Le Monde que Bayrou ne voterait pas pour Sarkozy...).

Car de la lumière, Marielle de Sarnez en a bien besoin. Éternel mauvais génie de François Bayrou, c'est elle qui cristallise au sein du parti toutes les tensions et tous les problèmes du nouveau Mouvement démocrate. Les dernières élections municipales à Paris furent, à ce titre, équivoques, le groupe Modem ayant à cette occasion volé en éclat, les électeurs ne permettant aux listes menées par elle de ne disposer que d'un siège au Conseil de Paris : le sien.

Finalement, et sans doute bien involontairement, sur ces 175 pages, plus que le parcours atypique d'une femme politique pas vraiment comme les autres et plus que ses anecdotes de vacances ou même son expérience politique (certains passages mettent bien en évidence le corpus idéologique du Mouvement démocrate, notamment lorsqu'elle parle de l'Ukraine, de la Birmanie ou des amendements ADN), c'est le drame de la famille centriste qui progressivement se révèle le principal intérêt du livre. En recensant les félonies et les traitrises qui ont émaillées la vie de l'UDF depuis sa création, Marielle de Sarnez pointe du doigt une longue liste de responsables (les députés ayant quitté François Bayrou en prennent pour leur grade, Hervé Morin est allègrement fustigé lorsqu'elle explique, non sans ironie, comment ce dernier a proposé au dirigeant du Modem de se vendre au PS pour conserver quelques députés) mais ne remet pas en question vraiment, voire pas du tout, ses différents choix.

Un livre à conseiller pour ceux qui veulent connaître le personnage entre gris clair et gris foncé de la dame de fer du Mouvement démocrate et pour ceux qui veulent comprendre, simplement, le centre et ses nombreuses divisions.


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Crédit photo : philippe leroyer / flickr.com